Quese passe-t-il aprÚs la mort ? Voici quelques théories Le Net 15/08/2022. Henri . 23/08/2022. H.R. Que vous croyiez ou non à la vie aprÚs la mort, il y a certainement beaucoup de gens qui y croient. La plupart des religions du monde ont des façons trÚs différentes d'envisager la vie aprÚs la mort, ce qui finit par façonner des nations et des cultures entiÚres de maniÚre trÚs
Pour bien se reprĂ©senter le rĂŽle immense de la religion, il faut envisager tout ce qu'elle entreprend de donner aux hommes ; elle les Ă©claire sur l'origine et la formation de l'univers, leur assure, au milieu des vicissitudes de l'existence, la protection divine et la bĂ©atitude finale, enfin elle rĂšgle leurs opinions et leurs actes en appuyant ses prescriptions de son autoritĂ©. Ainsi remplit-elle une triple fonction. En premier lieu tout comme la science mais par d'autres procĂ©dĂ©s, elle satisfait la curiositĂ© humaine et c'est d'ailleurs par lĂ qu'elle entre en conflit avec la science. C'est sans doute Ă sa seconde mission que la religion doit la plus grande partie de son influence. La science en effet ne peut rivaliser avec elle, quand il s'agit d'apaiser la crainte de l'homme devant les dangers et les hasards de la vie ou de lui apporter quelque consolation dans les Ă©preuves. La science enseigne, il est vrai, Ă Ă©viter certains pĂ©rils, Ă lutter victorieusement contre certains maux impossible de nier l'aide qu'elle apporte aux humains, mais dans bien des cas elle ne peut supprimer la souffrance, et doit se contenter de leur conseiller la rĂ©signation ». Freud. Nouvelles confĂ©rences sur la psychanalyse. Objet du texte Bien se reprĂ©senter » c'est se faire une idĂ©e claire et distincte de quelque chose. Freud invite d'abord Ă bien se reprĂ©senter un fait le phĂ©nomĂšne religieux a un poids Ă©norme dans le monde. Les religions sont des grands faits collectifs contribuant puissamment Ă donner au monde sa forme et sa couleur, sans doute Ă dĂ©terminer son destin. Au fond Freud demande de prendre acte d'un fait politiquement, gĂ©opolitiquement le fait religieux a une importance majeure. Pour se faire une idĂ©e trĂšs claire de cette rĂ©alitĂ© ; entendons pour en prendre la mesure exacte il convient d'articuler ce fait Ă un autre fait, peut-ĂȘtre moins donnĂ© Ă l'observation naĂŻve il faut, dit le texte, envisager tout ce que la religion entreprend de donner aux hommes ». Il faut » c'est-Ă -dire il est absolument nĂ©cessaire de comprendre que la force de la religion tient Ă la force des intĂ©rĂȘts humains qu'elle a pour mission de satisfaire. La religion est au service des besoins, des affects des hommes. Elle a une dimension utilitaire. L'immensitĂ© de son rĂŽle sur le théùtre des affaires humaines est proportionnelle Ă l'immensitĂ© des services qu'elle rend. Freud montre qu'ils sont de trois ordres Une religion propose une conception du monde. En ce sens elle remplit une fonction thĂ©orique par oĂč elle entre en conflit avec la science. Elle apaise les craintes et nourrit les espoirs d'un ĂȘtre confrontĂ© Ă l'angoisse de sa finitude et de sa misĂšre existentielle. Freud prĂ©cise que c'est sans doute Ă cette seconde mission que la religion doit la plus grande partie de son influence ». Il souligne ainsi la souverainetĂ© des affects dans la vie des hommes. Leur puissance est sans commune mesure avec les exigences pures de l'esprit telle que, par exemple l'exigence de vĂ©ritĂ©. VoilĂ pourquoi les hommes confondent d'ordinaire ce qui est vrai ou juste avec ce qu'il leur est utile ou agrĂ©able de croire tel. LĂ est le ressort de l'efficacitĂ© psychologique de toutes les idĂ©ologies et de toutes les religions. Elles sont infiniment plus influentes que la science car celle-ci n'est pas au service des affects au contraire la science requiert pour ĂȘtre Ă©laborĂ©e une ascĂšse, un effort pour s'arracher Ă ce que Platon dĂ©finit mĂ©taphoriquement comme la prison du corps afin de faire triompher les requĂȘtes de l'esprit et elle est beaucoup moins capable de rendre aux hommes les services que leur rend la religion. Les hommes, en effet, sont majoritairement des ĂȘtres sensibles ne poursuivant pas de maniĂšre dĂ©sintĂ©ressĂ©e la vĂ©ritĂ© et le bien. Les systĂšmes de