P. anal. État de l'homme avant le dĂ©veloppement de la science, des savoirs rationnels. L'homme, dans sa premiĂšre ignorance, supposa des divinitĂ©s attachĂ©es Ă  chaque phĂ©nomĂšne (C. Bernard, Introd. Ă©t. mĂ©d. exp., 1865, p. 77). Plus l'homme se dĂ©veloppe par la tĂȘte, plus il rĂȘve le pĂŽle contraire, c'est-Ă -dire l'irrationnel, le repos dans la complĂšte
mercredi 17 juillet 2019 0739 Écrit par Julie Cadilhac Par Julie Cadilhac - En 399 avant J-C, le philosophe Socrate est accusĂ© par le tribunal d’AthĂšnes d’inventer de nouveaux dieux, de troubler l’ordre de la citĂ© et de corrompre la jeunesse. Lors de son procĂšs, ce dernier, ne cherchant nullement Ă  se dĂ©fendre, invite plutĂŽt les juges Ă  rĂ©flĂ©chir sur ce qu’est la justice et sur ce que nous sommes prĂȘts Ă  lui sacrifier. Son dernier enseignement sera le suivant la mort du corps ne doit pas ĂȘtre redoutĂ©e, la corruption de l’ñme est bien davantage Ă  craindre. Il acceptera donc son sort et boira la CiguĂ« en homme libre et fidĂšle Ă  sa pensĂ©e. [bt_quote style="default" width="0"]Mettre Ă  mort pour justifier votre façon de vivre.[/bt_quote] Olivier Saccomano a Ă©crit une piĂšce intelligente. Initialement conçue pour jouer dans les lycĂ©es, sa structure usant de redondances, son Ă©criture fluide et au vocabulaire accessible, rendent le propos philosophique trĂšs intelligible. La teneur du propos en fait en outre un travail pertinent pour tous les publics. Les trois songes » successifs font intervenir sur le plateau le philosophe en personne, le politicien Alcibiade, le religieux Euthyphron et un juge. Olivier Coulon-Jablonka a imaginĂ© une mise en scĂšne dotĂ©e d’un dispositif scĂ©nographique "lĂ©ger" et adaptable aux divers lieux possibles des reprĂ©sentations. Ici, Ă  l'EntrepĂŽt Ă  Avignon, quelques chaises forment un demi-cercle Ă  l’intĂ©rieur duquel Jean-Marc Layer et Guillaume Riant s’échangent tour Ă  tour le rĂŽle de Socrate et sont simplement accompagnĂ©s de deux Ă©crans sur lesquels s’affichent en contrepoint goguenard des clins d’oeil Ă  notre contemporanĂ©itĂ©. Les deux comĂ©diens sĂ©duisent par leur complicitĂ© discrĂšte et leur jeu pĂ©tillant dans cet exercice socratique passionnant. Doxa? EpistĂ©mĂ©? Socrate n’a cessĂ© de poser des questions pour prouver les limites de notre connaissance. Je ne sais qu’une chose c’est que je ne sais rien », explique-t-il avec une sage humilitĂ©. Il faut s'efforcer de rechercher toujours la vĂ©ritĂ© pour traquer la suffisance et l’ignorance. Lorsque le procĂšs s’achĂšve, le spectateur sourit jaune Ă  l’ironie socratique qui fait Ă©cho Ă  sa rĂ©alitĂ©. Comme pour les jurĂ©s du procĂšs de cet illustre philosophe hellĂšne, aujourd’hui, sur les questions essentielles, le gouvernement ne demande pas au peuple de rĂ©pondre aux questions, dĂ© dĂ©battre
mais de simplement voter et de s’exposer au risque de laisser tous ceux qui se laissent guider par la peur de la mort, cette obscure boussole, de faire de mauvais choix. A mĂ©diter, Ă  voir et Ă  conseiller Ă  tous ceux qui aiment les piĂšces qui offrent jusqu'Ă  satiĂ©tĂ© une nourriture spirituelle de qualitĂ©. Trois songes. Un procĂšs de en scĂšne Olivier Coulon-JablonkaInterprĂštes Jean-Marc Layer, Guillaume RiantScĂ©no, Images Anne VaglioRegisseuse Marianne PelcerfCOMPAGNIE MOUKDEN THÉÂTRECOPRODUCTION THÉÂTRE DE SARTROUVILLE Dates et lieux des reprĂ©sentations - DU 5 AU 28 JUILLET 2019- RELÂCHES 9, 16, 23 JUILLET Ă  11h40 Ă  l’ENTREPÔT 1 TER BOULEVARD CHAMPFLEURY, 84000 - AVIGNON - Festival Avignon Off 2019
Laremise en question de ce qui nous est transmis dans le mensonge nous permet d’augmenter notre capacitĂ© Ă  juger et Ă  distinguer la part de vrai dans ce qui se prĂ©sente comme faux. En reconnaissant ce qui est recevable, nous sommes amenĂ©s Ă  Ă©largir notre propre connaissance de la vĂ©ritĂ©. Nous pouvons
Posts Archive recueil-sur-la-toile La vraie science est une ignorance qui se sait. More you might like jfgbd2 Votre temps est limitĂ©, donc, ne le gaspillez pas Ă  vivre la vie de quelqu’un d’autre. Ne vous laissez pas piĂ©ger par les dogmes, ce qui reviendrait Ă  vivre selon les rĂ©sultats de la pensĂ©e des autres. Ne permettez pas au bruit des opinions des autres d’étouffer votre propre voix intĂ©rieure. Et, surtout, ayez le courage de suivre votre cƓur et votre intuition. D’une certaine façon, ils savent dĂ©jĂ  ce que vous voulez vraiment devenir. Tout le reste est Jobs infirmatur21 - j'ai tendance Ă  croire qu'il y a des voix, des sourires, des rires, des mouvements, des regards, qui nous bouleversent plus que d'autres. jfgbd J'adore parler de rien, c'est le seul domaine oĂč j'ai de vagues compĂ©tences orendil “Avant j'avais peur d'ĂȘtre pas normalQuand j'vois les gens normaux j'suis fier d'ĂȘtre pas normal.”Orelsan jfgbd Mon Dieu, est-ce que les parents ont idĂ©e du fatras qu’il y a dans la tĂȘte de leurs enfants ? jfgbd Le problĂšme de l'espĂšce humaine c'est le manque d'empathie, ou plutĂŽt une empathie limitĂ©e Ă  notre cercle le plus proche. “Les animaux ne sont pas comestibles”, Martin Page, Robert Laffont, 2017, p. 30 via lesmotsquejauraisaimeecrire jfgbd Mais si le but poursuivi Ă©tait, non de rester vivant, mais de rester humain. George Orwell 1984 jfgbd On se rĂ©fugie dans le mĂ©diocre par dĂ©sespoir du beau qu'on a rĂȘvĂ©. Gustave Flaubert, l'Éducation Sentimentale. via maldoror6 jfgbd La mĂ©moire assassine le Treuer, Comme un frĂšre jfgbd Pour ĂȘtre irremplaçable, il faut ĂȘtre diffĂ©rente. 16messages ‱ Page 1 sur 1. Adrien Site Admin Messages : 23652 Inscription : 02/06/2004 - 16:58:53 02/06/2004 - 16:58:53

SociĂ©tĂ© La pandĂ©mie de Covid-19 a rendu les savants fous pour le plus grand bonheur du politique, explique notre chroniqueur Guillaume Bigot. PubliĂ© le 22 dĂ©cembre 2020 Ă  10h00 Emmanuel Macron, Olivier VĂ©ran et JĂ©rĂŽme Salomon. Photo © Bertrand GUAY / POOL / AFP La pandĂ©mie de Covid-19 est un Ă©vĂ©nement imprĂ©visible qui a pris le monde entier au dĂ©pourvu. Du jour au lendemain, il a fallu s’y adapter et prendre des dĂ©cisions dans l’urgence. C’est ainsi que naturellement, les dĂ©cideurs se sont tournĂ©s vers les mĂ©decins et les experts pour savoir quoi penser et quoi faire de ce virus inconnu. Avec un peu de recul, on rĂ©alise que les scientifiques eux-mĂȘmes ont Ă©tĂ© pris au dĂ©pourvu et que nombre d’entre eux ont abandonnĂ© ce qui fondait leur supĂ©rioritĂ©, c’est-Ă -dire, leur extrĂȘme rigueur mĂ©thodologique. On se souvient du Lancetgate oĂč l’un des meilleurs journaux mĂ©dicaux du monde s’est en partie dĂ©crĂ©dibilisĂ© en publiant une Ă©tude bidonnĂ©e uniquement destinĂ©e Ă  prouver la dangerositĂ© supposĂ©e de l’hydroxychloroquine. Un article qui a finalement Ă©tĂ© retirĂ©. Or, l’arbre du Lancetgate cache une forĂȘt d’approximations. C’est ce que tend Ă  prouver un article passionnant qui vient de paraĂźtre dans BMC Medical Research Methodology, l’une des meilleures revues de mĂ©thodologie mĂ©dicale du monde. Un consortium de chercheurs français, chinois et amĂ©ricains en Ă©pidĂ©miologie et statistiques a passĂ© au peigne fin les 11 000 Ă©tudes scientifiques consacrĂ©es Ă  la Covid pendant la premiĂšre vague pandĂ©mique. Le rĂ©sultat de leur grande Ă©tude des Ă©tudes est Ă©difiant. 30% des publications Ă©taient des preprints, c’est-Ă -dire n’ayant pas Ă©tĂ© revues par un comitĂ© de lecture. Parmi les Ă©tudes revues, 60% Ă©taient de simples lettres d’opinions, des avis ou des Ă©ditoriaux ne contenant aucune donnĂ©e. Donc, seulement 10 % des publications dans des journaux scientifiques consacrĂ©es au Covid Ă©taient vraiment scientifiques. Plus surprenant encore, 80% de ces 10 % d’études comportaient des biais importants. C’est pourtant sur le fondement de ces 11 000 Ă©tudes que des dĂ©cisions politiques et Ă©conomiques ont Ă©tĂ© prises. Le consortium de chercheurs ne vise pas Ă  dĂ©crĂ©dibiliser la recherche scientifique. Ils reconnaissent simplement que le Covid a produit une sorte d’urgence Ă  publier. Si les scientifiques ont Ă©tĂ© victimes d’un effet d’emballement, les politiques les ont peu aidĂ© Ă  rĂ©sister Ă  la pression. Lorsqu’ils sont associĂ©s Ă  la dĂ©cision, les experts tendent hĂ©las Ă  dire au pouvoir ce qu’il a envie d’entendre. C’est ce que l’on a vu, cette semaine encore, avec le rapport commandĂ© par le gouvernement, rĂ©alisĂ© par l’Institut Pasteur et pilotĂ© par le professeur Fontanet, membre du conseil scientifique. Ce rapport trĂšs attendu est consacrĂ© aux mĂ©canismes et aux lieux de transmission de la Covid. Cette Ă©tude est d’abord trĂšs questionnable sur le plan mĂ©thodologique puisqu’elle portait sur 25 640 contaminĂ©s dont Ă  peine 8 % ont rĂ©pondu Ă  l’enquĂȘte. Ensuite, elle tend notamment Ă  montrer que si la fermeture des commerces Ă©tait inutile, celle des bars et des restaurants Ă©tait parfaitement fondĂ©e. Le seul hic, c’est que les bars et les restaurants Ă©taient dĂ©jĂ  partiellement fermĂ©s lorsque l’étude a dĂ©marrĂ©e. Un obstacle balayĂ© par le professeur Fontanet qui laisse entendre qu’il y a eu des bars et restaurants ouverts de façon clandestine pendant le confinement ». Ce genre de supputations n’a, bien sĂ»r, rien de scientifique. Il est facile de faire dire Ă  une Ă©tude ce qu’elle ne dit pas. Celle-ci ne vaut souvent que par l’interprĂ©tation et la prĂ©sentation qui en est faite. Si la science, convenablement appliquĂ©e, est fiable, les scientifiques ne le sont pas toujours. La vraie science, disait Montaigne, est toujours une ignorance qui se sait. Quant aux effets de la frĂ©quentation du pouvoir, laissons la parole Ă  Jean de la Fontaine Il ne faut Ă  la cour ni trop voir, ni trop dire. » Et lorsque le pouvoir est déçu par le rĂ©sultat d’une expertise scientifique, le mieux est encore de demander Ă  l’expert de revoir sa copie afin de ne pas contredire la politique. On n’est jamais mieux servi que par soi-mĂȘme. C’est exactement ce qu’a fait le directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ©, JĂ©rĂŽme Salomon, lorsqu’il a pris connaissance des conclusions du rapport du professeur Stahl. Ce rapport, remis en aoĂ»t 2018, recommandait la reconstitution d’un stock d’un milliard de masques en cas de pandĂ©mie. Comme l’a rĂ©vĂ©lĂ© la Commission d’enquĂȘte du SĂ©nat, JĂ©rĂŽme Salomon n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  demander Ă  ce professeur au CHU de Grenoble de reformuler les conclusions de son rapport pour ne pas contredire trop ouvertement la politique gouvernementale de restriction budgĂ©taire.

Quant Ă  la science en elle-mĂȘme, ils disent que c'est ou bien la comprĂ©hension sĂ»re, ou bien une disposition dans la rĂ©ception des reprĂ©sentations qui ne se laisse pas renverser par un raisonnement. Sans la thĂ©orie dialectique, le sage ne sera pas infaillible dans le raisonnement. C'est par elle qu'il connaĂźtra parfaitement le vrai

ActualitĂ© SantĂ© SantĂ© publique Par PubliĂ© le 13/05/2013 Ă  1343 Que croire ? Et qui croire ? Maladie de la vache folle, ondes Ă©lectromagnĂ©tiques, Sras, changement climatique, gaz de schiste Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, l'Ihest vient d'Ă©diter Partager la science. L'illettrisme scientifique en question. Les controverses sont encore nombreuses aujourd'hui. Pas plus sans doute qu'elles ne l'Ă©taient dĂ©jĂ  au XIXe siĂšcle avec les polĂ©miques autour du gaz de ville, du train, de la voiture, des mĂ©dicaments... mais elles sont plus vastes, touchent plus de gens et suscitent des rĂ©actions parfois totalement interrogations du grand public, ces affrontements entre experts» envahissent les esprits et les mĂ©dias. C'est pour tenter de voir plus clair dans les rapports entre les sciences et la sociĂ©tĂ© que l'Institut des hautes Ă©tudes de science et de sociĂ©tĂ© Ihest vient de publier un ouvrage collectif regroupant plus d'une vingtaine de personnalitĂ©s venues de divers horizons, sous la coordination de Marie-Françoise Chevalier-Leguyader, la directrice de l'Ihest. La question, provocante, posĂ©e est Partager la science. L'illettrisme scientifique en question*.Dans ces pages, on comprend qu'au moins trois modes de pensĂ©e imparfaits se confrontent autour des questions de sciences et de sociĂ©tĂ© les gens n'y connaissent rien» ; on ne leur explique pas assez bien» ; on n'en sait pas assez pour ĂȘtre affirmatif». D'oĂč un profond divorce entre sciences et sociĂ©tĂ©. Des sismologues italiens n'ont-ils pas Ă©tĂ© rĂ©cemment condamnĂ©s en justice pour n'avoir pas prĂ©vu un sĂ©isme?
