Les20 proverbes, adages et dictons jalousie : La vĂ©ritable jalousie fait toujours croĂźtre l'amour. La haine et la jalousie suivent l'honneur, la vertu et le bonheur. Gardez-vous de la jalousie, surtout des excĂšs qu'elle entraĂźne. La jalousie est la sĆur de l'amour, comme le diable est le frĂšre des anges.15 A cette Ă©poque-lĂ , Pierre se leva au milieu des disciples; le nombre des personnes rĂ©unies Ă©tait d'environ 120. Il dit 16 Mes frĂšres, il fallait que s'accomplisse l'Ecriture, ce que le Saint-Esprit avait annoncĂ© d'avance par la bouche de David au sujet de Judas, devenu le guide de ceux qui ont arrĂȘtĂ© JĂ©sus. 17 Il Ă©tait l'un des nĂŽtres et il avait part au mĂȘme ministĂšre. 18 Cet homme a achetĂ© un champ avec le salaire du crime; il y est tombĂ© en avant, s'est Ă©ventrĂ© et toutes ses entrailles sont sorties. 19 Tous les habitants de JĂ©rusalem l'ont appris, c'est pourquoi ce champ a Ă©tĂ© appelĂ© dans leur langue 'Hakeldama', c'est-Ă -dire 'le champ du sang'. 20 Or il est Ă©crit dans le livre des Psaumes Que sa maison devienne dĂ©serte et que personne ne l'habite! et Qu'un autre prenne sa charge! 21 »Il faut donc choisir un homme parmi ceux qui nous ont accompagnĂ©s tout le temps oĂč le Seigneur JĂ©sus a vĂ©cu avec nous, 22 depuis le baptĂȘme de Jean jusqu'au jour oĂč il a Ă©tĂ© enlevĂ© du milieu de nous. Il nous sera associĂ© comme tĂ©moin de sa rĂ©surrection.» 23 Ils en prĂ©sentĂšrent deux Joseph appelĂ© Barsabbas, surnommĂ© Justus, et Matthias. 24 Puis ils firent cette priĂšre Seigneur, toi qui connais le coeur de tous, dĂ©signe lequel de ces deux hommes tu as choisi 25 pour prendre part Ă ce ministĂšre et Ă cette charge d'apĂŽtre que Judas a abandonnĂ©s pour aller Ă la place qui est la sienne.» 26 Ils tirĂšrent au sort et le sort tomba sur Matthias, qui fut associĂ© aux onze apĂŽtres. 15aoĂ»t 2021. La Bienheureuse Vierge Marie est la mĂšre de JĂ©sus-Christ. Contrairement aux revendications de certains, l'Ăglise catholique n'enseigne pas et n'a jamais enseignĂ© que Marie est Dieu. Ce serait une hĂ©rĂ©sie. Marie nâest
DĂ©couvrir la Bible Ă©thiopienne, câest aller de surprise en surprise. Son canon est le plus vaste et ses contours souples. Pourquoi son canon est-il conçu diffĂ©remment ? Quelle place lâĂthiopie occupe-t-elle dans la Bible ? La Bible Ă©thiopienne frappe, dâabord, par son Ă©tendue selon une tradition fermement Ă©tablie, 81 livres la composent. Il sâagit du plus vaste canon, ou liste de livres reconnus comme Ăcritures saintes, attestĂ© dans le christianisme. Ă titre de comparaison, le nombre dâouvrages retenus sâĂ©lĂšve Ă 73 chez les catholiques et Ă 66 chez les protestants. Quels sont donc ces mystĂ©rieux livres qui font autoritĂ© dans lâĂglise orthodoxe Ă©thiopienne et nulle part ailleurs ? Prenons comme illustration les deux ouvrages les plus fameux HĂ©noch et JubilĂ©s. HĂ©noch nâest pas un inconnu le livre de la GenĂšse le mentionne en septiĂšme position dans la gĂ©nĂ©alogie des descendants dâAdam, en prĂ©cisant HĂ©noch vĂ©cut en tout 365 ans. Ayant marchĂ© dans les voies de Dieu, il disparut car Dieu lâavait enlevĂ© » GenĂšse 5,24. Quant au livre qui porte son nom, les chrĂ©tiens hors de lâĂthiopie nâen ignoraient pas tout non plus, car les Ă©ditions du Nouveau Testament le citent explicitement. En effet, lâauteur de lâĂ©pĂźtre de Jude Ă©crit au sujet de certains opposants Câest sur eux aussi quâa prophĂ©tisĂ© HĂ©noch, le septiĂšme depuis Adam, en disant âVoici que vient le Seigneur avec ses saintes milices pour exercer le jugement universel et convaincre tous les impies de toutes leurs impiĂ©tĂ©s criminelles et de toutes les insolentes paroles que les pĂ©cheurs impies ont profĂ©rĂ©es contre lui.