reprĂ©sentation ordonnĂ©s Ă la satisfaction de leurs intĂ©rĂȘts sensibles ont donc infiniment plus de prestige Ă leurs yeux que les savoirs Ă©laborĂ©s de maniĂšre dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Elle donne Ă ses adeptes un code de conduite et un systĂšme de pensĂ©e d'autant plus aptes Ă les cohĂ©rer qu'ils procĂšdent de l'autoritĂ© du sacrĂ©. Les religions ont en effet le pouvoir de cimenter idĂ©ologiquement les membres d'un groupe. Elles dĂ©finissent une orthopraxie ce qu'il convient de faire adossĂ©e Ă une orthodoxie ce qu'il convient de croire dont le mĂ©rite est d'Ă©chapper Ă la dĂ©libĂ©ration collective. Pas de conflits d'opinions, pas de dĂ©bats dans les systĂšmes politiques fondĂ©s sur le thĂ©ologique. Elles assurent ainsi une stabilitĂ© et une cohĂ©sion du corps politique qu'il est bien difficile d'obtenir lĂ oĂč les hommes sont reconnus comme les seuls instituteurs des savoirs et des lois. La religion sert donc bien de multiples intĂ©rĂȘts ; elle remplit une fonction thĂ©orique, une fonction psychologique et une fonction politique. Remarquons que le texte proposĂ© Ă notre analyse ne fait que signaler la fonction thĂ©orique et la fonction politique. Il n'approfondit pas ces aspects du phĂ©nomĂšne religieux mĂȘme s'il est suffisamment explicite pour interdire de faire l'impasse sur leur importance. L'analyse freudienne se concentre sur la dimension psychologique du fait religieux, ce qui ne saurait nous Ă©tonner. Freud n'est ni un Ă©pistĂ©mologue ni un penseur politique. C'est un spĂ©cialiste de la psychologie des profondeurs qui sait par expĂ©rience combien le dĂ©terminisme psychique conscient ou inconscient Ćuvre dans tout ce qui est humain. L'enjeu de sa confĂ©rence et par lĂ mĂȘme de ce texte est donc de psychanalyser la religion et de mettre en perspective le discours religieux et le discours scientifique afin de montrer que dans le conflit qui les oppose de maniĂšre rĂ©currente la science est vaincue d'avance ; elle ne peut pas rivaliser avec la religion parce que les requĂȘtes de la psychĂ© sont infiniment plus puissantes que celles de la raison. Explication dĂ©taillĂ©e. Pourquoi la religion ThĂšme a-t-elle une place si importante dans la vie des hommes d'hier, d'aujourd'hui et sans doute de demain ? Et pourquoi dans sa concurrence avec le discours religieux, le discours scientifique ne peut-il pas rivaliser ? Telles sont les questions que Freud affronte dans ce texte oĂč il analyse le statut de la religion dans l'Ă©conomie de l'existence humaine. Il prend en considĂ©ration le phĂ©nomĂšne religieux en gĂ©nĂ©ral, non telle ou telle religion et Ă©tablit que toute religion remplit une triple fonction. ThĂšse Dans la premiĂšre phrase du texte il Ă©numĂšre ces trois fonctions. La religion, apprend-on satisfait la curiositĂ© humaine, elle apaise l'angoisse et entretient l'espoir ; elle normalise les rapports sociaux en consacrant de son autoritĂ© un code de conduite et un systĂšme de reprĂ©sentation. A partir de la troisiĂšme phrase, Freud explicite la nature des deux premiĂšres fonctions nommĂ©es en mettant en concurrence la religion et la science. Il s'agit pour lui de faire apparaĂźtre pourquoi la science ne peut pas rivaliser avec la religion. Enjeu du texte Constat amer pour un homme de science, mais constat d'une grande clairvoyance. On comprend clairement pourquoi le combat des LumiĂšres n'est jamais achevĂ© et mĂȘme pourquoi il est perdu d'avance. 1 La rivalitĂ© science / religion du point de vue thĂ©orique. L'une et l'autre satisfont la curiositĂ© humaine. La curiositĂ© est l'expression de la nature spirituelle de l'ĂȘtre humain. Parce qu'il est esprit l'homme se pose des questions, il a besoin de s'expliquer le monde dans lequel il vit ou sa propre existence. D'oĂč venons-nous ? Qui sommes-nous ? OĂč allons-nous ? Il veut savoir et soumet la totalitĂ© du rĂ©el Ă l'interrogation. VoilĂ pourquoi les hommes mĂ©diatisent leur rapport au rĂ©el par des paroles, des rĂ©cits ayant pour fonction de rĂ©duire l'Ă©trangetĂ© des choses et de se les approprier symboliquement. Ils Ă©laborent ainsi des systĂšmes de reprĂ©sentation du rĂ©el qui leur donnent une vue d'ensemble et expliquent par un principe