Perle rhĂ©torique»On reproche souvent aux scientifiques de rester dans leur tour d'ivoire ; pourtant, nombreux sont ceux qui font l'effort de vulgariser» leur science. Avec plus ou moins de bonheur, il est vrai. Les discours portant sur l'illettrisme scientifique attribuent souvent au public une ignorance sur des principes, mĂ©thodes ou rĂ©sultats scientifiques jugĂ©s importants. Mais que se passe-t-il en rĂ©gime de controverse, qu'en est-il si cette ignorance n'est pas seulement subie, mais bien activement produite?», Ă©crit ainsi le philosophe Mathias Girel, qui rappelle comment dans les annĂ©es 1950 l'industrie du tabac menait des campagnes de dĂ©sinformation pour discrĂ©diter les rĂ©sultats scientifiques prouvant la dangerositĂ© de leur prĂšs de nous, le physicien Étienne Klein affirme qu'il ne faut pas cesser de traduire l'intraduisible» et prend l'exemple de la pseudo-controverse» sur l'origine du changement climatique. Pour lui, on a pu entendre pendant des mois sur les ondes des assertions pseudo-scientifiques en apparence convaincantes, mais en rĂ©alitĂ© parfaitement fausses». Et de citer en exemple ce qu'il appelle une perle rhĂ©torique» d'un ancien ministre de l'Éducation nationale qui avait dĂ©clarĂ© Comment peut-on prĂ©tendre prĂ©voir le climat du prochain siĂšcle alors que les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques ne vont pas au-delĂ  de quelques jours?»Bien d'autres questions sont abordĂ©es dans cet ouvrage, dont celles concernant la premiĂšre Ă©ducation et sa contribution Ă  la formation et Ă  l'acquisition d'une culture scientifique. Des exemples sont donnĂ©s pour les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le BrĂ©sil, la CorĂ©e ou les pays du Maghreb. Bien des progrĂšs sont encore Ă  rĂ©aliser.* Partager la science. L'illettrisme scientifique en question». Éditions Actes Sud/Ihest.

Cest une maniĂšre de dire que c’est la cata absolue. Ça parle de notre Ă©poque, de la vitalitĂ© de la langue française, des expressions qui se
RĂ©sumĂ© Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s Dans ses Ɠuvres morales L’Expulsion de la bĂȘte triomphante, La Cabale du cheval pĂ©gasĂ©en, Giordano Bruno se livre Ă  une confrontation trĂšs approfondie avec la thĂ©ologie luthĂ©rienne et augustinienne. Plus spĂ©cifiquement, G. Bruno remet en question la notion d’ordre, en opposant au Dieu transcendant et personnel de la tradition chrĂ©tienne la divinitĂ© immanente et productrice de toutes les choses dans l’univers infini. Il parvient ainsi Ă  la formulation d’une anthropologie problĂ©matique », selon laquelle l’homme n’occupe qu’une place pĂ©riphĂ©rique et excentrĂ©e dans l’ordre infini des choses. Par lĂ  mĂȘme, la philosophie de Bruno se prĂ©sente comme une entreprise thĂ©orique dont la collocation Ă©pochale se situe en mĂȘme temps entre les frontiĂšres de la Renaissance et du Baroque. In his moral works Expulsion of the Triumphant Beast, The Caballa of the Pegasean Horse, Giordano Bruno grapples very thoroughly with the Lutheran and Augustinian theologies. More specifically, he questions the notion of order by pitting agains the personal, transcendent God of the Christian tradition an immanent divinity that generates all things in an infinite universe. He thus propounds a problematical » anthropology according to which man only occupies a marginal and off-centre place in the infinite order of things. Bruno’s philosophy therefore presents itself as a theoretical project appertaining both to the Renaissance and the Baroque de page Texte intĂ©gral 1 Cf. Hans Blumenberg, La LĂ©gitimitĂ© des temps modernes, Paris, Gallimard, 1999, pp. 543-545. 1Dans un ouvrage dĂ©sormais classique et Ă  maints Ă©gards magistral, La lĂ©gitimitĂ© des temps modernes, Hans Blumenberg affirme que Giordano Bruno et Nicolas de Cuse, "ne font pas Ă©poque, aucun n’est fondateur d’une Ă©poque. Et cependant tous deux se distinguent par la relation qu’ils ont face au seuil d’une Ă©poque. La spĂ©cificitĂ© de leurs systĂšmes est fondĂ©e sur la façon dont ils sont ordonnĂ©s au seuil d’époque. La diffĂ©rence la plus significative entre les deux maniĂšres de se rapporter au seuil d’une Ă©poque se trouve dans les positions de deux mĂ©taphysiciens spĂ©culatifs face aux questions liĂ©es Ă  la rĂ©forme copernicienne. Ce qu’il y a de prĂ©copernicien chez Nicolas de Cuse, dans la mesure oĂč ce n’est pas encore moderne, est tout aussi spĂ©cifique de son systĂšme de pensĂ©e que l’est, chez Bruno, ce qu’il y a de postcopernicien, dans la mesure oĂč il ne s’agit pas lĂ  d’un assentiment pur et simple Ă  une thĂ©orie astronomique, mais de la volontĂ© de l’élever au rang de fil directeur de la mĂ©taphysique cosmologique et anthropologique. Tous deux, le Cusain comme le Nolain, ont leurs arriĂšre pensĂ©es inexprimĂ©es. Ce qui les distingue, ce n’est pas le degrĂ© d’inexprimĂ© mais le degrĂ© d’indicible, ou plus prĂ©cisĂ©ment encore le lien qu’ils entretiennent avec la possibilitĂ© de "mettre quelque chose en langage". Que, pour l’un, ait encore Ă©tĂ© possible ce qui devait devenir irrĂ©alisable pour l’autre – la conciliation des opposĂ©s comme principe du monde, reprĂ©sentĂ©e par le salut dans l’incarnation, ce n’était pas lĂ  une affaire de diffĂ©rence de foi ou de capacitĂ© Ă  assumer le destin, c’était la diffĂ©rence entre ce qui Ă©tait encore historiquement possible et ce qui ne l’était plus"1. 2Selon H. Blumenberg, ce qui est dĂ©sormais indicible chez Bruno est la puissance transcendante d’un Dieu se rĂ©vĂ©lant dans le monde. Blumenberg appelle cela la prise en compte de l’autoĂ©puisement de la puissance infinie de Dieu dans l’univers infini. La puissance infinie de Dieu ne demeure pas une possibilitĂ©, en partie inexprimĂ©e et toujours exprimable par une libre dĂ©cision du crĂ©ateur — elle s’est complĂštement et totalement affirmĂ©e dans l’univers infini. Ce qui entraĂźne deux consĂ©quences l’impossibilitĂ© de la christologie — de l’Incarnation de la puissance divine Ă  un moment donnĂ© de l’histoire du monde — et une anthropologie problĂ©matique, c’est-Ă -dire la difficultĂ©, intrinsĂšque Ă  la conception de l’autoĂ©puisement de la puissance divine dans l’univers infini, de fournir une dĂ©finition cohĂ©rente et stable de la nature humaine. 3Je voudrais ici m’interroger sur ce que H. Blumenberg appelle la possibilitĂ© de "mettre quelque chose en langage" de la part d’un philosophe, autrement dit je voudrais mettre en Ă©vidence le degrĂ© d’indicibilitĂ© qui caractĂ©rise la pensĂ©e de G. Bruno. Je voudrais ainsi essayer de comprendre ce que la langue philosophique de Bruno ne peut plus "dire" Ă  partir prĂ©cisĂ©ment du seuil d’époque constituĂ© par la rĂ©forme copernicienne. C’est en effet dans cet "indicible", et non pas dans cet "inexprimable", qui se trouve probablement la collocation Ă©pochale de Bruno et par lĂ  mĂȘme la possibilitĂ© de dĂ©terminer la signification des catĂ©gories de "Baroque" et de "Renaissance". 2 Cf. Michele Ciliberto, La ruota del tempo. Interpretazione di Giordano Bruno, Rome, Editori Riuniti ... 3 Cf. Ă  ce sujet, Alfonso Ingegno, La sommersa nave della religione. Studio sulla polemica anticristi ... 4Dans ce contexte, il est sans doute intĂ©ressant d’analyser la problĂ©matisation brunienne de l’anthropologie par rapport Ă  une question prĂ©cise, renvoyant Ă  la notion thĂ©ologique d’ordre. L’analyse de cette notion permet de comprendre le rapport que la philosophie de Bruno entretient avec une certaine thĂ©ologie spĂ©culative, en particulier celle de saint Augustin. Pour illustrer cette problĂ©matique, il convient de se rapporter aux Ɠuvres morales de Bruno et plus spĂ©cifiquement Ă  la Cabale du cheval pĂ©gasĂ©een. C’est en effet dans cet ouvrage que Bruno se livre Ă  une confrontation approfondie avec la pensĂ©e de saint Augustin2. La Cabale est publiĂ©e Ă  Londres en 1585, un an aprĂšs l’Expulsion de la bĂȘte triomphante, et elle fait partie des Ɠuvres "italiennes" du philosophe. Dans l’Expulsion de la bĂȘte triomphante et dans la Cabale du cheval pĂ©gasĂ©en, G. Bruno se propose de dĂ©finir les principes d’une rĂ©forme philosophique et morale de grande envergure, permettant Ă  l’humanitĂ© de s’émanciper de la religion chrĂ©tienne, et notamment de la religion chrĂ©tienne dans sa forme extrĂȘme et "dĂ©cadente" le protestantisme de Calvin et de Luther. Bruno tente dans ces deux Ɠuvres de rĂ©pondre Ă  ce qu’il considĂšre comme une condition de crise profonde affectant l’Europe de la fin du XVIe siĂšcle une crise religieuse, philosophique, politique, Ă©conomique et sociale. C’est dire que Bruno cherche d’abord Ă  Ă©lucider les causes des guerres de religions3. 4 Cf. M. A. Granada, Giordano Bruno. Universo infinito, uniĂłn con Dios, perfecciĂłn del hombre, Barcel ... 5Dans l’Expulsion de la bĂȘte triomphante, Bruno met en lumiĂšre les causes de cette crise qui affecte l’Europe de son temps la cause premiĂšre, et sans doute la plus importante, rĂ©side dans la destruction, opĂ©rĂ©e par le Christianisme, du lien entre la Nature et la divinitĂ©. Avec la victoire de la religion chrĂ©tienne, Dieu s’est Ă©loignĂ© de la nature. C’est-Ă -dire que la religion chrĂ©tienne est la religion de la sĂ©paration et en mĂȘme temps de la soumission de la Nature au pouvoir transcendant d’un Dieu crĂ©ateur. En termes philosophiques, la "puissance absolue" de Dieu soumet la nature en vertu de sa "puissance ordonnĂ©e", et cette soumission lĂ©gitime le retrait de Dieu de la nature. La nature est ainsi privĂ©e de la vie divine, et elle devient par consĂ©quent une rĂ©alitĂ© complĂštement inanimĂ©e. Aux yeux de Bruno, cette sĂ©paration entre Dieu et la nature est davantage aggravĂ©e par la mĂ©diation christique ; le Christ reprĂ©sente en effet la lĂ©gitimation dĂ©finitive de cette sĂ©paration. La nature constitue ainsi la seule et unique mĂ©diation entre Dieu et les hommes4. 5 Cf. Michele Ciliberto, Giordano Bruno, Rome-Bari, Laterza, 1992. 6Cette rupture entre la nature et la divinitĂ© est accentuĂ©e par les protestants, notamment avec la thĂ©orie luthĂ©rienne de la grĂące. Cette thĂ©orie reprĂ©sente en effet pour Bruno le triomphe de l’inactivitĂ©, le refus de s’engager dans la connaissance naturelle et dans la pratique Ă©thico-politique. Pour surmonter la crise et pour expulser la "bĂȘte triomphante" de la culture europĂ©enne, il s’agit d’instituer une nouvelle religion naturelle, calquĂ©e sur le modĂšle de la religion naturelle des Ă©gyptiens. La vraie religion est la religion naturelle, la religion philosophique qui permet de crĂ©er, Ă  partir du lien originaire entre Dieu et la nature, de nouveaux liens de civilisation et de progrĂšs entre les hommes. Il s’agit en dĂ©finitive de la "religion naturelle" de l’effort et de l’activitĂ© — de la vertu machiavĂ©lienne. Le modĂšle de la vertu machiavĂ©lienne trouve ainsi sa lĂ©gitimitĂ© dans la religion naturelle comme condition de possibilitĂ© de la religion civile, la seule en mesure de rĂ©former et de remplacer la fausse reforme des rĂ©formĂ©s5. 6 Giordano Bruno, La Cabale du cheval pĂ©gasĂ©en, in ƒuvres complĂštes, t. VI, Paris, Les Belles Lettres ... 7 Bruno, OC, VI, p. 60. 7Dans la Cabale, Bruno approfondit davantage ces problĂ©matiques, mais selon une perspective qui Ă  premiĂšre vue renverse tous les solutions exposĂ©es dans l’Expulsion. Dans le Premier Dialogue de l’Ɠuvre, Bruno reconnaĂźt la valeur de l’ignorance et de l’asinitĂ©, c’est-Ă -dire de la passivitĂ© et de l’oisivetĂ©. Il affirme en effet que "savoir, c’est ignorer"6, et que la vraie sagesse consiste dans la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ© par l’ignorance. C’est dire que dans ce premier dialogue, Bruno reprend la thĂšse cĂ©lĂšbre de la docte ignorance formulĂ©e par Nicolas de Cuse. C’est dans cette optique cusanienne que Bruno fait l’éloge de l’ignorance comme non-savoir indispensable Ă  la saisie, partielle et limitĂ©, de la vĂ©ritĂ© divine. Le savoir humain de la divinitĂ© ne peut ĂȘtre qu’ignorance. C’est pourquoi selon Bruno l’asinitĂ© possĂšde un caractĂšre cĂ©leste ou cabalistique il faut en effet que les hommes imitent et deviennent comme les Ăąnes qui, pour les cabalistes, sont les symboles de la sagesse divine. En s’appuyant notamment sur le De occulta philosophia d’Agrippa, Bruno affirme que "si l’ñne est bien le symbole de la sagesse dans les Sefirot divins, c’est parce que celui qui veut pĂ©nĂ©trer les secrets et les refuges cachĂ©s de cette sagesse doit nĂ©cessairement faire mĂ©tier d’ĂȘtre sobre et patient, avoir museau, tĂȘte et dos d’ñne"7. 8 Ibid., p. 74-76. 9 Ibid., p. 82. 