â » Jude 14-15. Le lecteur de la Bible retrouve ici le personnage de la GenĂšse, mais câest le Livre dâHĂ©noch 1,9 quâil doit ouvrir pour y retrouver la citation. Celle-ci en laisse pressentir le thĂšme central, Ă savoir le jugement final des humains et des anges le livre rapporte Ă ce sujet diverses rĂ©vĂ©lations reçues par le personnage Ă©ponyme. Mais encore faut-il avoir accĂšs Ă cet ouvrage⊠totalement absent des bibliothĂšques occidentales durant des siĂšcles. Il fallut attendre le XVIIIe siĂšcle pour quâil soit redĂ©couvert, lorsque des manuscrits Ă©thiopiens furent rapportĂ©s en Europe. Pourtant, HĂ©noch avait reçu un large Ă©cho dans le christianisme antique Justin Martyr, IrĂ©nĂ©e de Lyon, Tertullien, OrigĂšne ou encore saint Augustin citent sa traduction grecque. Dâaucuns le considĂ©raient comme un livre Ă joindre aux Ăcritures saintes, mĂȘme si lâavis contraire prĂ©valut. Auparavant, il avait constituĂ© une Ćuvre importante du judaĂŻsme du second Temple, comme lâa montrĂ© la dĂ©couverte de manuscrits aramĂ©ens, des IIe-Ier siĂšcles av. parmi les rouleaux de la mer Morte. NĂ©anmoins, seuls les scribes abyssiniens lâont prĂ©servĂ© avec constance depuis lâAntiquitĂ©, dans sa version guĂšze ; aujourdâhui encore, câest Ă eux que lâon doit de pouvoir le lire en entier. Il en est de mĂȘme des JubilĂ©s, autre texte juif rĂ©digĂ© au IIe siĂšcle av. seule la traduction Ă©thiopienne contient lâintĂ©gralitĂ© de ses cinquante chapitres. Les fragments de QumrĂąn nâen conservent quâenviron 15 %, mais un autre rouleau de la mer Morte cite ce livre aprĂšs la formule il est Ă©crit », caractĂ©ristique des livres tenus pour sacrĂ©s. Son contenu surprend moins le lecteur de la Bible, puisquâil sâagit dâune refonte des rĂ©cits de la GenĂšse et de lâExode. Toutefois, des dĂ©tails supplĂ©mentaires y sont fournis. Par exemple, si la GenĂšse ne parle que des fils dâAdam et Ăve, câest-Ă -dire CaĂŻn, Abel et Seth, le Livre des JubilĂ©s leur attribue aussi deux filles, Awan et Azura. Et ce sont elles quâĂ©pousĂšrent respectivement CaĂŻn et Seth ! Surtout, une profonde vision du temps et des traditions juives imprĂšgne la narration. Lâhistoire est structurĂ©e en jubilĂ©s, pĂ©riodes de 49 ans, et les traditions fondatrices du judaĂŻsme font lâobjet dâun retour aux sources », Ă une Ă©poque oĂč certains sont tentĂ©s de trop sâaccommoder des pratiques hellĂ©nistiques. Un corpus aux contours souples Nous lâavons dit, HĂ©noch et JubilĂ©s reprĂ©sentent les Ćuvres les plus emblĂ©matiques parmi les ouvrages propres au canon Ă©thiopien. Et pourtant⊠ils ne sont pas toujours mentionnĂ©s dans les listes dâĂcritures saintes en Ăthiopie ! Câest la seconde surprise Ă relever les listes fournies, aujourdâhui encore, dans des ouvrages religieux et thĂ©ologiques de ce pays, fluctuent ; elles