unique un ensemble de phĂ©nomĂšnes. C'est ce que Freud appelle dans sa confĂ©rence une conception de l'univers. Il faut entendre par lĂ une construction intellectuelle ayant un caractĂšre systĂ©matique et unifiĂ©. La religion et la science proposent l'une et l'autre de tels systĂšmes mais comme l'Ă©crit Freud elles ne procĂšdent pas du tout de la mĂȘme maniĂšre. Leur point commun elles produisent de l'intelligibilitĂ© propice Ă des amalgames douteux au fond prĂ©tend-on complaisamment elles procĂšdent l'une et l'autre d'un souci de savoir et l'une a autant autoritĂ© que l'autre dans leur domaine respectif ne doit pas minimiser l'hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© radicale de ces discours et leur antinomie. Freud n'Ă©lucide pas, dans ce passage, cette hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© mais dans sa confĂ©rence il s'emploie Ă pointer les diffĂ©rences afin d'Ă©tablir que la science et la religion n'ont pas des droits Ă©gaux Ă la vĂ©ritĂ©. PrĂ©tendre le contraire est de son aveu le propre d'une reprĂ©sentation anti-scientifique de la rĂ©alitĂ©. La vĂ©ritĂ©, Ă©crit-il, ne peut pas ĂȘtre tolĂ©rante, elle ne doit admettre ni compromis, ni restrictions. La science considĂšre comme siens tous les domaines oĂč peut s'exercer l'activitĂ© humaine et devient inexorablement critique dĂšs qu'une puissance tente d'en aliĂ©ner une partie ». PB Qu'est-ce donc qui distingue le discours religieux et le discours scientifique en ce qui concerne le souci de rendre intelligible le rĂ©el ? Pour l'analyse dĂ©taillĂ©e voir le corrigĂ© la science est-elle incompatible avec la religion?. Conclusion Au terme de cette comparaison, il apparaĂźt que la religion ne peut pas rivaliser avec la science sur la plan thĂ©orique. Ses Ă©noncĂ©s n'Ă©tant ni des "vĂ©ritĂ©s de fait" ni des "vĂ©ritĂ©s de raison", elle est extĂ©rieure au champ de la rationalitĂ©. Hume Ă©crivait en ce sens Si nous prenons en main un volume quelconque de thĂ©ologie ou de mĂ©taphysique scolastique, par exemple, demandons-nous Contient-il des raisonnements abstraits sur la quantitĂ© et le nombre ? Non. Contient-il des raisonnements expĂ©rimentaux sur des questions de fait et d'existence ? Non. Alors, mettez-le au feu, car il ne contient que sophismes et illusions». EnquĂȘte sur l'entendement humain. 1748. 2 La rivalitĂ© science/religion sur le plan existentiel ou psychologique. L'analyse freudienne Ă©tablit que de ce point de vue la science ne peut pas concurrencer la religion. Son infĂ©rioritĂ© procĂšde de son impuissance Ă rendre aux hommes les inestimables services que la religion leur rend. - Celle-ci leur assure la protection divine et la bĂ©atitude finale ». - Elle apaise leurs craintes devant les dangers et les hasards de la vie ...elle leur apporte quelques consolations dans les Ă©preuves ». ProtĂ©ger », apaiser », consoler ». Tous ces termes pointent le rapport du discours religieux Ă des affects. Ils dĂ©voilent le sujet de ce discours ou son adepte, beaucoup moins comme un esprit curieux, soucieux de contempler la vĂ©ritĂ© que comme un ĂȘtre affectif dont les reprĂ©sentations sont ordonnĂ©es Ă la satisfaction de certains dĂ©sirs. -Besoin ou dĂ©sir de protection. Il semble bien, en effet, que quelles que soient les religions, les hommes attendent des dieux auxquels ils vouent un culte une tutelle protectrice. Par des rites, par des priĂšres, par des sacrifices ils cherchent Ă apaiser leurs courroux, Ă attirer sur eux leurs faveurs. Tout se passe comme si les religions s'adressaient en chacun de nous Ă celui qui, comme l'enfant a besoin d'un pĂšre pour veiller sur lui, lui apporter soins et attentions, Ă©loigner les dangers menaçants lui donnant ainsi un salutaire sentiment de sĂ©curitĂ©. -Besoin d'ĂȘtre apaisĂ©. Les dangers ne manquent pas dans une vie d'homme. Maladies, Ă©chec sentimental ou professionnel, solitude, misĂšre, guerres, deuils, proximitĂ© de la mort. Notre condition est bien celle d'un ĂȘtre misĂ©rable. Vivre c'est ĂȘtre exposĂ© aux alĂ©as de la vie de telle sorte que le souci, l'inquiĂ©tude, l'angoisse sont notre lot commun. D'oĂč l'intĂ©rĂȘt d'un discours qui, Ă dĂ©faut de dissiper les craintes les tient en respect par la confiance