8Dans cette perspective, Bruno Ă©numĂšre les genres possibles d’ignorance ou d’asinitĂ©. Il existe par exemple l’ignorance des thĂ©ologiens mystiques celle de Denys l’ArĂ©opagite, celle des sceptiques pyrrhoniens ou encore celle des thĂ©ologiens chrĂ©tiens, "parmi lesquels l’homme de Tarse l’a d’autant plus magnifiĂ©e qu’elle passe par une trĂšs grande folie auprĂšs de tout le monde"8. C’est prĂ©cisĂ©ment dans le cadre de l’analyse de l’asinitĂ© thĂ©ologique chrĂ©tienne que Bruno cite saint Augustin. "Le savant Augustin, tout enivrĂ© par ce divin nectar, tĂ©moigne dans ses Soliloques que l’ignorance, plutôt que la science, nous conduit Ă  Dieu, et que la science, plutôt que l’ignorance, fait notre perte. Pour figurer cela, il veut que le rĂ©dempteur du monde soit entrĂ©e dans JĂ©rusalem grĂące aux jambes et aux pieds des Ăąnes, signifiant par anagogie dans la citĂ© militante ce qui doit s’avĂ©rer dans la citĂ© triomphante"9. 9À la fin du premier dialogue, Augustin reprĂ©sente aux yeux de Bruno le modĂšle thĂ©ologique incarnant parfaitement la docte ignorance, celui pour lequel "il ne saurait y avoir au monde de meilleure contemplation que celle qui nie toute science". En ce sens, la morale augustinienne, fondĂ©e sur le refus de la curiositas et sur l’acceptation de la part de l’homme de son ignorance essentielle devant l’immensitĂ© divine, dĂ©signe la pratique la mieux adaptĂ©e pour parvenir au salut et Ă  l’obtention de la grĂące. Pour accĂ©der au royaume des cieux, il faut que les hommes deviennent des Ăąnes — c’est-Ă -dire des ignorants. Ce n’est qu’en imitant l’ñne cabalistique que les hommes peuvent parvenir au salut et gagner ainsi l’immortalitĂ©. Bruno entend par lĂ  souligner le fait que la connaissance humaine de la divinitĂ© n’est jamais totale — elle est toujours "compliquĂ©e" par l’ignorance, par l’ombre et la similitude, par le jeu complexe des conjectures. 10Dans le DeuxiĂšme dialogue de la Cabale, Bruno change visiblement de problĂ©matique, sans pour autant dĂ©laisser la rĂ©fĂ©rence Ă  l’asinitĂ©. Bruno y dĂ©crit en effet les vicissitudes d’un Ăąne volant ou cheval pĂ©gasĂ©en au nom d’Onorio — c’est-Ă -dire d’un Ăąne cĂ©leste, qui passe Ă  travers diffĂ©rentes rĂ©incarnations, dont celle d’un Ăąne concret, d’un philosophe sceptique et mĂȘme d’Aristote. Bruno se sert ici du mythe pythagoricien de la mĂ©tempsycose comme modĂšle fictif et littĂ©raire pour illustrer son propos. Que montre le cycle des diffĂ©rentes rĂ©incarnations du cheval pĂ©gasĂ©en ? En d’autres termes que dĂ©couvre l’ñne Onorio au fil des diffĂ©rents passages sur terre en tant que bĂȘte Ăąne concret et homme ? 10 Ibid, p. 92-94. Qu’à partir de la mĂȘme matiĂšre corporelle se font tous les corps et de la mĂȘme substance spirituelle se font tous les esprits. [Par consĂ©quent] que l’ñme de l’homme n’est pas diffĂ©rente en substance de celle des bĂȘtes. L’ñme de l’homme est semblable par son essence spĂ©cifique et gĂ©nĂ©rique Ă  celle des mouches, des huĂźtres marines, des plantes et de tout ce qui est animĂ© ou a une Ăąme comme il n’est pas de corps qui, avec plus ou moins de vivacitĂ© et de perfection, n’ait communication d’esprit en lui-mĂȘme. Or cet esprit, par destin, providence, ordre ou fortune, vient Ă  se joindre tantôt Ă  une espĂšce de corps, tantôt Ă  une autre ; et, en fonction de la diversitĂ© des complexions et des membres, il vient Ă  acquĂ©rir diffĂ©rents degrĂ©s et perfections de l’esprit et d’opĂ©rations. De lĂ  rĂ©sulte que cet esprit, ou cette Ăąme, qui Ă©tait dans l’araignĂ©e et y avait une certaine industrie, ces griffes et ces membres en tel nombre, quantitĂ© et forme, ce mĂȘme esprit, une fois atteinte la gĂ©nĂ©ration humaine, acquiert une autre intelligence, d’autres instruments, aptitudes et 11 Ibid., VI, p. 96. Sur la mĂȘme problĂ©matique, cf. ibidem, p. 26. 11VoilĂ  le premier enseignement de l’ñne cĂ©leste dans l’ordre productif de la nature, les hommes ne possĂšdent aucune supĂ©rioritĂ© intellectuelle sur les bĂȘtes. L’ñme appartient en effet Ă  toutes les espĂšces vivantes, car tous les ĂȘtres vivants sont dotĂ©s d’intellect. Bruno affirme mĂȘme "qu’il est possible que beaucoup d’animaux puissent avoir plus d’esprit et un intellect bien plus Ă©clairĂ©s que l’homme"11. L’homme appartient ainsi Ă  l’ordre de la nature, tant du point de la substance spirituelle que de la substance corporelle. De ce point de vue, il ne constitue pas une exception ontologique. Selon Bruno, en effet, si l’homme, avec son esprit, pouvait se mĂ©tamorphoser en serpent, il deviendrait serpent Ă  tous les effets. 12Qu’est-ce qui constitue par consĂ©quent la spĂ©cificitĂ© de la nature humaine ? 12 Ibid., p. 96-98. Pour te persuader que c’est la vĂ©ritĂ©, considĂšre les choses d’un peu plus prĂšs et imagine par toi-mĂȘme ce qu’il arriverait si l’homme avait deux fois plus d’esprit, si l’intellect agent brillait en lui beaucoup plus clairement qu’il ne brille et si, de surcroĂźt, ses mains se trouvaient transformĂ©es en deux pieds, tout le reste demeurant dans son intĂ©gritĂ© ordinaire ; dis-moi oĂč pourrait subsister la relation entre les hommes ? OĂč seraient les institutions de doctrine, les inventions de discipline, les congrĂ©gations des citoyens, les structures des Ă©difices et tant d’autres choses qui sont les signes de la grandeur et de l’excellence humaines et qui font de l’homme le triomphateur vĂ©ritablement invaincu des autres espĂšces ? Tout cela, Ă  y regarder de prĂšs, ne renvoie pas tant Ă  ce qu’il dicte l’esprit qu’à ce que dicte la main, organes des organes12. 13 Voir Arisote, De Anima, III, 8, 432 a 1, Paris, GF Flammarion, 1993, p. 239 "L’ñme ressemble Ă  la ... 13Bruno rĂ©interprĂšte ici la cĂ©lĂšbre dĂ©finition aristotĂ©licienne de la main comme organe des organes13 Ă  la lumiĂšre d’une problĂ©matique qui le conduit Ă  la dĂ©finition de ce qu’on pourrait appeler une "anthropologie organique ». Quels sont les caractĂšres d’une telle anthropologie ? 14 Cf. Nicola Badaloni, Giordano Bruno. Tra cosmologia e etica, Bari-Rome, De Donato, 1988. 14D’abord, c’est le fait que l’homme ne possĂšde aucune supĂ©rioritĂ© intellectuelle et aucune dignitĂ© morale dans l’ordre naturel des choses. Ce n’est pas l’ñme ou les Ăąmes qui façonnent la nature humaine. Cette nature est en rĂ©alitĂ© dĂ©terminĂ©e par un organe spĂ©cifique, par la main, car c’est la conformation organique du corps qui dĂ©signe l’appartenance Ă  une espĂšce vivante. Comment l’homme, cette "nature" dotĂ©e d’une main, peut-il acquĂ©rir une dignitĂ© morale dans l’ordre de la nature, comment peut-il devenir le triomphateur vĂ©ritablement invaincu des autres espĂšces ? À travers la connaissance naturelle et la pratique, c’est-Ă -dire en construisant des liens de civilisation. C’est par la constitution de ces liens complexes que l’esprit de l’homme acquiert sa spĂ©cificitĂ©, c’est donc par l’usage de l’organe de la main que l’esprit de l’homme peut rĂ©ellement se dĂ©velopper. La nature humaine parvient ainsi Ă  la possession de sa puissance — cognitive et pratique — Ă  partir de l’usage de l’organe qui dĂ©signe son appartenance spĂ©cifique Ă  l’ordre naturel des ĂȘtres. Cela signifie que la perfection de cette nature se fonde sur les processus d’interaction perpĂ©tuels entre l’activitĂ© humaine et son milieu — c’est-Ă -dire ce qu’il rĂ©sulte de sa pratique. Bruno ne reconnaĂźt Ă  l’homme aucune dignitĂ© naturelle, mais, en mĂȘme temps, c’est prĂ©cisĂ©ment en vertu de cette dĂ©substantialisation de la nature humaine qu’il lĂ©gitime sa dignitĂ© morale Ă  partir de l’effort cognitif et de l’activitĂ©14. 15 Bruno, OC, VI, p. 112. 15Quels sont les autres enseignements qu’Onorio a tirĂ©s de ses voyages et des rĂ©incarnations sur la terre. Qu’est-ce que le cheval pĂ©gasĂ©en a appris lorsqu’il est incarnĂ© en Aristote ou en philosophe sceptique ? Il a appris que ces philosophes et ces philosophies ont dĂ©truit la philosophie naturelle — la vraie connaissance des mĂ©tamorphoses naturelles. Bruno considĂšre ainsi Aristote comme Ă©tant le principal responsable de la fin de la philosophie naturelle. Voici en effet ce qu’affirme l’ñne Onorio incarnĂ© en Aristote "C’est Ă  cause de moi que la science naturelle et divine s’est Ă©teinte, tout en bas de la roue, alors qu’elle avait connu son apogĂ©e au temps des ChaldĂ©ens et des pythagoriciens"15. 16Ce qui est encore plus grave aux yeux de Bruno est le fait que les hommes ont acceptĂ© ces philosophies d’une maniĂšre complĂštement passive et sans les remettre en question. Les hommes, nourris d’aristotĂ©lisme et de scepticisme, sont devenus rĂ©ellement des bĂȘtes, des Ăąnes Ă  part entiĂšre ; ils renoncent Ă  connaĂźtre et ils ne dĂ©sirent plus connaĂźtre, car ils estiment que toute forme de savoir est dĂ©sormais impossible. Ainsi leur science prĂ©sumĂ©e n’est qu’ignorance de la nature, c’est-Ă -dire ignorance du cycle infini de la mĂ©tamorphose des ĂȘtres, de l’ordre Ă©ternel de la vicissitude. 16 Voir A. Ingegno, "L’Expulsion de la bĂȘte triomphante. Une mythologie moderne", in Mondes, formes et ... 17La Cabale du cheval pĂ©gasĂ©en s’achĂšve prĂ©cisĂ©ment sur cette problĂ©matique, rĂ©sumĂ©e par A. Ingegno en ces termes "Comment rĂ©aliser la coĂŻncidence entre une ignorance qui se reconnaĂźt comme savoir suprĂȘme et un savoir qui finit par se rĂ©vĂ©ler comme une pure et simple ignorance" ?16. Autrement dit comment connaĂźtre la nature suivant les principes de la philosophie naturelle ou de la docte ignorance ? 17 Voir Ingegno, "L’Expulsion de bĂȘte triomphante. Une mythologie moderne", op. cit., p. 83. 18La rĂ©ponse se trouve dans l’appendice Ă  la Cabale, dans un texte trĂšs court, trĂšs cryptĂ© et trĂšs cryptique, intitulĂ© L’ñne cillĂ©nique ou l’ñne de Mercure. L’ñne de Mercure est celui qui conjugue la science et l’ignorance, celui qui sait que la divinitĂ© est dans les choses mais qu’elle ne sera jamais connue en raison de son infinitĂ©. Mais comment fait-il pour possĂ©der cette docte ignorance ? RĂ©ponse parce qu’il est Ă  la fois homme et bĂȘte, parce qu’il est un Ăąne avec des mains. L’ñne de Mercure est l’homme qui sait et qui n’oublie pas qu’il aussi animal, et c’est en vertu de cette connaissance et de cette mĂ©moire qu’il peut connaĂźtre et trouver la divinitĂ© dans les choses. L’"homme-Ăąne" ne prĂ©tend pas abandonner l’ordre naturel des choses, parce qu’il sait qu’il appartient nĂ©cessairement Ă  cet ordre. En effet, "l’ñne de Mercure possĂšde les attributs de l’animal et de l’homme, en conservant ce que les hommes ont d’humain sans rien perdre de ce qu’ils ont d’animal"17. 19Ce n’est donc qu’à la fin que le sens de tout l’ouvrage s’éclaire. Pourquoi Bruno s’oppose-t-il au Christianisme ? Parce que le Christianisme a brisĂ© le lien entre la nature et la divinitĂ©, en brisant Ă©galement le lien entre l’ignorance et la vĂ©ritĂ©, donc entre l’homme et l’animal. Le christianisme a progressivement convaincu les hommes qu’ils ne sont que des Ăąnes ce qui est vrai mais il les a aussi persuadĂ©s Ă  rester des Ăąnes en les empĂȘchant de devenir des hommes. La religion chrĂ©tienne a rendu non seulement les hommes oisifs et incapables d’agir, mais elle les aussi transformĂ©s en des Ăąnes concrets, c’est-Ă -dire qu’elle les a rendu complĂštement et rĂ©ellement ignorants. Les hommes sont devenus des "bĂȘtes" dont le seul organe qui fonctionne est l’oreille, nĂ©cessaire pour Ă©couter les ordres d’un Dieu ineffable, qu’ils ne pourront d’ailleurs jamais comprendre. En ce sens, l’ñne chrĂ©tien ne sait pas "lier" la connaissance des choses naturelles Ă  la pratique, Ă  l’activitĂ© finalisĂ©e au bien public et au dĂ©veloppement de la civilisation. 18 Bruno, OC, VI, p. 34. 20En effet, "ce sont les sots de ce monde qui ont fondĂ© la religion, les cĂ©rĂ©monies, la loi, la foi et la rĂšgle de vie. Les plus grands Ăąnes du monde ceux qui, privĂ©s de tout autre sentiment et de toute doctrine, dĂ©pourvus de toute vie sociale et de toute coutume civile, pourrissent dans l’éternelle pĂ©danterie sont ceux qui, par la grĂące du ciel, rĂ©forment la foi souillĂ©e et corrompue [...] ; ce ne sont pas ceux qui, plein d’une curiositĂ© impie, vont ou allĂšrent jamais poursuivre les arcanes de la nature et calculer les vicissitudes des Ă©toiles"18. 19 Ibid., p. 38. 21Non seulement la religion chrĂ©tienne a Ă©tĂ© fondĂ©e par des sots et par des Ăąnes, mais ceux qui prĂ©tendent aujourd’hui la rĂ©former sont doublement sots et ignorants. Ce qui est de toute maniĂšre clair pour Bruno est le fait que les fondateurs de la religion chrĂ©tienne sont "les pauvres d’esprit, les petits enfants, ceux dont les discours sont puĂ©rils ; ceux qui, par mĂ©pris du monde, ont banni tout soin du corps et de la chair qui entoure leur Ăąme, cette chair dont ils se sont dĂ©pouillĂ©s, qu’ils ont piĂ©tinĂ©e et jetĂ©e Ă  terre, pour faire passer plus glorieusement et triomphalement l’ñnesse de son cher Ăąnon"19. 