nâaboutissent pas de la mĂȘme façon au total de 81 ouvrages, quand il est atteint, ce qui nâest pas toujours le cas. De fait, on distingue parfois deux listes. Le canon Ă©troit », suivi dans les Ă©ditions modernes de la Bible, se diffĂ©rencie du canon catholique par la prĂ©sence, dans lâAncien Testament, de HĂ©noch, JubilĂ©s, 3 et 4 Esdras, le Psaume 151, la PriĂšre de ManassĂ© et les ParalipomĂšnes de JĂ©rĂ©mie. En outre, on nây lit pas la forme habituelle de 1 et 2 MaccabĂ©es, mais trois ouvrages propres Ă la tradition Ă©thiopienne les MaccabĂ©es de Moab, les MaccabĂ©es de Benjamin et les MaccabĂ©es de Lazare. Le canon large », lui, inclut aussi une Histoire des Juifs attribuĂ©e Ă Joseph Ben Gorion, fondĂ©e sur lâĆuvre de lâhistorien juif du Ier siĂšcle Flavius JosĂšphe, ainsi que des traitĂ©s thĂ©ologiques de lâĂ©poque des PĂšres de lâĂglise. Cette distinction entre deux formes du canon demeure toutefois schĂ©matique et ne rend pas compte de toute la fluiditĂ© des listes, qui, encore une fois, excluent parfois jusquâĂ HĂ©noch ou JubilĂ©s. InterrogĂ©s sur le sujet par des chercheurs contemporains, les savants Ă©thiopiens rĂ©affirment lâimportance du nombre total de 81, fermement ancrĂ© dans la tradition, mais reconnaissent quâil est difficile de dire avec exactitude comment lâon y parvient par le calcul. Autrement dit, ils admettent volontiers le flou existant quant aux limites exactes du canon biblique. VoilĂ qui peut se rĂ©vĂ©ler dĂ©routant pour les mentalitĂ©s occidentales, habituĂ©es aux listes bien dĂ©finies, surtout depuis que les conflits confessionnels du XVIe siĂšcle ont amenĂ© protestants et catholiques Ă fixer les contours de leurs Ăcritures saintes avec nettetĂ©. Pour comprendre la situation Ă©thiopienne, il convient Ă la fois de revenir sur lâhistoire de ce pays et de prendre connaissance dâune autre maniĂšre de concevoir le canon. Sur le plan historique, deux Ă©poques semblent avoir marquĂ© la Bible Ă©thiopienne. Tout dâabord, la pĂ©riode dite axoumite IVe-VIIe siĂšcles, du nom de la capitale Axoum aprĂšs lâĂ©tablissement du christianisme dans le pays au IVe siĂšcle et le rattachement de la jeune Ăglise au patriarcat copte dâAlexandrie, de nombreuses Ćuvres disponibles en grec et provenant dâĂgypte sont traduites en guĂšze. Puisque des inscriptions du roi Ă©thiopien Kaleb et de son fils, au dĂ©but du VIe siĂšcle, citent toute une sĂ©rie de passages bibliques dans leur langue, il semble quâune partie substantielle des Ăcritures au moins a dĂ©jĂ Ă©tĂ© traduite auparavant. Se constitue ainsi lâune des plus anciennes versions de la Bible en langue vernaculaire. Le noyau des livres traduits est fourni par la Septante. Mais ce dernier terme ne constitue en rĂ©alitĂ© quâun nom donnĂ© a posteriori Ă un corpus aux contours mal dĂ©finis, fruit dâun long processus de traduction de livres juifs en grec, du IIIe siĂšcle av. au Ier siĂšcle ap. Pendant les premiers siĂšcles du christianisme, câest, de fait, une multiplicitĂ© dâouvrages copiĂ©s sur des rouleaux sĂ©parĂ©s qui circule. Il faut attendre la production de recueils sous la forme de codex » ancĂȘtre du livre, Ă partir du IVe siĂšcle, pour voir rĂ©unies matĂ©riellement, pour la premiĂšre fois, de vĂ©ritables collections mĂ©ritant le nom de