en une puissance protectrice et bienveillante. -Besoin d'ĂȘtre consolĂ© et d'espĂ©rer un monde meilleur. L'homme dĂ©sire ĂȘtre heureux or il a souvent rendez-vous avec le malheur. Il lui semble que le bonheur devrait ĂȘtre la rĂ©compense de la vertu or il observe parfois que le bon est accablĂ© tandis que tout semble rĂ©ussir au mĂ©chant. On comprend lĂ encore l'avantage d'un discours aidant Ă supporter les Ă©preuves en leur donnant un sens ex Dieu Ă©prouve ceux qu'il aime » Dieu donne, Dieu reprend » et qui invite Ă l'espĂ©rance d'un au-delĂ oĂč la misĂ©ricorde divine effacera les souffrances prĂ©sentes et donnera la bĂ©atitude paradisiaque. Il va de soi que la connaissance scientifique ne peut donner de telles satisfactions. Le but de la science est la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ© non l'assistance psychologique et morale des hommes. Au contraire en Ă©tudiant rationnellement le rĂ©el elle le dĂ©senchante selon la belle formule de Max Weber. En soumettant le fait religieux Ă l'enquĂȘte scientifique, la science disqualifie la religion en en faisant Ă la maniĂšre freudienne le symptĂŽme d'une nĂ©vrose infantile ou Ă la maniĂšre de Marx un opium du peuple. Dans tous les cas la religion est dĂ©noncĂ©e comme une aliĂ©nation et une illusion. Etre dans l'illusion c'est prendre des fictions pour des rĂ©alitĂ©s. Une illusion, Ă©crit Freud, est une reprĂ©sentation dans la motivation de laquelle la satisfaction d'un dĂ©sir est prĂ©valente » En nommant les dĂ©sirs trouvant Ă se satisfaire dans la religion le savant ne fait pas l'Ă©loge de cette derniĂšre, il en dĂ©nonce au contraire le caractĂšre suspect. Et s'il pointe l'infĂ©rioritĂ© de la science sur ce terrain c'est parce que l'analyse des faits l'exige. Par principe la science est muette sur les questions qui importent le plus aux hommes. VoilĂ pourquoi on peut Ă la fois ĂȘtre un savant et un homme de foi. Le savant ne dĂ©loge pas en lui l'existant infiniment intĂ©ressĂ© Ă trouver des rĂ©ponses Ă ses questions mĂ©taphysiques, le savant n'Ă©radique pas en lui les attentes d'un sujet affectif ayant parfois besoin, pour se tenir debout de nourrir des espĂ©rances. Le savoir a des limites et ces limites mĂȘmes ouvrent un espace pour la croyance. Que celle-ci procĂšde de requĂȘtes affectives et soit Ă ce titre suspecte Ă l'analyse rationnelle ne suffit pas Ă la disqualifier radicalement car il faudrait pour cela dĂ©montrer sa faussetĂ© et cela est rigoureusement impossible. L'existence de Dieu, l'espĂ©rance d'une vie aprĂšs la mort, la croyance en tel sens de l'existence, tous ces Ă©noncĂ©s ne sont ni des vĂ©ritĂ©s de raison ni des vĂ©ritĂ©s de fait ; la science ne peut par principe rien en dire. Il s'ensuit que la connaissance scientifique est compatible en fait avec la foi. La confiance en une parole dĂ©livrant un message sur les interrogations humaines les plus importantes, existentiellement parlant, n'est pas invalidĂ©e par le discours scientifique puisque celui-ci laisse les hommes totalement dĂ©munis en ce qui concerne ce genre de prĂ©occupations. Tout au plus l'Ă©thique scientifique peut-elle ĂȘtre une invitation Ă penser qu'il en est du sens de la vie, des valeurs Ă honorer, des espĂ©rances Ă entretenir, ce qu'il en est de la vĂ©ritĂ© objective. C'est Ă l'homme courageusement, en sujet majeur d'en dĂ©cider de la mĂȘme maniĂšre que c'est lui seul avec ses propres ressources qui bĂątit les savoirs. Mais n'est-ce pas trop demander Ă la majoritĂ© des hommes ? N'ont-ils pas besoin du secours d'une transcendance qui, par son autoritĂ©, les dispense d'assumer la rĂ©ponse aux questions essentielles et leur donne la certitude dont ils ont besoin pour ne pas succomber au dĂ©sespoir et au sentiment de l'absurde ? Ce soupçon est, certes lĂ©gitime mais il ne doit pas conduire Ă mĂ©connaĂźtre la spĂ©cificitĂ© de l'expĂ©rience de la foi. La mĂȘme honnĂȘtetĂ© intellectuelle que dĂ©veloppe l'esprit scientifique et qui devrait conduire le croyant Ă un certain scepticisme Les dogmes ne sont-ils pas trop utiles pour ĂȘtre vrais ? devrait inviter le savant Ă l'Ă©tonnement et Ă la rĂ©serve. Car depuis que les religions ont lĂąchĂ© du lest dans leur fonction politique, la pratique