22C’est prĂ©cisĂ©ment dans le cadre de cette problĂ©matique que Bruno s’oppose Ă  saint Augustin. En effet, Augustin reprĂ©sente pour Bruno le modĂšle de l’asinitĂ© chrĂ©tienne. Pourquoi Augustin reprĂ©sente-t-il ce modĂšle ? Parce qu’Augustin et Bruno Ă©laborent deux conceptions diffĂ©rentes de l’ordre naturel en confĂ©rant par lĂ  mĂȘme un sens et un statut diffĂ©rents Ă  la puissance humaine et aux formes multiples de son affirmation. 20 Cf. Saint Augustin, Les Confessions, livre X ; sur la diffĂ©rence entre "amour d’usage" et "amour de ... 23Pour Augustin, l’ordre de la crĂ©ation se dĂ©ploie en effet selon la logique de la hiĂ©rarchie qui va du crĂ©ateur suprĂȘme jusqu’aux plus petites crĂ©atures en passant par l’homme. Dans cette hiĂ©rarchie, l’homme occupe une place privilĂ©giĂ©e il est au-dessus de toutes les autres crĂ©atures et au-dessous de son crĂ©ateur. Il ne peut donc agir que dans les marges de cette nĂ©cessitĂ© ordonnĂ©e. C’est lĂ  le fondement de la morale augustinienne, synthĂ©tisĂ©e par la dialectique entre l’amour de jouissance et l’amour d’usage. L’équilibre entre ces deux amours ouvre la possibilitĂ© de la morale augustinienne, comme morale de la libertĂ© et du choix ultime entre le bien et le mal, appartenant toujours Ă  l’homme. On sait que cet Ă©quilibre, Ă  lui seul, ne suffit pas pour parvenir au salut – la grĂące Ă©tant la condition ultime pour la rĂ©alisation de cette possibilitĂ©20. 24Chez Bruno, en revanche, on retrouve trois types d’ordre 21 Cf. L. Salza, MĂ©tamorphose de la physis. Giordano Bruno infinitĂ© des mondes, vicissitude des chos ... l’ordre nĂ©cessaire de production naturelle, qui s’explique comme nĂ©cessitĂ© de la vicissitude des choses. La nature s’exprime comme matiĂšre et comme pensĂ©e, mais tandis que la pensĂ©e demeure toujours la mĂȘme intellect agent universel, la matiĂšre s’individualise en des corps, et c’est cette individuation corporelle, dĂ©finie par la spĂ©cificitĂ© des organes, qui permet de diffĂ©rencier les espĂšces vivantes. Cette individuation organique est le rĂ©sultat de mĂ©tamorphose, de l’ordre nĂ©cessaire et Ă©ternel des vicissitudes naturelles. L’homme est le produit de cet ordre. Il s’agit d’un point crucial en reprenant la philosophie naturelle de LucrĂšce, Bruno dĂ©veloppe une ontologie de l’appartenance des ĂȘtres finis au mĂȘme ordre des choses, mais cette appartenance n’implique nullement une uniformitĂ© et une indistinction ; il ne s’agit pas d’un ordre uniforme mais d’un ordre multiforme — celui de la mĂ©tamorphose21. L’ordre des espĂšces naturelles, qui dĂ©pend de la conformation des organes. L’homme ne possĂšde aucune destinĂ©e prĂ©fixĂ©e dans cet ordre des espĂšces ; il peut en revanche s’en construire une par la pratique, c’est-Ă -dire par l’usage de l’organe, la main, qui dĂ©finit son principe d’individuation. Dans l’ordre d’appartenance Ă  la mĂ©tamorphose, il existe des points d’individuation qui sont dĂ©terminĂ©s par les spĂ©cifications de la matiĂšre, par la formation des organes. C’est le cycle infini de la mĂ©tamorphose qui produit les organes, donc les individus. Bruno dĂ©veloppe une vĂ©ritable anthropologie de l’organe en effet, du point de vue de l’esprit, l’homme est Ă©gal Ă  une huĂźtre ou Ă  un serpent. C’est sans doute ici que rĂ©side le noyau vĂ©ritable de la pensĂ©e antichrĂ©tienne de Bruno. À la lumiĂšre de ces prĂ©supposĂ©s, il est Ă©vident que l’opposition entre Bruno et Augustin concerne en particulier la dĂ©finition d’une anthropologie fondamentale pour Bruno, la notion de nature humaine n’est jamais prĂ©dĂ©terminĂ©e, elle n’appartient pas Ă  un ordre hiĂ©rarchique — car l’ordre naturel de production des ĂȘtres n’est aucunement hiĂ©rarchique. 22 Cette thĂ©matique Ă©tait dĂ©jĂ  au centre de l’Expulsion de la bĂȘte triomphante. L’ordre mondain qui peut dĂ©river de l’utilisation de ces configurations corporelles ; il s’agit de l’ordre de la morale. Or il est clair que c’est la dĂ©termination de la place, de la fonction et de la finalitĂ© de la nature humaine dans l’ordre naturel des choses qui permet de trouver les principes de la morale. Que se passe-t-il en effet lorsque une Ăąme s’incarne en un homme ? C’est-Ă -dire que l’homme doit-il faire avec son corps, avec l’individuation corporelle que l’ordre de la mĂ©tamorphose naturelle lui a octroyĂ© ? Il se trouve face Ă  deux possibilitĂ©s ou rester dans l’ignorance, rester un Ăąne, comme les chrĂ©tiens, les aristotĂ©liciens et les sceptiques ou bien dĂ©velopper toutes les potentialitĂ©s inhĂ©rentes Ă  sa nature et Ă  son corps, comme l’ñne de Mercure. On retrouve ici la thĂ©matique de l’Expulsion mĂȘme dans l’ordre nĂ©cessaire de la vicissitude universelle des choses, l’homme peut construire un ordre humain22. 25Mais il s’agit d’une possibilitĂ© et non pas d’une nĂ©cessitĂ© inscrite dans l’essence de la nature humaine. La preuve en est que les animaux sont probablement meilleurs que les hommes du point de vue de l’intelligence naturelle. Ce que nous avons en plus par rapport aux animaux n’est rien d’autre que la conformation de notre corps – la possibilitĂ© d’utiliser la main. C’est donc par la pratique et par la connaissance que nous pouvons constituer un ordre humain et dĂ©finir ainsi les principes d’une morale conforme Ă  notre propre puissance organique. 26Ainsi, la morale de Bruno prĂ©suppose nĂ©cessairement son anthropologie organique mais elle prĂ©figure Ă©galement les stratĂ©gies de son dĂ©passement culturel le corps que nous sommes peut nous permettre de construire et d’inventer des formes de vie pouvant excĂ©der l’ordre nĂ©cessaire de la nature. C’est lĂ  que rĂ©side la possibilitĂ©, toujours incertaine, de dĂ©terminer les formes de la libertĂ© humaine. La morale brunienne est la morale qui rĂ©unit la vĂ©ritĂ© et l’ignorance, la connaissance et l’asinitĂ©. Il s’agit de la morale de la docte ignorance. 27C’est dans cette optique que Bruno interprĂšte quatre Ă©pisodes de la Bible d’une maniĂšre totalement contraire Ă  l’hermĂ©neutique chrĂ©tienne et en l’occurrence augustinienne. 23 Bruno, OC, VI, p. 40. Le Paradis terrestre est une condition d’ignorance et d’asinitĂ© et non pas de perfection anthropologique23. Il ne s’agit donc pas pour les hommes de retrouver la condition du Paradis terrestre mais au contraire de s’en Ă©loigner le plus possible, l’état d’innocence naturelle Ă©tant le vĂ©ritable Ă©tat d’ignorance de l’humanitĂ©. Or c’est prĂ©cisĂ©ment cet Ă©tat d’innocence que les protestants prĂ©tendent restaurer — en invoquant un rapport direct entre le crĂ©ateur et la crĂ©ature. 24 Ibid., OC, VI, p. 80. 25 Ibid., OC, VI, p. 32. Le geste d’Adam volant le fruit dĂ©fendu de l’arbre de la science est un acte de courage, comparable Ă  celui de PromĂ©thĂ©e24. Pour Bruno, en effet, l’orgueil est la vĂ©ritable passion de la connaissance "l’orgueil, qui s’enhardit Ă  lever la tĂȘte vers le ciel, a Ă©tĂ© bel et bien dĂ©racinĂ© car Dieu a Ă©lu les choses sans force pour confondre les choses du monde"25. L’orgueil n’est donc pas le pĂ©chĂ© qui nous Ă©loigne de Dieu mais la premiĂšre vertu nous permettant de retrouver Dieu dans les choses. En ce sens, le pĂ©chĂ© originel ne peut pas exister, car ce pĂ©chĂ© prĂ©suppose prĂ©cisĂ©ment un ordre supĂ©rieur auquel l’homme est destinĂ© par nature. En revanche, pour Augustin, nous n’avons pas le droit de rester Ă  l’état animal, parce que notre nature appartient Ă  un ordre supĂ©rieur. Mais nous devons nous Ă©manciper de cette condition sans orgueil, c’est-Ă -dire en restant humble, en faisant preuve d’humilitĂ© devant le crĂ©ateur. Le savoir humain ne peut jamais prĂ©tendre remplacer la sagesse Ă©ternelle de Dieu. Une telle morale est pour Bruno celle de l’asinitĂ© et de l’oisivetĂ©. C’est la morale de l’ignorance sans le savoir. C’est dire que pour Bruno la morale ne peut pas faire l’économie de la curiositas, autrement dit de ce que Augustin considĂšre comme Ă©tant le vĂ©ritable pĂ©chĂ© d’orgueil. Mais il y a plus. En effet, a contrario, ce sont les augustiniens qui font vĂ©ritablement preuve d’orgueil car ils prĂ©tendent, par humilitĂ©, autonomiser l’homme de l’ordre naturel des choses. Le vĂ©ritable pĂ©chĂ© d’orgueil consiste pour Bruno Ă  croire que l’homme est la crĂ©ature privilĂ©giĂ©e de Dieu – la plus proche de la divinitĂ©, alors que l’homme ne jouit d’aucun statut et d’aucune dignitĂ© mĂ©taphysique au sein de l’ordre naturel. Cette dignitĂ© ne peut ĂȘtre que le rĂ©sultat, partiel et incertain, de son effort culturel. 26 Ibid., OC, VI, p. 80. La tour de Babel, c’est-Ă -dire la multiplicitĂ© des langages, est la preuve de la vitalitĂ© des connaissances et du dĂ©sir de vĂ©ritĂ© des hommes. La richesse culturelle rĂ©side dans la multiplicitĂ© des langages, qui peuvent ĂȘtre créés et composĂ©s d’une maniĂšre absolument libre. "Nous sommes libres d’appeler les choses comme il nous plaĂźt et de limiter Ă  notre guise les dĂ©finitions et le sens des mots, comme l’a fait AverroĂšs"26. Selon Bruno, toute tentative de rĂ©duire les connaissances humaines Ă  l’unitĂ©, Ă  un seul principe d’ordre, relĂšve de la pure et simple ignorance. La nature humaine doit constamment se confronter Ă  son animalitĂ©, Ă  la nature qui dĂ©signe son appartenance Ă  l’ordre des choses – mĂȘme Ă  l’animalitĂ© qui pourrait le conduire Ă  sa perte. C’est pourquoi l’homme peut et doit devenir serpent. L’esprit de l’homme est en effet Ă©gal Ă  celui du serpent. Ce qui diffĂ©rencie l’homme du serpent est la constitution de son corps ; mais si l’homme ne se fait pas serpent, il ne peut pas connaĂźtre sa spĂ©cificitĂ©. C’est cĂ©dant Ă  la tentation du contraire que l’homme dĂ©couvre ce qu’il est et ce qu’il peut devenir. En termes littĂ©raires, l’homme doit "pactiser" avec le diable pour parvenir Ă  sa vĂ©ritable "humanitĂ©". 27 Cf. Fulvio Papi, Antropologia e civiltĂ  nel pensiero di Giordano Bruno, Florence, La Nouva Italia, ... 28Ainsi, pour G. Bruno, Ă  la diffĂ©rence de saint Augustin, la divinitĂ© n’est pas "donnĂ©e" Ă  l’homme, mais elle doit ĂȘtre "construite" par l’homme, par son activitĂ©, sa connaissance et sa "curiositas". La signification la plus profonde de la morale brunienne rĂ©side prĂ©cisĂ©ment dans la construction permanente de la divinitĂ© Ă  partir de la civilisation et de la culture que l’"animal-homme » produit en raison de sa conformation corporelle. L’animal homme n’existe pas en dehors d’un projet culturel et d’un contexte de civilisation fondĂ© sur sa nature organique. La possession de la main fait de l’homme un animal pouvant" excĂ©der l’ordre naturel pour construire un ordre culturel. VoilĂ  pourquoi la construction de la divinitĂ© de la part de l’homme est une construction "civilisationnelle" enracinĂ©e dans un principe d’individuation naturelle et organique. Cette construction de la divinitĂ© correspond ainsi Ă  l’effort visant Ă  l’apprĂ©hension de la perfection de la nature humaine. La perfection de la nature humaine n’est possible qu’à partir des pratiques, des institutions, des lois et des coutumes qui forment la civilisation "humaine"27. 28 Cf. A. Ingegno, Cosmologia e filosofia nel pensiero di Giordano Bruno, Florence, La Nouva Italia, 1 ... 29À la lumiĂšre de ces considĂ©rations, il apparaĂźt que ce qui est devenu indicible pour la langue philosophique de Bruno est la signification Ă©minemment thĂ©ologique de la notion d’ordre — symbolisĂ©e par les concepts de transcendance divine, de hiĂ©rarchie cosmique et de dignitĂ© substantielle de la nature humaine. Cela ne signifie pas pour autant que Bruno "sĂ©cularise" la notion d’ordre. Il opĂšre plutôt une mise en retrait de la thĂ©ologie spĂ©culative du domaine philosophique dĂ©sormais circonscrit par la rĂ©forme copernicienne. Pour Bruno, le sens thĂ©ologique de la notion d’ordre est devenu indicible, car il s’agit d’une "parole philosophique" qui ne dit plus rien d’affirmatif et qui n’appartient plus Ă  sa langue philosophique. En revanche, cette notion acquiert un autre sens, celui qui dĂ©coule de la rĂ©forme copernicienne c’est celui de la mĂ©tamorphose des ĂȘtres finis dans l’univers infini. Par son travail spĂ©culatif, Bruno opĂšre ainsi une transformation philosophique de la notion thĂ©ologique d’ordre28. 29 Cf. Tristan Dagron, UnitĂ© de l’ĂȘtre et dialectique Giordano Bruno, Paris, Vrin, 1999. 30De ce point de vue, Bruno n’est plus un penseur humaniste de la Renaissance la notion d’ordre ne renvoie pas Ă  un soubassement exclusivement thĂ©ologique comme chez Marsile Ficin, Pic de la Mirandole ou Luther. Elle dit dĂ©sormais "autre chose". Mais en mĂȘme temps, Bruno attribue un sens nouveau Ă  cette notion dans le contexte d’une tradition culturelle propre Ă  la Renaissance, celle qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  la pensĂ©e magique d’Agrippa, au lullisme, Ă  l’averroĂŻsme de l’école de Padoue, au nĂ©oplatonisme florentin. En ce sens, Bruno est encore un philosophe de la Renaissance. Sa langue philosophique nomme une rĂ©alitĂ© nouvelle avec des mots anciens. À cet Ă©gard, le rapport de Bruno avec le nĂ©oplatonisme est exemplaire29. 