bibles ». Il sâagit, par exemple, des codices Vaticanus, Sinaiticus et Alexandrinus ; mais elles ne possĂšdent pas exactement le mĂȘme sommaire. LâAntiquitĂ© chrĂ©tienne ne verra aucun concile gĂ©nĂ©ral imposer Ă tous un canon biblique unique. Si, par exemple, la plus ancienne liste complĂšte des livres du Nouveau Testament est dressĂ©e dĂšs 367 par Athanase dâAlexandrie, elle nâinfluencera pas les Ă©glises syriennes. Songeons ainsi que la Peshitta, traduction syriaque de la Bible, laisse de cĂŽtĂ© plusieurs Ă©pĂźtres 2 Pierre, 2 et 3 Jean, Jude ainsi que lâApocalypse. Dans ces conditions, il ne faut pas sâĂ©tonner que les traducteurs Ă©thiopiens Ćuvrant aux IVe-Ve siĂšcles aient eu une conception souple des livres Ă adopter, et quâils aient inclus des ouvrages tenus ailleurs pour apocryphes ». Cela surprend dâautant moins que cette Ăglise est longtemps demeurĂ©e relativement Ă lâĂ©cart du reste du christianisme. Tout comme le patriarcat copte dâAlexandrie dont elle dĂ©pendait, lâĂglise Ă©thiopienne ne sâest pas ralliĂ©e aux dĂ©cisions thĂ©ologiques adoptĂ©es par la plupart des Ăglises lors du concile de ChalcĂ©doine 451. Il sâagissait alors de statuer sur la relation entre les natures humaine et divine du Christ. Un facteur de sĂ©paration plus important encore fut lâexpansion de lâislam, qui isola gĂ©ographiquement lâĂthiopie du reste de la chrĂ©tientĂ©. MĂȘme les relations avec lâĂglise copte devinrent irrĂ©guliĂšres Ă partir du VIIIe siĂšcle. Durant des siĂšcles, les prĂȘtres Ă©thiopiens disposĂšrent dâune vaste bibliothĂšque dâouvrages faisant autoritĂ©, sans avoir Ă confronter leur pratique Ă celle des autres Ăglises. Câest au XIIIe siĂšcle quâil faut situer la deuxiĂšme pĂ©riode marquante pour lâhistoire de la Bible Ă©thiopienne. LâĂglise-mĂšre copte resserre alors son influence, et de nombreuses Ćuvres Ă©gyptiennes, Ă©crites en arabe, sont traduites en guĂšze. Les Ăthiopiens hĂ©ritent alors du nombre de 81, vu comme total des livres canoniques, dâĆuvres mĂ©diĂ©vales coptes. Par exemple, ce nombre apparaĂźt dans le Sinodos, une compilation de rĂšglements concernant la vie ecclĂ©siale et liturgique, dont une version fut traduite en guĂšze vers le XIIIe siĂšcle. Le mĂȘme nombre est rĂ©affirmĂ© par le Fetha Nagast Loi des rois », livre du XIIIe siĂšcle traduit en guĂšze vers le XVIe siĂšcle. Ce dernier fournit pourtant une liste dĂ©taillĂ©e des livres canoniques dont le total reprĂ©sente seulement, selon la façon de compter, 71 ou 73 ouvrages ! Dans le mĂȘme temps, les contacts avec les prĂȘtres coptes relancent de vigoureux dĂ©bats thĂ©ologiques sur la TrinitĂ© et le Christ. Plusieurs Ćuvres ayant longtemps eu un statut quasi canonique se voient alors contestĂ©es. Il en est ainsi de LâAscension dâIsaĂŻe, fameuse pour son rĂ©cit du martyre du prophĂšte Ă©ponyme, sciĂ© en deux. Cet ouvrage semble avoir Ă©tĂ© Ă©cartĂ© en raison de lâaffirmation que JĂ©sus a seulement lâapparence dâun homme â contrairement Ă la doctrine de lâIncarnation. Autre signe de la magnitude des controverses, au XVe siĂšcle, lâempereur Zara Yaeqob lui-mĂȘme intervient pour dĂ©fendre le statut de HĂ©noch et de JubilĂ©s. Ămerge alors, ou se prĂ©cise, une conception du canon autre que lâappartenance Ă une liste fixĂ©e. La