religieuse cessant de relever d'un conformisme social s'est intĂ©riorisĂ©e. Elle est devenue une affaire de foi or la foi est, en toute rigueur, une expĂ©rience Ă©tonnante. On a la foi ou on ne l'a pas et on peut se demander si celui qui est Ă©tranger Ă cette expĂ©rience est habilitĂ© Ă en parler. La foi est une adhĂ©sion ferme de l'esprit, subjectivement aussi forte que celle qui constitue la certitude mais incommunicable par la dĂ©monstration » Lalande Quel est le sens de ce vĂ©cu ? Ce qui est Ă©tranger Ă la dĂ©monstration est extĂ©rieur Ă la science certes, mais n'est-ce pas une dimension de l'expĂ©rience humaine dont le savant doit prendre acte Ă dĂ©faut de pouvoir l'expliquer scientifiquement ? Pascal en tirait prĂ©texte pour dire que Le cĆur a ses raisons que la raison ne connaĂźt pas » que c'est Le cĆur qui sent Dieu, et non la raison. VoilĂ ce que c'est que la foi, Dieu sensible au cĆur, non Ă la raison » PensĂ©es 277 et 279 B. Au fond le thĂ©ologien est tentĂ© de disqualifier la raison comme voie d'accĂšs au vrai et d'imposer la RĂ©vĂ©lation ou une lumiĂšre surnaturelle ; le savant qui ne reconnaĂźt pas d'autre autoritĂ© dans la constitution des savoirs que la raison et l'expĂ©rience est tentĂ© de disqualifier la croyance religieuse et c'est ainsi que le conflit est toujours ouvert. La rigueur rationnelle n'exige-t-elle pas, au contraire, de dĂ©limiter les places des uns et des autres et d'avouer modestement que le savoir ayant des limites, la croyance est irrĂ©ductible ; rĂ©ciproquement que la croyance reposant sur des principes aussi peu solides que des sentiments ou des affects, sur une adhĂ©sion silencieuse hors d'atteinte de la discussion critique ; voire se revendiquant radicalement irrationnelle croire mĂȘme si c'est absurde » peut ĂȘtre un solide bĂąton de voyage mais doit s'interdire toute prĂ©tention Ă la vĂ©ritĂ© ? Freud termine sa rĂ©flexion en prĂ©cisant que la science aussi, rend des services aux hommes mĂȘme s'ils sont incommensurables avec ceux que rend la religion. De fait, en dĂ©gageant les lois qui rĂ©gissent les phĂ©nomĂšnes la science permet de faire des prĂ©dictions et d'agir sur le rĂ©el pour produire ou pour Ă©viter les faits prĂ©dictibles. Science d'oĂč prĂ©voyance, prĂ©voyance d'oĂč action » Ă©crit Auguste Comte. Ainsi est-il possible grĂące Ă la connaissance d'Ă©viter certains pĂ©rils » et de lutter victorieusement contre certains dangers » L'efficacitĂ© technicienne tĂ©moigne bien de l'utilitĂ© du savoir scientifique mais enfin la science ne consolera jamais de la perte d'un ĂȘtre cher. Tout au plus enseigne-t-elle que c'est ainsi et que la seule attitude rationnelle est de prendre acte des faits. Ce que Freud appelle une attitude de rĂ©signation. La croyance en une Providence divine ou bien en un au-delĂ oĂč nous nous retrouverons est en revanche nettement plus efficace en terme de soutien dans l'Ă©preuve. 3 La fonction politique et morale de la religion Elle rĂšgle leurs opinions et leurs actes en appuyant ses prescriptions de toute son autoritĂ© ». Freud souligne ici que toute religion dĂ©finit une morale. Une morale est un ensemble de rĂšgles auxquelles on doit conformer sa conduite. Ces rĂšgles distinguent un bien et un mal ; un permis et un interdit. Elles ont pour fin de rendre l'homme bon et de normer ses relations avec les autres. C'est dire leur intĂ©rĂȘt social ou politique. Les religions, selon l'Ă©tymologie, relient les hommes Ă une transcendance pour mieux les lier les uns avec les autres et l'avantage d'un tel fondement de la morale ou de la politique saute aux yeux. Les dĂ©crets de Dieu ne se discutant pas, il n'y a pas de conflits d'opinions dans les sociĂ©tĂ©s fondĂ©es sur la religion ; ces dĂ©crets Ă©tant sacrĂ©s, leur puissance coercitive est sans commune mesure avec celle des lois simplement humaines. On ne peut pas, en effet, Ă©chapper au lĂ©gislateur divin comme on le peut avec le lĂ©gislateur humain. Le premier voit tout, le secret des cĆurs aussi bien que les conduites et si ce n'est pas dans cette vie il faudra rendre des comptes dans l'autre. Avouons qu'il y a de quoi rafraĂźchir les ardeurs sacrilĂšges ! Les religions assurent ainsi une stabilitĂ© et une cohĂ©sion du