30 Pour une interprĂ©tation plus "scientiste" de la pensĂ©e de G. Bruno, cf. H. Gatti, Giordano Bruno an ... 31Peut-on dĂšs lors affirmer que Bruno est dĂ©jĂ  un philosophe baroque ? Oui, en partie, parce qu’il utilise des concepts de mĂ©tamorphose, de mouvement, de variation de transformation pour penser l’ordre naturel des choses. Mais pas tout Ă  fait, parce que le seuil indĂ©passable de la rĂ©forme copernicienne ne reprĂ©sente pas encore la condition nĂ©cessaire pour la formulation d’une thĂ©orie scientifique fondĂ©e sur les mathĂ©matiques, comme chez Descartes30. 32Il existe ainsi chez Bruno un double indicible quant Ă  la notion d’ordre par rapport Ă  la thĂ©ologie d’origine augustinienne et par rapport Ă  la science moderne, c’est-Ă -dire par rapport aux principes transcendants fondant la mĂ©taphysique et par rapport aux dĂ©veloppements mathĂ©matiques de la rĂ©forme copernicienne. Ce que la langue philosophique de G. Bruno ne peut plus dire est la transcendance Ă©minente et hiĂ©rarchique de l’ordre divin, de l’ordre mondain et de l’ordre humain ; et ce qu’elle ne peut pas encore entiĂšrement "dire" est la signification moderne de cette notion, telle qu’elle se trouve par exemple chez Descartes. 33On sait en effet que Descartes fait de la notion d’ordre le soubassement de sa philosophie. L’ordre des raisons aboutit Ă  la dĂ©couverte de l’idĂ©e de Dieu en tant qu’idĂ©e premiĂšre, comme seule et unique garantie de l’ordre du monde chez Descartes, c’est justement la thĂ©ologie qui lĂ©gitime l’arbre de la connaissance, c’est-Ă -dire la fondation vĂ©ritable de la rĂ©forme copernicienne et galilĂ©enne. Descartes, aprĂšs Bruno, introduit Ă  nouveau dans le champ philosophique la notion augustinienne d’ordre, dans un sens thĂ©ologique et moral ; il suffit Ă  cet Ă©gard de penser Ă  la troisiĂšme maxime de la morale par provision. 31 Voir Ă  ce propos Jean-Pierre CavaillĂ©, Descartes. La fable du monde, Paris, Vrin, 1992. 34Descartes est ainsi, de ce point de vue, un philosophe baroque, car il est obligĂ© de faire appel Ă  la thĂ©ologie pour justifier sa conception scientifique et mĂ©canique du monde. Descartes reconnaĂźt la nĂ©cessitĂ© d’inclure l’ordre thĂ©ologique dans la constitution de son systĂšme Ă  rationalitĂ© forte, mais Ă  la diffĂ©rence de Bruno, il ne fait plus rĂ©fĂ©rence Ă  la tradition magique et hermĂ©tique pour illustrer les caractĂšres saisissants de cet ordre. VoilĂ  pourquoi Descartes n’est plus un philosophe de la Renaissance et il est, en partie, un philosophe baroque. Mais Descartes n’est pas non plus un philosophe baroque dans le mĂȘme sens que Bruno, car on ne retrouve pas chez lui une rĂ©flexion radicale sur la mĂ©tamorphose, la variation, la mutation et le multiforme. Dans cette optique, Descartes n’est pas non plus un auteur baroque au mĂȘme sens que Bathasar GraciĂĄn ou GĂłngora31. 35En dĂ©finitive, comment peut-on appliquer les catĂ©gories Ă©pochales de Baroque et de Renaissance Ă  un philosophe sui generis comme Bruno ? D’une maniĂšre extrĂȘmement prĂ©cise et contextualisĂ©e. Ces catĂ©gories sont utiles quand elles sont employĂ©es de maniĂšre dynamique et ouverte, quand elles permettent de faire fonctionner des dispositifs — comme celui de la signification d’une notion thĂ©ologique par exemple — nĂ©cessaires pour expliciter les enjeux traversant les diffĂ©rents questionnements qui dĂ©finissent la spĂ©cificitĂ© d’un auteur. Elles sont utiles quand elles sont employĂ©es au pluriel. Elles permettent ainsi de nous faire comprendre qu’il existe des auteurs qui se situent, en mĂȘme temps, au-delĂ  et en deçà d’un seuil d’époque — c’est-Ă -dire des auteurs qui travaillent avec des matĂ©riaux hĂ©tĂ©rogĂšnes transitant et passant d’une Ă©poque Ă  l’autre. Certains auteurs et c’est le cas de G. Bruno peuvent partager des problĂ©matiques communes avec des auteurs d’une autre Ă©poque et fournir nĂ©anmoins des rĂ©ponses diffĂ©rentes de ceux-ci ; au mĂȘme titre, ils peuvent formuler des solutions semblables Ă  des problĂšmes diffĂ©rents. 32 Voir Michel Foucault, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966 1992, pp. 49-58. 36Ces catĂ©gories permettent de comprendre qu’il n’y a ni fixitĂ© ni rigiditĂ© dans les notions philosophiques — mais qu’il n’y a pas non plus de confusion, d’opacitĂ© ou d’imprĂ©cision. Lorsque nous parlons de "Baroque" ou de "Renaissance", nous n’avons pas affaire Ă  un espace clos, Ă  une "couche uniforme" ou Ă  un "texte unique" selon la dĂ©finition cĂ©lĂšbre de la Renaissance proposĂ©e par M. Foucault dans Les mots et les choses32 mais Ă  des frontiĂšres poreuses et permĂ©ables, Ă  une surface composĂ©e d’aspĂ©ritĂ©s, habitĂ©e par des points de tensions, traversĂ©e par des courbes Ă  gĂ©omĂ©trie variable ; autrement dit, nous sommes confrontĂ©s Ă  un ensemble de composantes singuliĂšres et diffĂ©renciĂ©es que chaque auteur plie et transforme selon ses propres exigences conceptuelles. C’est ainsi que, dans les variations multiples de cette surface Ăąpre et spongieuse, la langue philosophique d’un auteur vĂ©hicule ses problĂ©matiques et formule ses solutions. Haut de page Notes 1 Cf. Hans Blumenberg, La LĂ©gitimitĂ© des temps modernes, Paris, Gallimard, 1999, pp. 543-545. 2 Cf. Michele Ciliberto, La ruota del tempo. Interpretazione di Giordano Bruno, Rome, Editori Riuniti, 1986. 3 Cf. Ă  ce sujet, Alfonso Ingegno, La sommersa nave della religione. Studio sulla polemica anticristiana del Bruno, Naples, Bibliopolis, 1985 et aussi Regia Pazzia. Bruno lettore di Calvino, Urbino, Quattroventi, 1987. 4 Cf. M. A. Granada, Giordano Bruno. Universo infinito, uniĂłn con Dios, perfecciĂłn del hombre, Barcelone, Herder, 2002. 5 Cf. Michele Ciliberto, Giordano Bruno, Rome-Bari, Laterza, 1992. 6 Giordano Bruno, La Cabale du cheval pĂ©gasĂ©en, in ƒuvres complĂštes, t. VI, Paris, Les Belles Lettres, 1994, p. 70 DorĂ©navant nous citerons OC, II, suivi du numĂ©ro de page. 7 Bruno, OC, VI, p. 60. 8 Ibid., p. 74-76. 9 Ibid., p. 82. 10 Ibid, p. 92-94. 11 Ibid., VI, p. 96. Sur la mĂȘme problĂ©matique, cf. ibidem, p. 26. 12 Ibid., p. 96-98. 13 Voir Arisote, De Anima, III, 8, 432 a 1, Paris, GF Flammarion, 1993, p. 239 "L’ñme ressemble Ă  la main. La main, en effet, constitue un instrument d’instruments et l’intelligence, de son côtĂ©, une forme de formes, ainsi que le sens une forme des sensibles". 14 Cf. Nicola Badaloni, Giordano Bruno. Tra cosmologia e etica, Bari-Rome, De Donato, 1988. 15 Bruno, OC, VI, p. 112. 16 Voir A. Ingegno, "L’Expulsion de la bĂȘte triomphante. Une mythologie moderne", in Mondes, formes et sociĂ©tĂ© selon Giordano Bruno, textes rĂ©unis par T. Dagron et H. Vedrine, Paris, Vrin, 2003, p. 80. 17 Voir Ingegno, "L’Expulsion de bĂȘte triomphante. Une mythologie moderne", op. cit., p. 83. 18 Bruno, OC, VI, p. 34. 19 Ibid., p. 38. 20 Cf. Saint Augustin, Les Confessions, livre X ; sur la diffĂ©rence entre "amour d’usage" et "amour de jouissance", cf. De Doctrina christiana, en particulier livre I. 21 Cf. L. Salza, MĂ©tamorphose de la physis. Giordano Bruno infinitĂ© des mondes, vicissitude des choses, sagesse hĂ©roĂŻque, Paris-Naples, Vrin – La CittĂ  del Sole, 2005. 22 Cette thĂ©matique Ă©tait dĂ©jĂ  au centre de l’Expulsion de la bĂȘte triomphante. 23 Bruno, OC, VI, p. 40. 24 Ibid., OC, VI, p. 80. 25 Ibid., OC, VI, p. 32. 26 Ibid., OC, VI, p. 80. 27 Cf. Fulvio Papi, Antropologia e civiltĂ  nel pensiero di Giordano Bruno, Florence, La Nouva Italia, 1968. 28 Cf. A. Ingegno, Cosmologia e filosofia nel pensiero di Giordano Bruno, Florence, La Nouva Italia, 1978. 29 Cf. Tristan Dagron, UnitĂ© de l’ĂȘtre et dialectique Giordano Bruno, Paris, Vrin, 1999. 30 Pour une interprĂ©tation plus "scientiste" de la pensĂ©e de G. Bruno, cf. H. Gatti, Giordano Bruno and Renaissance Science, London, Cornell University Press, 1999. 31 Voir Ă  ce propos Jean-Pierre CavaillĂ©, Descartes. La fable du monde, Paris, Vrin, 1992. 32 Voir Michel Foucault, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966 1992, pp. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Saverio Ansaldi, La double nature de l’ordre. Giordano Bruno et saint Augustin Ă  propos de la Cabale du cheval pĂ©gasĂ©en », Études ÉpistĂ©mĂš [En ligne], 9 2006, mis en ligne le 01 avril 2006, consultĂ© le 27 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Saverio AnsaldiSaverio Ansaldi est maĂźtre de confĂ©rences en philosophie Ă  l’UniversitĂ© de Montpellier III – Paul ValĂ©ry. Il a publiĂ© La tentative schellingienne. Un systĂšme de la libertĂ© est-il possible ? L’Harmattan, 1993 ; Spinoza et le baroque. Infini, dĂ©sir, multitude KimĂ©, 2001. Il a Ă©galement coordonnĂ© l’édition française des Ă©crits de Carl Gebhardt, Spinoza. JudaĂŻsme et baroque Presses de l’UniversitĂ© de Paris-Sorbonne, 2000.Haut de page Citationsfrançaises la vraie science est une ignorance qui se sait : La vraie science est une ignorance qui se sait. Cherchez ici une citation ou un auteur Proverbes; Dictons; Auteurs; ThĂšmes; ThĂšmes voir tous; Toux; Plus; Tout ; Vers; Homme; Hommes; ĂȘtre; Voix; Sens; Amour; Jour; Jours; Amis; Gens; Comme; Auteurs voir tous Jacques Amyot 1593 Ă  80 ans InvitĂ©InvitĂ© Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Dim 28 Mar - 1726 this is who I am this is my storyCharlie Kotov La vraie science est une ignorance qui se sait. »NOM ET PRÉNOM PrĂ©nom mixte, on ne doutera pourtant pas de sa fĂ©minitĂ© dĂšs qu'elle montrera sa bouille pour la toute premiĂšre fois. Avec ses traits fins et gracieux parsemĂ©s d'Ă©phĂ©lides, ses grands yeux curieux et une peau de pĂȘche, difficile de concevoir Charlie autrement qu'une future femme au charme naturel et magnĂ©tique. MalgrĂ© les origines slaves qui coulent dans ses veines, on affirmera bel et bien que c’est de sa mĂšre française que vient sa beautĂ© et sa luminositĂ©. De son pĂšre, elle proclamera le nom Kotov, fiĂšre de ses origines et de la force tranquille qu’il lui transmettra. Patronyme signifiant ce fĂ©lidĂ© que bons nombres de foyers accueillent chez eux, elle abordera ces mĂȘmes griffes fines sous ses pattes de velours et ce caractĂšre imprĂ©visible comme trempĂ© lorsque la flatterie se fera trop insistante. DATE ET LIEU DE NAISSANCE Profil sagittaire assurĂ©. Les Ă©toiles la dĂ©crivent comme indĂ©pendante et dĂ©terminĂ©e, franche et curieuse. C’est le 29 Novembre 1988 que les astres façonnaient la française Ă  cette image alors qu’elle aspirait son premier souffle au cƓur de Paris. ÂGE Elle est devenue femme, Charlie, elle mĂ»rit Ă  mesure de ses expĂ©riences. Elle apprend et elle explore tout ce que les annĂ©es veulent bien lui montrer Ă  travers le temps et l’espace. Elle ne le perd pas, son temps, elle le vit afin de ne jamais rien regretter. Et dans sa condition de simple mortelle, voilĂ  trente-deux fois qu’elle traverse les quatre saisons sans pĂąlir de la risette. L’éclat aux creux de ses iris, les fossettes creusĂ©es par ses sourires, elle fonce tĂȘte baissĂ©e. Trente-deux ans. HABITATION Ses artĂšres pulsantes, ses bistros qui chantent, son histoire qui rĂ©sonne et ses chansons qui fredonnent. Elle l’aime, Charlie, sa capitale. Et elle foule son pavĂ© sans jamais se lasser des merveilles qu’elle lui offre. Ville LumiĂšre ou bien encore CitĂ© de l’Amour, pour la Française, elle est avant tout la belle Paris, ville de son cƓur. PROFESSION Du haut de ses 32 ans, Charlie n’a cessĂ© de se dĂ©mener durant ses Ă©tudes. AprĂšs un cursus universitaire des plus intenses, c’est au bout de neuf longues annĂ©es de travail acharnĂ© qu’elle obtient son Doctorat Ă  la Sorbonne couvrant les domaines principaux de la physiologie et physiopathologie intĂ©grĂ©es au niveau cellulaire, tissulaire et de l’organisme. Elle effectue ensuite son Post-doctorat auprĂšs des laboratoires Amaranth Pharmaceuticals Ă  New-York pendant trois ans, ces derniers lui offrant une occasion en or de continuer l’aventure dans leurs locaux une fois ses Ă©tudes terminĂ©es. Elle rentre finalement au bercail fin 2020, retrouvant sa France natale tant aimĂ©e. Aujourd’hui, elle continue dans ce domaine Chercheuse pour les laboratoires Amaranth Pharmaceuticals Ă  Paris. STATUT CIVIL Son cƓur est pris depuis toujours par la Science. Tellement passionnĂ©e par son travail, Charlie ne s’est jamais attardĂ©e sur les potentiels flirts afin de garder la tĂȘte froide. Sa passion et ses ambitions avant tout. Femme indĂ©pendante et libre, elle n’a cessĂ© de crier son amour pour son mĂ©tier et son insoumission Ă  l’image sociĂ©tale de la femme. Et si aujourd’hui, la trentaine bien ancrĂ©e, Charlie s’autorise la lĂ©gĂšretĂ© des aventures Ă©phĂ©mĂšres, c’est parce qu’elle se refuse Ă  l’engagement. Que les intĂ©ressĂ©s