canonicitĂ© est en rĂ©alitĂ© jugĂ©e en fonction de la conformitĂ© Ă la doctrine chrĂ©tienne. Si ce critĂšre a conduit Ă laisser de cĂŽtĂ© certains livres au XVe siĂšcle, elle autorise une conception souple et inclusive Ă lâĂ©gard de toute une sĂ©rie dâautres ouvrages qui gravitent autour du noyau des livres incontestĂ©s et ne heurtent en rien les thĂ©ologiens Ă©thiopiens. Depuis cette Ă©poque, lâĂglise Ă©thiopienne a ainsi conservĂ© la tradition du total de 81 livres sans jamais fixer de maniĂšre prĂ©cise la liste des livres du canon et, surtout, sans en Ă©prouver le besoin. Des traditions bibliques dĂ©veloppĂ©es en Ăthiopie Pour saisir lâĂ©troite relation entretenue par les Ăthiopiens avec la Bible, il faut aller plus loin que le constat dâun canon vaste aux contours souples. La troisiĂšme et derniĂšre surprise Ă Ă©voquer ici concerne la maniĂšre dont lâĂthiopie sâest trouvĂ©e dans la Bible et, en retour, a Ă©crit son histoire Ă cette lumiĂšre en tirant le fil de traditions bibliques. Ses thĂ©ologiens ont tout dâabord lu dans la Bible diverses mentions flatteuses et prometteuses de leur pays, sous des noms divers. On pense dâabord au verset affirmant que Kush accourt, les mains tendues vers Dieu » Psaume 68,32. Mais aussi Ă deux rĂ©cits, dans lâun et lâautre Testament de la Bible, Ă©voquant des souveraines. Le premier voit la reine de Saba rendre visite Ă Salomon aprĂšs avoir entendu parler de sa sagesse 1 Rois 10,1-10. Le second rapporte quâun haut fonctionnaire de Candace, reine dâĂthiopie, venu Ă JĂ©rusalem, dĂ©couvre lâĂvangile et se fait promptement baptiser Actes 8,26-40. Ces noms gĂ©ographiques Kush, Saba, Ăthiopie dĂ©signaient dans lâAntiquitĂ© des rĂ©gions proches les unes des autres, voire difficiles Ă distinguer. En grec, Ăthiopie » ne visait pas encore clairement lâAbyssinie, mais de lointaines populations de peau noire. La mention de Candace montre que le rĂ©cit des Actes Ă©voque le royaume de MĂ©roĂ©. Saba Ă©tait le nom dâun royaume situĂ© sur le territoire du YĂ©men actuel. Il passa sous la domination dâAxoum aux IVe-VIIe siĂšcles, et des liens antiques existaient entre les deux pays, situĂ©s de part et dâautre de la mer Rouge, sans que lâon puisse les faire remonter Ă lâĂ©poque de Salomon. Quant Ă Kush, il dĂ©signait en gĂ©nĂ©ral la Nubie nord du Soudan actuel, mais lâextension gĂ©ographique exacte Ă laquelle pensaient les auteurs bibliques nâest pas toujours claire ; dâaucuns pensent quâelle a parfois pu inclure le territoire abyssinien. Quoi quâil en soit, les Ăthiopiens ont tout naturellement lu diverses mentions de leur pays dans les Ăcritures. Ils ont, en rĂ©alitĂ©, fait bien plus. Tirant profit de traditions et de sources qui brodaient dĂ©jĂ sur les narrations bibliques, des lettrĂ©s abyssiniens ont peint une vaste fresque dans laquelle leur pays, leur monarchie et leur foi trouvent des racines antiques et vĂ©nĂ©rables, ainsi quâune place dans la destinĂ©e du monde. Cette Ćuvre ambitieuse, le Kebra Nagast ou Gloire des rois, se prĂ©sente formellement comme un discours prononcĂ© lors du concile de NicĂ©e, en 325. En rĂ©alitĂ©, le livre est Ă©crit pour lĂ©gitimer une nouvelle dynastie royale en Ăthiopie, inaugurĂ©e par Yekunno Amlak Ă la fin du XIIIe siĂšcle. Si le texte est