corps politique qui sont refusĂ©es aux systĂšmes ayant rompu avec la fondation religieuse. En tout cas de tels systĂšmes ne peuvent pas attendre de la science un quelconque secours. La science Ă©tudie ce qui est ; elle n'a aucune compĂ©tence pour prescrire ce qui doit ĂȘtre. Tous les grands penseurs le rĂ©pĂ©teront d'un indicatif on ne peut dĂ©duire un impĂ©ratif. Le champ moral et le champ politique mettent en jeu des valeurs et le discours portant sur les valeurs est extĂ©rieur Ă la scientificitĂ©. Il n'y a ni science politique, ni science morale possibles. Tout au plus l'esprit scientifique peut-il dĂ©velopper chez ceux qui sont formĂ©s Ă ses exigences des vertus morales l'honnĂȘtetĂ© intellectuelle, le courage, la rigueur, la capacitĂ© de prendre acte des faits, la modestie etc. mais la dĂ©termination des fins, le choix des valeurs sont compĂ©tence morale ou politique, non compĂ©tence scientifique. Conclusion Quelle que soit la fonction envisagĂ©e, la science ne peut dans les faits rivaliser avec la religion. La nature affective de l'homme, sa complaisance dans l'Ă©tat de minoritĂ© intellectuelle et politique, le besoin qu'il a d'une tutelle protectrice et d'une Parole le dispensant d'assumer l'angoisse de la libertĂ© ou de l'autonomie rationnelle fondent la toute puissance de la religion. En droit pourtant la science est bien supĂ©rieure sur le plan thĂ©orique mais elle a des limites qui lui font obligation de laisser une place Ă la croyance et de reconnaĂźtre le mystĂšre de la foi. Partager Marqueursaffects, autonomie, crainte, croyance, espoir, foi, morale, politique, religion, rĂ©vĂ©lation, sacrĂ©, science
De2011 Ă 2013, Marc Anglaret â alors IATICE de philosophie de lâacadĂ©mie de Montpellier â avait constituĂ© puis mis Ă jour un recueil classifiant lâintĂ©gralitĂ© des sujets de dissertation donnĂ©s au baccalaurĂ©at ou prĂ©vus pour les sessions de remplacement depuis 1996.
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Longtemps la rĂ©ponse a Ă©tĂ© du ressort de la religion â et nombreux sont encore les chrĂ©tiens qui croient que lâhomme est nĂ© du souffle divin et quâil est apparu il y a 6 000 ans, en
L'homme peut-il se passer de religion ? Introduction Il apparaĂźt difficile de rĂ©flĂ©chir Ă ce qui constitue la culture humaine c'est-Ă -dire tout ce qui est le produit de l'activitĂ© humaine â nature, sans s'intĂ©resser au phĂ©nomĂšne religieux. La religion est en effet un fait humain universel. Comme l'Ă©crit Bergson "On trouve dans le passĂ©, on trouverait mĂȘme aujourd'hui des sociĂ©tĂ©s qui n'ont ni science ni art ni philosophie. Mais il n'y a jamais eu de sociĂ©tĂ© sans religion"[1]. On peut mĂȘme affirmer qu'au dĂ©part, la religion n'existe pas comme Ă©lĂ©ment de la culture car tout est religieux. Culture et religion ne font donc qu'une. Cependant, si la religion apparaĂźt universelle, "La religion demeure une Ă©nigme, non seulement en un sens thĂ©orique mais Ă©galement en un sens Ă©thique. Elle est lourde d'antinomies thĂ©oriques et de contradictions Ă©thiques. Elle nous promet une communion avec la nature et avec les hommes, avec les puissances surnaturelles et les dieux eux-mĂȘmes, mais la rĂ©alitĂ© est tout Ă fait diffĂ©rente. Dans sa manifestation concrĂšte, la religion est la source des plus profondes dissensions et de luttes fanatiques entre les hommes. Elle prĂ©tend ĂȘtre en possession d'une vĂ©ritĂ© absolue, mais son histoire est faite d'erreurs et d'hĂ©rĂ©sies. Elle est promesse et espĂ©rance d'un monde transcendant â bien au-delĂ des limites de l'expĂ©rience humaine â, mais elle reste humaine, trop humaine"[2]. Mais qu'entend-on par "religion" ? Le mot "religion" a une histoire qu'il est important de rappeler. Le terme est en effet dĂ©rivĂ© du latin religio ce qui attache ou retient, lien moral, inquiĂ©tude de conscience, scrupule utilisĂ© par les romains, avant JĂ©sus Christ, pour dĂ©signer le culte des dĂ©mons. â la religio est historiquement une affaire romaine et impĂ©riale. Mais l'origine du mot a Ă©tĂ© sujette Ă dĂ©bat depuis l'antiquitĂ©. CicĂ©ron dont l'interprĂ©tation est reconnue aujourd'hui le dit venir de "relegere" relire, revoir avec soin, rassembler dans le sens de "considĂ©rer