s’accrochent, son grand Amour demeure la Science. ORIENTATION SEXUELLE Elle n’a jamais Ă©tĂ© regardante, Charlie. Ce qui l’inspire c’est sĂ»rement l’ñme. Elle n’a pas de critĂšre, la Frenchie, si ce n’est qu’on ne lui impose rien. Homme ou femme, tant que la personne est assez intense pour accrocher son intĂ©rĂȘt, pour enflammer ses veines et dĂ©clencher un incendie, alors elle pourrait succomber. ORGANISATION EngagĂ©e auprĂšs de leurs laboratoires depuis sont doctorat, Charlie ne jure que par eux. Convaincue par leurs recherches et leurs investissements, elle admire Amaranth Pharmaceuticals malgrĂ© les Ă©vĂ©nements qui irritent un tantinet sa confiance et la poussent Ă  revenir en France. MalgrĂ© tout, elle reste persuadĂ©e de la bonne intention de l’organisation et n’en dĂ©mordra pas de sitĂŽt. GROUPE Non pas qu’elle y croit vĂ©ritablement, Ă  l’amour qui triomphe de tout. Mais Charlie est une bonne Ăąme qui se battra pour ce qu’elle croit juste. Une quĂȘte qu’elle considĂ©rera plus qu’elle ne le pense dĂ©jĂ , une course aprĂšs les rĂ©ponses aux questions qu’elle se posera. Elle ne pensera pas Ă  mal, Charlie, elle voudra seulement mettre la lumiĂšre sur les parts d’ombres qui la dĂ©rangent, songeant Ă  tort qu’elle n’est qu’un grain de sable parmi les dunes. Sauf que c’est bien connu il suffit d’un seul grain de sable dans l’engrenage pour faire dĂ©railler la machine. Amor Vincit Omnia. AVATAR Emma Watson CRÉDITS Unknow [TRILINGUE] De son français natal, Charlie ne s’en est pas contentĂ©e. Parce que ses Ă©tudes l’ont amenĂ© Ă  fouler le sol amĂ©ricain pendant plus de cinq ans, elle maĂźtrise l’anglais malgrĂ© son accent français prononcĂ© qui persiste. Et de son pĂšre Russe, elle en apprendra naturellement le langage tonique slave. [CAVALIÈRE] De son paternel est aussi nĂ©e la passion des chevaux. VĂ©tĂ©rinaire Ă©quin rĂ©putĂ©, c’est en France qu’il pose bagage, son diplĂŽme Ă  peine en poche. Et quand Charlie est nĂ©e, voilĂ  qu’elle le suivait dans tous ses dĂ©placements chez des clients de prestige. Elle n’a pas su rĂ©sister, et c’est haute comme trois pommes qu’elle a grimpĂ© sa premiĂšre monture. Vacataire pour l’Hippodrome de Paris, Vadim Kotov a rapidement trimballĂ© sa fille lors des rassemblements. Encore aujourd’hui, Charlie monte et se rend aux courses hippiques afin de saturer sa rĂ©tine de ces bĂȘtes musclĂ©es Ă  l’élĂ©gance sans pareille. [DANSE] Ancienne danseuse professionnelle au Moulin Rouge, Nathalie Kotov supervise aujourd’hui les chorĂ©graphies au cabaret et gĂšre toute une Ă©quipe de danseuses. Par la force des choses, la petite Charlie a donc grandit dans cet univers de strass et de paillettes, Ă  l’extravagance et l’exubĂ©rance dĂ©bordante. Elle a Ă©galement cĂŽtoyĂ© la rigueur et le cĂŽtĂ© strict du spectacle. Et si elle a gardĂ© la souplesse et la grĂące que sa mĂšre lui a inculquĂ©, aujourd’hui Charlie prĂ©fĂšre s’émerveiller devant les shows que Nathalie met en scĂšne. [FAMILLE] Charlie est fille unique. Enfant de deux parents pleinement consacrĂ©s Ă  leur passion respective, la gamine a vadrouillĂ© Ă  droite Ă  gauche avec le privilĂšge d’ĂȘtre auprĂšs d’eux et non aux bras d’une nourrice. Et pourtant, on lui a inculquĂ© des valeurs, Ă  Charlie le partage et le respect, la bienveillance et le non-jugement, la rigueur et la modestie. C’est sans Ă©tonnement que Charlie a donc un esprit famille trĂšs ancrĂ©, et mĂȘme si son travail prenant ne lui laisse pas autant d’occasion de les voir qu’elle le souhaiterait, elle garde un contact et un lien trĂšs fort avec ses parents qu’elle aime et admire. [PHOTOGRAPGIE] Une autre passion de la belle. VoilĂ  quelques annĂ©es qu’elle s’essaie Ă  cet art. Mais elle aime le charme de l’ancien, Charlie, et n’utilise qu’un vieil appareil pour garder le plaisir de dĂ©velopper ses photographies elle-mĂȘme dans une chambre noire. Le processus fait partie intĂ©grante d’une belle photo selon elle. Elle adore les PolaroĂŻds aussi et il n’est pas rare de la voir se balader dans les rues afin de capturer un instant qui attire son Ɠil artistique. Des portraits, des sourires, un Ɠil mĂ©lancolique, du noir et du blanc, pris sur le vif c’est sa signature Ă  la Frenchie. [NOBLESSE] À ne pas s’y mĂ©prendre. Si Charlie n’a jamais manquĂ© de rien, elle a pourtant tout appris. Et quand bien mĂȘme la situation financiĂšre de ses parents lui aurait permis bons nombres d’avantages, ces derniers ont toujours mis un point d’honneur sur une Ă©ducation saine et modeste pour leur fille. Alors elle a bossĂ©, Charlie, trĂšs jeune en commençant par des jobs d’étĂ© jusqu’à trimer pendant ses Ă©tudes. Et mĂȘme si elle n’a jamais cĂŽtoyĂ© la pauvretĂ©, elle a galĂ©rĂ© comme tout Ă©tudiant dans de minuscule piaule Ă  arrondir les fins de mois en travaillant Ă  cĂŽtĂ© pour payer un loyer exubĂ©rant au cƓur de la capitale. C’est qu’elle n’est pas fan de la Haute, Charlie, mĂȘme si elle a baignĂ© dedans. Et mĂȘme si elle colle au dĂ©cor, elle n’en reste pas moins naturelle et humble. [NATURELLE] Enfiler des bottes ou bien des chausson de danse. Deux univers diffĂ©rents dans lesquels Charlie a pourtant grandit. Fouler la terre comme les planches d’une scĂšne, elle n’y a jamais rechignĂ©. Au contraire les dĂ©fis l’ont toujours forgĂ©. Aujourd’hui encore, il est plus frĂ©quent de la croiser dans un manĂšge Ă  chevaux ou un cabaret plutĂŽt que dans une soirĂ©e guindĂ©e, Ă©triquĂ©e dans un corset Ă  un prix colossal. C’est le charme naturel, Charlie, la française Ă  l’état brut, aussi Ă  l’aise Ă  la campagne qu’à la ville. Elle n’a pas peur de se salir, chignon grossier sur la tĂȘte et Ă  peine maquillĂ©e. Passer des heures dans sa salle de bains devant son miroir, ce n’est qu’une perte de temps pour la belle. Elle prĂ©fĂšre le vivre et en profiter. [CARACTÉRIELLE] DĂ©terminĂ©e et fonceuse. MalgrĂ© la douceur qu’elle dĂ©gage, il n’en est pas moins que Charlie aborde souvent un caractĂšre tĂȘtu et bornĂ©. Quand elle a une idĂ©e en tĂȘte, impossible de la dĂ©loger. Elle usera de tous ses moyens pour obtenir ce qu’elle veut et se battra pour ce qu’elle pense juste. Et sans pour autant Ă©craser les autres, elle se dĂ©mĂšnera jusqu’à obtenir satisfaction. Perfectionniste parfois, peut-ĂȘtre trop, elle peine Ă  laisser de la place au hasard, surtout dans le cadre de son travail. A ne pas la sous-estimer non plus, Charlie n’est pas aussi naĂŻve qu’elle le laisse paraĂźtre et sa verve peut largement s’envenimer si l’on vient Ă  la rĂ©duire ou la provoquer. Et peste, elle peut le devenir si on l’y pousse. [TÉLÉPHONE] Et comme une femme moderne du XXIĂšme siĂšcle, son cellulaire fait partie intĂ©grante de sa vie. Charlie ne sort jamais sans ce dernier et la presque totalitĂ© de sa vie y est enregistrĂ©e. Entre photographies et documents, mails et agenda, contacts et rĂ©seaux sociaux ce petit engin Ă  la mĂ©moire Ă©tendue dĂ©tient des trĂ©sors personnels dont elle ne se sĂ©pare jamais. C’est donc sans Ă©tonnement que la belle le trimballĂ© constamment dans son sac, le garde toujours prĂšs d’elle quand ce n’est pas collĂ© Ă  son oreille pour organiser ses journĂ©es. Working girl jusqu’au bout des doigts, son portable est son plus fidĂšle collĂšgue. [CAFÉINE] Sous n’importe quelle dĂ©clinaison que ce soit, Charlie raffole du cafĂ©. Toujours un gobelet en mains ou une tasse sous le nez, elle carbure Ă  cette boisson, ne se lassant jamais de son arĂŽme brut et corsĂ©. Plaisir plutĂŽt qu’excitant malgrĂ© ses facultĂ©s Ă©nergisantes, elle s’octroie mĂȘme les douceurs d’une crĂšme glacĂ©e ou d’un dessert gourmand de temps Ă  autres. En terrasse, Ă  la maison ou au laboratoire, pas de Charlie qui tienne sans sa cafĂ©ine. PSEUDO Pika PRÉNOM GueniĂšvre ÂGE error404 OÙ AS-TU CONNU LE FORUM ? On m'a mis le couteau sous la gorge ou pasUN AVIS, UNE SUGGESTION ? Toujours aussi charmĂ©e par le concept et le design LE MOT DE LA FIN Fourchette[29 NOVEMBRE 1988] Charlie nait dans la maternitĂ© privĂ©e de Sainte ThĂ©rĂšse Ă  Paris, comblant le couple Kotov. Enfance sans accroche, la petite Charlie apprendra les valeurs de la vie et la rigueur du travail auprĂšs de ses parents soudĂ©s et amoureux. [5 JUILLET 2006] AprĂšs un cursus scolaire lambda dirigĂ© vers la branche scientifique, elle obtient son BaccalaurĂ©at dans la spĂ©cialitĂ© avec mention dans un LycĂ©e prestigieux de la Capitale. [8 DÉCEMBRE 2015] Neuf longues annĂ©es de thĂšse Ă  la Sorbonne lui feront dĂ©crocher son Doctorat spĂ©cialisĂ© dans la physiologie et physiopathologie intĂ©grĂ©es au niveau cellulaire, tissulaire et de l’organisme. DiplĂŽme obtenu haut la main avec lequel elle postulera auprĂšs des nouveaux Laboratoire Amaranth Pharmaceuticals aux Etats-Unis. [13 AVRIL 2019] Post-doctorat en poche aprĂšs un contrat de trois ans auprĂšs des laboratoires, Charlie se lance enfin dans la vie active et s’engage auprĂšs de la mĂȘme boĂźte qui lui donne sa place de Chercheuse. PassionnĂ©e par son mĂ©tier et fervente dĂ©fenseuse de leur cause, elle mettra toutes ses compĂ©tences au service d’Amaranth Pharmaceuticals. [FIN 2019] Premier coup dur pour la française ; la directrice des laboratoires dans lesquels elle travaille disparaĂźt du jour au lendemain. Un Ă©vĂ©nement qui troublera les rouages de la machine scientifique, quand on apprendra que certaines donnĂ©es importantes se sont envolĂ©es en mĂȘme temps qu’Elizabeth Abbott. Disparition mystĂ©rieuse qui commencera aussi Ă  Ă©branler les certitudes de Charlie. [NOVEMBRE 2020] Les attaques et les saccages anonymes des locaux de New-York dans lesquels elle exerce viendront mettre la puce Ă  l’oreille. Difficile, pour Charlie, de croire que ces actes de vandalisme n’ont rien Ă  voir avec la disparition brutale de la GĂ©nĂ©ticienne un an auparavant. Et si certains scientifiques restent sur place, la jeune chercheuse, elle, prĂ©fĂšre retrouver sa France natale afin de retrouver des repĂšres suite Ă  ces rĂ©cents Ă©vĂ©nements dĂ©stabilisants. [AUJOURD'HUI 2021] Elle n’abandonne pas, Charlie, malgrĂ© une vie tranquille et sereine retrouvĂ©e. Et mĂȘme si elle continue son travail de chercheuse d’arrache-pied au sein des Laboratoires implantĂ©s Ă  la Capitale, de trop nombreux dĂ©tails continuent d’effriter sa confiance en les convictions scientifiques des plus hauts placĂ©s. Elle n’est peut-ĂȘtre pas dans la confidence, mais malgrĂ© elle, sa curiositĂ© la pousse Ă  mettre la lumiĂšre sur les parts d’ombres qui se multiplient de Amaranth Pharmaceuticals. DerniĂšre Ă©dition par Charlie Kotov le Mer 31 Mar - 1437, Ă©ditĂ© 23 fois InvitĂ©InvitĂ© Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Dim 28 Mar - 1734 Bienvenue parmi nous et bonne chance pour ta fiche InvitĂ©InvitĂ© Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Dim 28 Mar - 1755 Bienvenue InvitĂ©InvitĂ© Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Dim 28 Mar - 1805 Bienvenue sur le forum, bon courage pour la rĂ©daction InvitĂ©InvitĂ© InvitĂ©InvitĂ© Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Dim 28 Mar - 1921 Bienvenue ! Super choix de FC ! Bonne redac' de ta fiche IMMORTAL — forever is not enoughpseudo comptes alma, lux, drake, 215 Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Dim 28 Mar - 2051 Une humaine bienvenue par ici InvitĂ©InvitĂ© Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Dim 28 Mar - 2114 Ohhh la voilĂ  donc la madame !Rebienvenue par ici PAR CONTRE C'EST QUOI CETTE FICHE TOUTE VIDE OUECH !!! Y'a intĂ©rĂȘt qu'on ait plus que ça et rapidement ! Sinon je mords IMMORTAL — forever is not enoughpseudo valkyrja julia.autres comptes rosalyn blackthorn, caleb faust, valentina grimes, jin hemera la plus douce, 1584 InvitĂ©InvitĂ© Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Lun 29 Mar - 1919 IMMORTAL — forever is not enoughpseudo comptes Eion james bond mais qui boit du jus d'orange Marius le mĂ©chant, le mĂ©chant, oui c'est lui c'est le mĂ©chantcrĂ©dits avatar writerinafoxhole crackship. bretate moodboard summoneryuna gifsmessages 885 Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Lun 29 Mar - 2129 une humaine chez amaranth, je suis trop hypĂ©e hĂąte de continuer Ă  lire, rebienvenue joublie pas le mp avec al hehe_________________✔✔✔ I was born to run, I was born for this InvitĂ©InvitĂ© IMMORTAL — forever is not enoughpseudo valkyrja julia.autres comptes astra ackerman, caleb faust, valentina grimes, jin dracarys, 1419 Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Ven 2 Avr - 1559 fiche validĂ©e - fĂ©licitations ! - Elle est toute choupette, la Charlie Quel merveilleux petit bout de femme J'ai hĂąte de voir ce que tu vas faire de cette charmante demoiselle en jeu Je viendrai trĂšs certainement t'embĂȘter pour un lien avec Caleb Amuse-toi bien avec ce nouveau personnage Les petites choses Ă  faire aprĂšs sa validation Maintenant que votre personnage a Ă©tĂ© validĂ©, il ne vous reste plus que quelques petites choses Ă  faire avant de pouvoir vous lancer dans l'aventure en RP Tout d'abord, n'oubliez pas de remplir tous les champs de votre profil sauf ceux ne vous concernant pas, Ă©videmment. Ensuite n'oubliez pas de crĂ©er votre fiche de liens, trĂšs importante pour que nous puissions vous demander de super liens et des RPs Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi crĂ©er un tĂ©lĂ©phone, pratique quand on veut communiquer avec quelqu'un qui ne se trouve pas sur le mĂȘme continent Et, pour les immortels, rendez-vous ici pour proposer vos constellations Et voilĂ , vous n'avez plus qu'Ă  vous amuser, bon jeu sur Ad Vitam Aeternam _________________rose with steel thornsI need my golden crown of sorrow, my bloody sword to swing, my empty halls to echo with grand self-mythology, I am a mother, I am a bride, I am types of friends Contenu sponsorisĂ© Re Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait Charly Kotov – La vraie science est une ignorance qui se sait 30Dieu, il est vrai, a fermĂ© les yeux sur les temps d’une telle ignorance, mais il annonce maintenant aux humains qu’ils aient, tous et partout, Ă  se repentir. 