long et complexe, il se rĂ©vĂšle gouvernĂ© par une ligne cohĂ©rente qui relie les origines de lâĂthiopie Ă son rĂŽle eschatologique. Dâune part, en effet, Ă la faveur dâune réécriture de lâhistoire de la reine de Saba, la nouvelle dynastie se rattache directement Ă celle de Salomon. Le Kebra Nagast raconte que la souveraine est repartie de JĂ©rusalem enceinte de ce roi. Ayant grandi, leur fils part visiter son pĂšre en IsraĂ«l. Lors de son retour en Ăthiopie, ceux qui lâaccompagnent en rapportent secrĂštement lâarche dâAlliance, appelĂ©e Sion dans le texte. Câest pourquoi lâon affirme encore aujourdâhui Ă Axoum que cette arche se trouve dans lâĂ©glise Sainte-Marie-de-Sion. De mĂȘme, HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ© 1892-1975, dernier empereur Ă©thiopien et dernier reprĂ©sentant de la mĂȘme dynastie, revendiquait descendre de Salomon. Dâautre part, les participants du concile de NicĂ©e apprennent la dĂ©couverte, dans la basilique Sainte-Sophie, Ă Constantinople, dâun livre selon lequel le gouvernement du monde revient aux rois de Rome et dâĂthiopie. La rĂ©partition doit se faire ainsi Du milieu de JĂ©rusalem et du nord de celle-ci au sud-est, câest la part du roi de Rome, et du milieu de JĂ©rusalem, du nord de celle-ci au sud et Ă lâInde occidentale, câest la part du roi dâĂthiopie. » On comprend lâintĂ©rĂȘt pour la monarchie Ă©thiopienne ! Et, dans le rĂ©cit du moins, pour lâempereur romain Constantin, qui prĂ©side au concile⊠NĂ©anmoins, câest en dĂ©finitive lâĂthiopie qui aura le plus beau rĂŽle, car le livre retrouvĂ© prĂ©dit quâelle demeurera fidĂšle jusquâĂ la venue de lâAntichrist, tandis que Rome finira par sâĂ©carter de la foi orthodoxe. DâoĂč viennent ce motif dâun rĂšgne mondial partagĂ© entre ces deux rois et cette idĂ©e dâune prĂ©cellence de lâĂthiopie ? De livres apocalyptiques rĂ©digĂ©s en Syrie aux VIIe-VIIIe siĂšcles, en un temps oĂč la chrĂ©tientĂ© Ă©tait secouĂ©e par lâexpansion de lâislam et cherchait un sens Ă lâHistoire. LâĂthiopie fait alors figure de puissance chrĂ©tienne Ă©pargnĂ©e par les conquĂȘtes musulmanes. Ă lâĂ©vidence, origines salomoniennes et vocation Ă un rĂšgne puissant sont, Ă lâĂ©poque mĂ©diĂ©vale, liĂ©es par des prĂ©occupations politiques autant que religieuses. Aujourdâhui, ces enjeux disparus, le Kebra Nagast nâen joue pas moins le rĂŽle dâĂ©popĂ©e nationale et fonde tout un complexe de reprĂ©sentations religieuses et culturelles qui façonnent la maniĂšre dont lâĂthiopie, ou du moins lâĂglise orthodoxe Ă©thiopienne, comprend sa propre identitĂ© â le tout prenant sa source dans un vĂ©nĂ©rable rĂ©cit biblique⊠Par Matthieu Richelle , universitĂ© catholique de Louvain LĂ©gende Saint Luc Ă©crivant, Bible Ă©thiopienne, vers 1440-1480. The Cleveland Museum of Art. © The Cleveland Museum of Art/ Purchase from the Fund Ă lire dans le numĂ©ro 235 dĂ©cembre 2020-janvier-fĂ©vrier 2021 Fascinante Ăthiopie juive et chrĂ©tienne. Cliquer pour acheter le numĂ©ro.
Cettepetite espérance qui n'a l'air de rien du tout. Cette petite fille espérance." Extrait du fameux texte de Charles Péguy. Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance. Et je n'en reviens pas. Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout. Cette petite fille espérance.