soigneusement les choses qui concernent le culte des dieux". A l'inverse, LucrĂšce, Lactance ou Tertullien voient son origine dans "religare" relier pour dĂ©signer "le lien de piĂ©tĂ© qui unit Ă Dieu". Quoiqu'il en soit, le mot est repris par le christianisme, qui l'oppose Ă la superstitio. La religio dĂ©signe alors l'Ăglise catholique romaine, tandis que les autres formes de croyances relĂšvent de la superstitio. Puis, Ă partir du XVIe siĂšcle, avec la RĂ©forme, la religion va s'adresser au christianisme dans son ensemble catholiques et protestants. Enfin, au XIXe siĂšcle, le mot "religion" finit par dĂ©signer toutes les formes de cultes, c'est-Ă -dire toutes les formes de manifestation sociale en rapport avec le sacrĂ©. La religion qualifie donc l'ensemble des croyances, dogmes et pratiques qui dĂ©finissent les rapports de l'ĂȘtre humain avec le sacrĂ© ou la divinitĂ©, autrement dit, avec une forme de transcendance. On peut en effet, malgrĂ© la diversitĂ© des formes religieuses, dĂ©gager une constance, Ă savoir la croyance en une autre vie dans l'au-delĂ , Ă laquelle seuls auront accĂšs les fidĂšles. Une religion particuliĂšre est dĂ©finie par les Ă©lĂ©ments spĂ©cifiques Ă une communautĂ© de croyants dogmes, livres sacrĂ©s, rites, cultes, sacrements, prescriptions Ă partir d'une rĂ©vĂ©lation s'appuyant sur l'histoire exemplaire d'un peuple, d'un prophĂšte ou d'un sage qui a enseignĂ© un idĂ©al de vie. La religion peut ĂȘtre dĂ©finie par ses trois grandes caractĂ©ristiques - les croyances et les pratiques religieuses, lesquelles se rĂ©fĂšrent Ă une forme de transcendance - le sentiment religieux et la foi - l'union dans une mĂȘme communautĂ© de ceux qui partagent une mĂȘme foi l'Ăglise. C'est un argument avancĂ© pour diffĂ©rencier la religion de la magie. Une religion, c'est une structure, une hiĂ©rarchie, une organisation, des dogmes, un credo, une morale, des rites, une liturgie, et en ce sens, elle se distingue de la simple foi, mĂȘme s'il n'y aurait pas religion sans foi. RepĂšres Transcendant / immanent Le transcendant, c'est ce qui dĂ©passe ou est supĂ©rieur Ă une rĂ©alitĂ© donnĂ©e. Autrement dit, une chose est transcendante quand elle relĂšve d'un degrĂ© de rĂ©alitĂ© supĂ©rieur, d'un autre ordre. C'est ce qui est au-dessus du monde ou des frontiĂšres connues. Lâimmanent du latin in-manere, qui signifie demeurer en, Ă l'inverse, dĂ©signe ce qui est compris dans la nature d'un ĂȘtre, qui ne nĂ©cessite pas l'appel Ă un principe supĂ©rieur. C'est ce qui relĂšve du mĂȘme degrĂ© ou du mĂȘme niveau de rĂ©alitĂ©. RĂ©flĂ©chir au phĂ©nomĂšne religieux, c'est avant tout se demander "Pourquoi la religion ?", c'est-Ă -dire s'interroger sur les causes de la religion ses fondements, mais aussi sur sa finalitĂ©. I. Le besoin religieux pourquoi les hommes croient-ils ? â cf. texte de Freud, Malaise dans la civilisation, PUF, trad. Ch. et J. Odier, pp. 19-20 Malaise dans la culture, pp. 17-18. â cf. texte de Nietzsche, Par-delĂ le bien et le mal, IV, 61, trad. GeneviĂšve Bianquis, coll. 10/18, pp. 107-108. II. Dieu existe t-il ? La premiĂšre des croyances est la croyance en une forme de transcendance ; celle-ci a fini par prendre la figure d'un Dieu unique, possĂ©dant toutes les perfections. C'est pourquoi on a pu dĂ©finir la religion comme un ensemble de doctrines et de pratiques en rapport avec la puissance divine. Il y a des religions sans dieu ex. le bouddhisme, mais il est vrai que la majoritĂ© des religions font appel Ă une ou plusieurs divinitĂ©s. Difficile donc de rĂ©flĂ©chir au phĂ©nomĂšne religieux sans faire rĂ©fĂ©rence Ă la figure divine, et sans se poser la premiĂšre question s'y rapportant, Ă savoir celle de l'existence de Dieu. Habituellement, l'existence d'une chose dĂ©coule d'un simple constat. Je sais qu'une chose existe si je peux faire le constat matĂ©riel de son existence, si je peux attester de sa rĂ©alitĂ© empirique. Le problĂšme avec l'existence de Dieu, c'est que comme le rappelle l'apĂŽtre Jean "Personne n'a jamais vu Dieu"[3] ou "Dieu, personne ne l'a jamais vu". Ainsi, Mahomet reçoit la parole divine non par Dieu lui-mĂȘme, mais par l'intermĂ©diaire de l'ange Gabriel, et si Dieu a parlĂ© Ă MoĂŻse directement, comme il est Ă©crit dans l'Exode "Le Seigneur parlait avec MoĂŻse, face Ă face, comme un homme parle avec un autre" celui-ci ne l'a cependant pas vu. Car comme l'avertit Dieu "Tu ne pourras pas me contempler en face, car aucun ĂȘtre humain ne peut me voir et rester en vie." L'existence de Dieu ne pouvant pas ĂȘtre constatĂ©e directement aucune preuve empirique directe ne pouvant ĂȘtre fournie, de nombreuses tentatives ont dont Ă©tĂ© effectuĂ©es pour dĂ©montrer son existence soit de maniĂšre indirecte, soit de maniĂšre purement rationnelle. 