31 Car il a fixĂ© un jour oĂč il doit juger la terre habitĂ©e avec justice par un homme qu’il a Ă©tabli, offrant Ă  tous une garantie en le ressuscitant d’entre les morts.’” ANALYSE La rĂ©ponse positive semble aller de soi. Pourtant, sous la pression des faits eux-mĂȘmes, les philosophes n’ont pu sauver la validitĂ© de la dĂ©marche scientifique qu’au prix d’une rĂ©flexion nuancĂ©e sur l’élaboration des thĂ©ories, explique Bruno Jarrosson, qui enseigne la philosophie des sciences Ă  SupĂ©lec. Quatre penseurs ont marquĂ© cette rĂ©flexion au xxe siĂšcle Karl Popper, Thomas Kuhn, Imre Lakatos et Paul Feyerabend. IngĂ©nieur SupĂ©lec, conseiller en stratĂ©gie, Bruno Jarrosson enseigne la philosophie des sciences Ă  SupĂ©lec et la thĂ©orie des organisations Ă  l’UniversitĂ© Paris-Sorbonne. Co-fondateur et prĂ©sident de l’association HumanitĂ©s et entreprise », il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Invitation Ă  une philosophie du management Calmann-LĂ©vy, 1991 ; Pourquoi c’est si dur de changer Dunod, 2007 ; Les secrets du temps Maxima, 2012 ; De Sun Tzu Ă  Steve Jobs, une histoire de la stratĂ©gie Dunod, 2016. Suivre sur Twitter BrunoJarrosson La science a mis le monde en Ă©quations. C’est du moins ce que l’on a cru pendant deux siĂšcles. Cet exploit est dĂ» Ă  Isaac Newton et date de 1687 avec la publication des Principia mathematica. Dans ce livre, le savant anglais propose un modĂšle mathĂ©matique qui permet de dĂ©terminer par le calcul les mouvements passĂ©s et Ă  venir des objets cĂ©lestes et terrestres. Au cours des XVIIIe et XIXe siĂšcles, la thĂ©orie de Newton sera tenue pour une vĂ©ritĂ© dĂ©finitive et indĂ©passable que les faits corroborent excellemment. Marcelin Berthelot, ministre de l’Instruction publique, Ă©crit dans les annĂ©es 1880 que le monde est aujourd’hui sans mystĂšre». Paix Ă  ses mĂąnes qui hantent le PanthĂ©on. Lire aussi La crĂ©ation comme erreur Bruno Jarrosson La physique newtonienne prĂ©voit une rotation du pĂ©rihĂ©lie des planĂštes le pĂ©rihĂ©lie d’une planĂšte est le point de son orbite oĂč elle se trouve le plus proche du Soleil. Or il se trouve que la rotation observĂ©e du pĂ©rihĂ©lie de la planĂšte Mercure ne correspond pas exactement Ă  la thĂ©orie. Ce phĂ©nomĂšne ne peut ĂȘtre expliquĂ© par la physique newtonienne. Ce sera l’un des grands succĂšs de la relativitĂ© einsteinienne de rendre compte de l’orbite de Mercure. La thĂ©orie de la relativitĂ© dĂ©passe et rĂ©fute la physique newtonienne qui ne peut plus ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une vĂ©ritĂ© indiscutable. La rĂ©volution scientifique de la relativitĂ© vient bousculer la vision traditionnelle de la science. Comment a-t-on pu croire vraie pendant deux siĂšcles la thĂ©orie de newtonienne qui finalement ne l’était pas ? Tout simplement parce qu’elle Ă©tait remarquablement confirmĂ©e par l’expĂ©rience. Mais une confirmation expĂ©rimentale, si elle constitue une intĂ©ressante prĂ©somption de vĂ©racitĂ© pour une thĂ©orie, ne peut jamais ĂȘtre Ă©rigĂ©e en preuve. Karl Popper Seul a un caractĂšre scientifique ce qui peut ĂȘtre rĂ©futĂ©. Ce qui n’est pas rĂ©futable relĂšve de la magie ou de la mystique» À proprement parler, la physique newtonienne n’a jamais Ă©tĂ© prouvĂ©e. Le philosophe anglais d’origine autrichienne Karl Popper 1902 – 1994 remarque que la science ne peut se prĂ©tendre vraie si elle procĂšde par affirmations. En effet, une expĂ©rience dont le rĂ©sultat est celui prĂ©vu par une thĂ©orie ne prouve pas l’exactitude de ladite thĂ©orie, elle se contente de ne pas la rĂ©futer. Le fait de n’avoir jamais observĂ© un cygne qui ne soit pas blanc ne prouve pas la vĂ©racitĂ© de l’affirmation tous les cygnes sont blancs». Par contre, un seul cygne noir suffit Ă  la rĂ©futer. Les certitudes de la science ne peuvent donc porter que sur les rĂ©futations. La science est donc faite de conjectures, d’hypothĂšses que l’on ne tente pas seulement de confirmer mais aussi de rĂ©futer cf. Karl Popper Conjectures et RĂ©futations, Payot, 1985. La science n’est pas vraie, mais seulement conjecturale. Popper dĂ©finit le critĂšre de rĂ©futabilitĂ© comme la ligne de partage entre les disciplines scientifiques et le reste. Une thĂ©orie est scientifique si on peut essayer de la rĂ©futer, si elle joue son existence sur une expĂ©rience. Si la comĂšte de Halley revient Ă  la date prĂ©vue, la conjecture newtonienne n’est pas rĂ©futĂ©e. Sinon elle l’est. Mais en donnant un tel poids Ă  la rĂ©futation, Popper ne commet-il pas une faute logique ? Toute rĂ©futation s’appuie, en effet, sur une mesure dont on admet la validitĂ©. ConsidĂ©rer une mesure comme valable, c’est supposer que les instruments de mesure ont fonctionnĂ© comme d’habitude et, par consĂ©quent, tenir pour vraie la science de son temps. S’il n’existe pas de certitude mais seulement des conjectures, il est logiquement contradictoire de tenir les rĂ©futations pour certaines. Tous les cygnes ne sont pas blancs, ainsi que le prouve la photo d’un cygne noir. Sauf si la photo ou le cygne sont des faux. D’oĂč cette question les faits sont-ils vrais ? Lire aussi Einstein, philosophe crĂ©atif Bruno Jarrosson Si la Terre tourne autour du Soleil, les positions relatives des Ă©toiles fixes devraient changer car nous les regardons Ă  partir de points de vue diffĂ©rents. C’est le phĂ©nomĂšne bien connu de la parallaxe qui explique, par exemple, que deux observateurs ne lisent pas tout Ă  fait la mĂȘme heure sur une pendule Ă  aiguilles pour peu qu’ils l’observent de points diffĂ©rents. Copernic admet que la thĂ©orie hĂ©liocentrique qui situe le Soleil au centre de l’univers implique une parallaxe saisonniĂšre de la positions des Ă©toiles les unes par rapport aux autres. Entre l’étĂ© et l’hiver, la Terre a bougĂ©, notre vision du ciel devrait donc se modifier. Pourtant, cet effet de parallaxe resta inobservable aux XVIe et XVIIe siĂšcles. On ne manqua donc pas d’opposer cette rĂ©futation Ă  GalilĂ©e. À tort, car c’est la distance trĂšs grande des Ă©toiles qui rendait cette parallaxe inobservable Ă  l’époque. L’objection ne rĂ©futait donc pas l’hĂ©liocentrisme lui-mĂȘme mais seulement la distance supposĂ©e des Ă©toiles. On a souvent reprochĂ© Ă  Karl Popper de dĂ©crire la dĂ©marche scientifique telle qu’elle devrait ĂȘtre et non pas telle qu’elle est. Ainsi que l’ont remarquĂ© de nombreux historiens, les grandes thĂ©ories scientifiques qui se sont imposĂ©es ont toutes Ă©tĂ© d’abord rĂ©futĂ©es par les faits. La sĂ©paration entre thĂ©orie et fait, que Popper admet sans discussion, n’est pas aussi nette qu’il y paraĂźt. Un fait contient toujours, implicitement, de multiples thĂ©ories. Aussi la rĂ©futation ne porte-t-elle pas forcĂ©ment sur la conjecture nouvelle. Elle peut rĂ©futer une des thĂ©ories implicites contenues dans le fait. L’exemple de Copernic butant sur le problĂšme de la parallaxe Ă©claire ce point. Karl Popper est un philosophe qui croit aux faits avec une confiance totale. Malheureusement, toute perception donc toute observation est liĂ©e Ă  une intention. Il n’y a pas de fait en soi, mais des faits observĂ©s. Thomas Kuhn Toute thĂ©orie scientifique contient un cƓur que l’on ne peut remettre en question sans renoncer Ă  la thĂ©orie elle-mĂȘme» Le scientifique et historien des sciences Thomas Kuhn 1922 – 1996 ne croit pas au schĂ©ma poppĂ©rien selon lequel la science procĂšde par conjectures et rĂ©futations. Selon lui, ce schĂ©ma ne correspond pas Ă  l’histoire des sciences, seule Ă  mĂȘme de valider toute conception de la science. Dans son livre La Structure des rĂ©volutions scientifiques Flammarion, 1983, Thomas Kuhn ne prĂ©tend pas dĂ©crire la science telle qu’elle devrait ĂȘtre. Il veut la montrer telle qu’elle est. Quand une thĂ©orie est rĂ©futĂ©e par les faits, les scientifiques ne l’abandonnent gĂ©nĂ©ralement pas pour autant. Comme le dit un jour Einstein, Ă  qui l’on demandait ce qu’il aurait pensĂ© si les mesures avaient rĂ©futĂ© la relativitĂ© Eh bien, j’aurais regrettĂ© pour le bon Dieu. La thĂ©orie est correcte». Chaque scientifique met dans sa thĂ©orie un cƓur irrĂ©futable – irrĂ©futable par dĂ©cision mĂ©thodologique – que Thomas Kuhn appelle paradigme. Les scientifiques croient Ă  leurs thĂ©ories d’abord et avant tout parce qu’ils croient Ă  un paradigme. Ensuite, ils essaient d’interprĂ©ter les faits dans le cadre de ce paradigme. Par exemple, l’anomalie du pĂ©rihĂ©lie de Mercure dans le cadre de la physique newtonienne n’a pas Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une rĂ©futation de cette thĂ©orie. On a supposĂ© qu’il existait entre Mercure et le Soleil une planĂšte qui perturbait l’orbite de Mercure. On a mĂȘme calculĂ© l’orbite de cette planĂšte supposĂ©e, mais elle n’était pas au rendez-vous. Le paradigme dĂ©termine l’interprĂ©tation d’un phĂ©nomĂšne. Dans le paradigme d’Aristote, il n’y a pas de mouvement sans cause. Par ailleurs, la cause et l’effet sont simultanĂ©s. Donc, quand une flĂšche suit sa trajectoire, c’est qu’elle est poussĂ©e par une force Ă  chaque instant. On en conclut, dans le paradigme aristotĂ©licien, que l’air pousse la flĂšche Ă  chaque instant. Dans le paradigme newtonien, cette gymnastique intellectuelle est inutile puisque les mouvements peuvent se perpĂ©tuer d’eux-mĂȘmes, indĂ©pendamment de toute cause. Par ailleurs, la cause et l’effet peuvent ĂȘtre dissociĂ©s dans le temps. Donc, la flĂšche avance parce qu’elle poursuit un mouvement acquis tant qu’elle n’est pas freinĂ©e. Dans le premier paradigme, le problĂšme est de rendre compte de l’existence du mouvement, dans le second de l’arrĂȘt du mouvement. Du paradigme dĂ©pend l’interprĂ©tation du phĂ©nomĂšne et la question mĂȘme que l’on se pose Ă  son sujet. Lire aussi Positivisme et temps Bruno Jarrosson Les civilisations prĂ©colombiennes et chinoise ont observĂ© la supernova du 4 juillet 1054 dans la nĂ©buleuse du Crabe sur laquelle l’Europe n’a laissĂ© aucun tĂ©moignage. Le paradigme aristotĂ©licien posait qu’aucun changement ne pouvait avoir lieu dans le monde supralunaire considĂ©rĂ© comme immuable. Certains changements, comme cette supernova de 1054, n’ont pas, semble-t-il, Ă©tĂ© jugĂ©s suffisamment importants pour ĂȘtre notĂ©s. Les changements dans les cieux ont commencĂ© Ă  ĂȘtre enregistrĂ©s et discutĂ©s par les astronomes occidentaux aprĂšs la publication de la thĂ©orie de Copernic. Le paradigme dans lequel on travaille influence la perception de la nature. Kuhn part d’une constatation historique. Lorsqu’un paradigme est dominant, comme le fut par exemple le paradigme newtonien pendant deux siĂšcles en mĂ©canique, il n’est pas rĂ©futable. Les faits qui contredisent le paradigme ne sont pas considĂ©rĂ©s comme des rĂ©futations mais comme des anomalies. La rĂ©futabilitĂ© de Karl Popper ne rend donc pas compte de l’histoire des sciences. Toute perception est liĂ©e Ă  une intention. De mĂȘme, toute mesure, tout fait est liĂ© Ă  un paradigme. Cela explique, pour Thomas Kuhn, qu’au moment oĂč un nouveau paradigme concurrence un ancien, la discussion ne se situe pas seulement au niveau des rĂ©futations et des faits mais aussi au niveau de la croyance en un paradigme. Thomas Kuhn montre que la plupart des tenants de l’ancien paradigme ne changent pas d’avis, quelles que soient les preuves» expĂ©rimentales. Cette rĂ©sistance Ă  l’évolution ne procĂšde pas d’un refus sĂ©nile de reconnaĂźtre les preuves. Simplement, les preuves n’ont force de preuve qu’associĂ©es au nouveau paradigme. Dans l’ancien paradigme, elles ne sont pas lisibles. C’est pourquoi la science ne peut pas avancer seulement de façon progressive, mais aussi par ruptures. La science avance aussi parce que les vieux scientifiques qui dĂ©fendent les anciennes idĂ©es meurent avant les jeunes scientifiques qui dĂ©fendent les nouvelles idĂ©es. La relativitĂ© n’a pas fait que des conversions parmi les scientifiques plus ĂągĂ©s qu’Einstein. Mais ses adversaires sont morts les premiers. Thomas Kuhn a commis un pĂ©chĂ© mortel en parlant de la sociologie de la science. Il se donne l’apparence de mettre la vĂ©ritĂ© scientifique aux voix les voix des scientifiques il est vrai, la faisant choir de son piĂ©destal objectif. Imre Lakatos En science, on trouve d’abord et on cherche ensuite. Il n’y a pas de fait en soi mais des faits observĂ©s» L’épistĂ©mologue hongrois Imre Lakatos 1923 – 1974, sensible comme Thomas Kuhn aux objections que l’on peut opposer au schĂ©ma conjecture et rĂ©futation de Karl Popper, reproche cependant Ă  Kuhn d’accorder trop d’importance aux conditions sociologiques dans lesquelles la science s’élabore. La science vraie serait dĂ©finie, si l’on suit bien Thomas Kuhn, par ce que croient les grands chercheurs et les grands professeurs d’une Ă©poque. Cette façon de dire que la vĂ©ritĂ© Ă©mane de la majoritĂ© choque Lakatos qui propose une dĂ©marche moins relativiste. Quand GalilĂ©e fait rouler des billes sur un plan inclinĂ© pour dĂ©couvrir la loi de la chute des corps, il est clair qu’il n’entreprend pas cette expĂ©rimentation sans idĂ©e prĂ©conçue. Il sait d’emblĂ©e qu’il doit mesurer les distances parcourues en fonction du temps. L’idĂ©e prĂ©cĂšde l’expĂ©rience. Lakatos appelle structure cette idĂ©e centrale, ce noyau dur de la thĂ©orie. La structure de pensĂ©e est si importante dans l’élaboration de l’expĂ©rience qu’elle aboutit mĂȘme Ă  des expĂ©riences par la pensĂ©e, des expĂ©riences imaginaires et parfois irrĂ©alisables. Einstein conçoit la relativitĂ© en se demandant comment il verrait un rayon lumineux s’il voyageait Ă  cĂŽtĂ© de lui Ă  la vitesse de la lumiĂšre. GalilĂ©e, le pĂšre de la mĂ©thode expĂ©rimentale, explique qu’une boule lĂąchĂ©e du haut du mĂąt d’un navire qui avance tombe au pied du mĂąt et non pas Ă  l’arriĂšre du bateau. Voici ce qu’il Ă©crit, dans son Dialogue sur les deux principaux systĂšmes du monde, Ă  propos de cette formulation expĂ©rimentale du principe de l’inertie Et moi, sans expĂ©rience, je suis sĂ»r que l’effet s’ensuivra comme je vous le dis, puisqu’il est nĂ©cessaire qu’il s’ensuive.» GalilĂ©e n’a pas fait l’expĂ©rience sur laquelle il fonde sa dĂ©monstration. L’expĂ©rience par la pensĂ©e a pour lui force de preuve. La structure prime sur le fait. Lire aussi Science et imaginaire Etienne Klein La premiĂšre rĂ©action face Ă  un noyau dur n’est pas de se demander s’il est vrai ou faux mais ce que l’on peut en faire. Peut-on, Ă  partir de ce noyau dur, Ă©tablir un programme de recherche fructueux ? La loi de l’attraction universelle est-elle vraie ? Telle n’est pas la premiĂšre question Ă  se poser au sujet de cette loi mais plutĂŽt quel programme de recherche puis-je en dĂ©duire ? La science est d’abord et avant tout une quĂȘte inachevĂ©e cf. le livre de Karl Popper La QuĂȘte inachevĂ©e, Calmann-LĂ©vy, 1981. Contrairement aux paradigmes, les noyaux durs ne s’excluent pas les uns les autres, car plusieurs programmes de recherche concurrents peuvent exister en mĂȘme temps. Mais tout comme le paradigme, le noyau dur subit l’assaut d’anomalies. Lakatos parle dans son livre Preuves et RĂ©futations, Essai sur la logique de la dĂ©couverte mathĂ©matique Hermann, 1984, d’anneau protecteur on ajoute des hypothĂšses qui permettent de protĂ©ger le noyau dur. Par exemple, on suppose une nouvelle planĂšte pour expliquer les anomalies de l’orbite d’Uranus. Ainsi, Urbain Le Verrier dĂ©couvre Neptune en 1846. L’anneau protecteur a rempli son rĂŽle. La dĂ©marche de Lakatos est assez proche de celle de Kuhn. Mais lĂ  oĂč Kuhn voit une concurrence, parfois fĂ©roce, entre paradigmes, Lakatos propose des programmes de recherche entre lesquels la confrontation n’est pas inĂ©vitable. La vision de Lakatos peut paraĂźtre angĂ©lique. Les scientifiques sont inĂ©vitablement tentĂ©s d’évaluer et de comparer les diffĂ©rents programmes de recherche car il entre dans leur idĂ©al de prĂ©tendre Ă  une certaine forme de vĂ©ritĂ©. Paul Feyerabend L’idĂ©e que la science peut et doit ĂȘtre organisĂ©e selon des rĂšgles Ă  la fois fixes et universelles est utopique et pernicieuse» Une critique plus radicale de la nature de la science est venue du philosophe amĂ©ricain d’origine allemande Paul Feyerabend 1924 – 1994 avec son livre au titre Ă©vocateur et provocateur Contre la mĂ©thode, Esquisse d’une thĂ©orie anarchiste de la connaissance Le Seuil, 1979. Feyerabend constate que le dĂ©veloppement de la science doit se faire par un apport crĂ©atif et que la crĂ©ativitĂ© ne fait pas bon mĂ©nage avec la mĂ©thodologie. Comment une mĂ©thode unique, normative, telle que la pose Popper par exemple, pourrait-elle nous conduire Ă  tous les coups au rĂ©sultat ? Pour voir dans le monde ce que personne n’y a encore vu, comme le font tous les gĂ©nies, il faut justement savoir se rebeller contre les mĂ©thodes usuelles. Pour Feyerabend, l’idĂ©e que la science peut et doit ĂȘtre organisĂ©e selon des rĂšgles fixes et universelles est Ă  la fois utopique et pernicieuse. Feyerabend en dĂ©duit l’aphorisme Ă  quoi souvent l’on rĂ©sume sa pensĂ©e Tout est bon.» Caricature qui laisse penser que pour Feyerabend toutes les thĂ©ories sont bonnes. Il ne s’agit naturellement pas de cela, mais seulement d’affirmer que toutes les mĂ©thodes sont bonnes pour arriver au bon rĂ©sultat. Feyerabend s’en prend aux mĂ©thodologies censĂ©es fournir des rĂšgles de conduite aux scientifiques. Il reconnaĂźt en Lakatos un frĂšre en anarchie, puisque Lakatos ne propose pas de critĂšre de choix entre diffĂ©rents programmes de recherche. Lire aussi MĂ©taphysique quantique Sven Ortoli & Jean-Pierre Pharabod La notion de hasard figure en bonne place dans les dĂ©bats scientifique du xxe siĂšcle. Le hasard est-il une composante intrinsĂšque de la nature ou le simple reflet de notre ignorance sur les mĂ©canismes vĂ©ritables de la nature ? Il est difficile de comparer d’un point de vue logique les diffĂ©rentes interprĂ©tations des thĂ©ories qui dĂ©coulent de ces deux hypothĂšses dans la mesure oĂč elles s’appuient sur des concepts philosophiques diffĂ©rents. DĂšs lors, nous dit Feyerabend, les thĂ©ories concurrentes ne peuvent pas ĂȘtre comparĂ©es dans leurs structures logiques, elles correspondent Ă  deux visions du monde diffĂ©rentes. Cependant, si les thĂ©ories concurrentes correspondent Ă  des visions du monde diffĂ©rentes, il est nĂ©anmoins prĂ©somptueux d’en conclure qu’elles ne sont pas comparables. Elles peuvent, en effet, ĂȘtre mises en concurrence au niveau des faits, indĂ©pendamment de leur cohĂ©rence logique propre. C’est d’ailleurs ce qui s’est souvent passĂ©. On n’imagine pas que la thĂ©orie de la relativitĂ© se serait imposĂ©e si les mesures ne l’avaient pas confirmĂ©e contre la mĂ©canique classique. MĂȘme si l’on a critiquĂ© plus haut le crĂ©dit trop grand que Popper accorde aux faits, on ne peut, d’un revers de main, balayer le fait hors de la science. Aussi ne peut-on suivre Feyerabend lorsqu’il prĂ©tend que le choix entre des thĂ©ories incommensurables est subjectif. Les thĂ©ories plongent toujours quelques racines dans les faits, dans les mesures ; il existe Ă  ce niveau une zone de rencontre qui permet de les comparer. Au XXe siĂšcle, le chaos et le hasard ont fait irruption dans la science. La philosophie des sciences a dĂ» s’affirmer pour accompagner cette Ă©volution sans se trouver elle-mĂȘme rejetĂ©e dans ce chaos. On ne sait pas si la science est vraie, mais on peut affirmer tout de mĂȘme qu’elle s’appuie sur des faits et sur des idĂ©es, sur des expĂ©riences et sur des paradigmes. On doit Ă©galement renoncer Ă  dĂ©montrer la primautĂ© du fait sur l’idĂ©e ou de l’idĂ©e sur le fait. L’époque n’est plus aux philosophies fermĂ©es mais aux idĂ©es complexes, ouvertes, comme aurait dit Gaston Bachelard. Les faits et les idĂ©es s’influencent rĂ©ciproquement, avancent ensemble, cahin-caha. Ainsi marche la connaissance d’un pas d’écrevisse vers un but indĂ©fini. Article paru dans Science et Avenir, n° 549, novembre 1992 IngĂ©nieur SupĂ©lec, conseiller en stratĂ©gie, Bruno Jarrosson enseigne la philosophie des sciences Ă  SupĂ©lec et la thĂ©orie des organisations Ă  l'UniversitĂ© Paris-Sorbonne. Co-fondateur et prĂ©sident de l’association "HumanitĂ©s et entreprise", il est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment Invitation Ă  une philosophie du management 1991 ; Pourquoi c'est si dur de changer 2007 ; Les secrets du temps 2012 et derniĂšrement De Sun Tzu Ă  Steve Jobs, une histoire de la stratĂ©gie 2016. Suivre sur Twitter BrunoJarrosson
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Enfaisant de l’ignorance une passion, Lacan faisait plus que de reconduire le lien traditionnel qui veut que la passion soit une manifestation de l’ignorance. Avec la notion de savoir insu, la psychanalyse change le statut de l’ignorance et la situe comme passion du transfert, avec l’amour et la haine. L’ignorance tĂ©moigne alors d’un fait de structure 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID kuTd5VfRYQEYA9BEmkueLG3VUpul1McoJG1K1vl7KT1QZ8tlbSSl0w==
Lemot "ignorance" est utilisĂ© en deux significations. Tout d'abord, c'est un manque intellectuel de culture et d'ignorance. Quand une personne ne connaĂźt pas, par exemple, tout comme Sherlock Holmes, que la Terre tourne autour du Soleil. DeuxiĂšmement, la dĂ©finition de «l'ignorance» a un sens familier – de se comporter de maniĂšre
Les citations de Michel de Montaigne À chaque pied son soulier. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La vraie science est une ignorance qui se sait. Michel de Montaigne ; Les pensĂ©es diverses 1580 Quand le faire et le dire vont ensemble, c'est une belle harmonie Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est pas de passion qui Ă©branle tant la sincĂ©ritĂ© des jugements comme la colĂšre. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est rĂ©plique si piquante que le mĂ©pris silencieux. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La plus expresse marque de la sagesse, c'est une Ă©jouissance constante. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Le gain de notre Ă©tude, c'est en ĂȘtre devenu meilleur et plus sage. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 L'obstination et ardeur d'opinion est la plus sĂ»re preuve de bĂȘtise. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La parole est moitiĂ© Ă  celui qui parle, moitiĂ© Ă  celui qui Ă©coute. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est rien qu'on doive tant recommander Ă  la jeunesse que l'activitĂ© et la vigilance. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est dĂ©sir plus naturel que le dĂ©sir de connaissance. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il faut apprendre Ă  souffrir ce qu'on ne peut Ă©viter. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Qui craint de souffrir, il souffre dĂ©jĂ  de ce qu'il craint. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il ne faut pas laisser au jugement de chacun la connaissance de son devoir. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 De toutes les vanitĂ©s, la plus vaine c'est l'homme. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La vraie libertĂ©, c'est de pouvoir toute chose sur soi. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 L'amitiĂ© se nourrit de communication. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 L'Ă©loquence fait injure aux choses qui nous dĂ©tourne Ă  soi. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Le monde n'est que babil et ne vis jamais homme qui ne dise plutĂŽt plus que moins qu'il ne doit. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Le silence et la modestie sont qualitĂ©s trĂšs commodes Ă  la conversation. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Savoir par cƓur n'est pas savoir, c'est tenir ce qu'on a donnĂ© en garde Ă  sa mĂ©moire. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Toute autre science est dommageable Ă  celui qui n'a la science de la bontĂ©. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Toute Ăąme s'Ă©largit d'autant plus qu'elle se remplit. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Quiconque aura sa vie Ă  mĂ©pris se rendra toujours maĂźtre de celle d'autrui. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Rien de noble ne se fait sans hasard. Michel de Montaigne ; Les essais 1580
ScYd.
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  • la vraie science est une ignorance qui se sait