1. Les "preuves" de l'existence de Dieu D'une maniĂšre relativement tardive donc, et souvent dans un but apologĂ©tique, la mĂ©taphysique s'est efforcĂ©e de prouver l'existence de Dieu, ou plutĂŽt son ĂȘtre, puisque Dieu ne saurait, Ă la maniĂšre d'un objet, ĂȘtre pris dans le dĂ©terminisme et le devenir idĂ©es qui sont impliquĂ©es par le terme d' "existence". Kant a rĂ©sumĂ© et critiquĂ© les trois principaux arguments donnĂ©s en faveur de l'existence divine le terme d' "argument" est en fait prĂ©fĂ©rable au terme de "preuve" puisque selon Kant, ces soi-disant "preuves" ne prouvent justement rien[6]. Les voici, avec leur dĂ©nomination kantienne L'argument ontologique ou "cartĂ©sien" Il dĂ©duit l'existence de Dieu de la simple dĂ©finition de l'ĂȘtre parfait ; l'ĂȘtre parfait est celui qui possĂšde toutes les perfections il ne saurait rien lui manquer. Or, l'existence est une perfection, donc l'ĂȘtre parfait existe. Le concept de Dieu implique l'existence, comme le concept de triangle implique que la somme de ses angles soit Ă©gale Ă deux droits. Il est Ă noter que cet argument est un argument a priori, c'est-Ă -dire qu'il ne fait pas appel Ă l'expĂ©rience sensible. Ici, on passe de l'idĂ©e de Dieu son essence Ă son existence, en ne faisant donc appel qu'Ă la raison. â cf. texte deAnselme de Canterbury, Proslogion, chapitres II â IV, tr. KoyrĂ©, Ă©d. Bibl. des textes phil., p. 13-17. â cf. texte deDescartes, MĂ©ditations mĂ©taphysiques, 1641, "CinquiĂšme MĂ©ditation", dans Ćuvres de Descartes, Ă©ditions Ferdinand AlquiĂ©, Garnier t. II, p. 472. L'argument cosmologique Il prend appui sur l'expĂ©rience ; les effets que nous montre l'expĂ©rience s'expliquent par leurs causes. Or, chacune de ces causes a elle-mĂȘme besoin pour ĂȘtre expliquĂ©e, d'avoir sa propre cause. Cette rĂ©gression de cause en cause n'est pas infinie, sinon le monde serait inexplicable. Si le monde est intelligible, il faut qu'on puisse remonter Ă une cause premiĂšre, qui n'a pas elle-mĂȘme de cause. C'est ce qu'on appelle Dieu. Autrement dit, si quelque chose existe, il doit exister un ĂȘtre absolument nĂ©cessaire. Or, j'existe, donc il existe un ĂȘtre absolument nĂ©cessaire, Ă savoir Dieu. Comme le suivant, cet argument est a posteriori, c'est-Ă -dire qu'il se fonde sur l'expĂ©rience dans la mesure oĂč seule cette derniĂšre me permet de savoir que j'existe. L'argument physico-thĂ©ologique, dit encore tĂ©lĂ©ologique Il prend appui sur une expĂ©rience dĂ©terminĂ©e, celle de l'ordre de l'harmonie rĂ©gnant dans le monde. Dans la nature, nous trouvons un accord rĂ©gulier dans l'ensemble des phĂ©nomĂšnes, et dans les ĂȘtres vivants, une rĂ©ciprocitĂ© harmonique des causes. Cet accord et cette rĂ©ciprocitĂ© ne peuvent s'expliquer par la matiĂšre mĂȘme dont les choses sont faites. Il faut donc admettre, en dehors des choses, une intelligence ordinatrice qui a librement imposĂ© un ordre Ă l'aveugle nature. 2. La rĂ©futation des preuves de l'existence de Dieu Il est indubitable, ⊠que le supplice des enfants a Ă©tĂ©, et devait ne pas ĂȘtre, et que Dieu pouvait faire quâil ne soit pas. Comme Dieu ne sâest pas manifestĂ© dans les circonstances oĂč, moralement, il lâaurait dĂ», sâil existait, il serait coupable. La notion dâun Dieu coupable et mĂ©chant apparaissant contradictoire, il faut conclure que Dieu nâest pas. Marcel Conche, Orientation philosophique, chap. I, Paris, PUF, 1990. Kant va critiquer ces trois arguments en montrant que l'argument cosmologique implique la preuve ontologique, et que l'argument physico-thĂ©ologique implique les deux prĂ©cĂ©dents. Kant oppose au premier argument que l'existence n'est pas un attribut logique que l'analyse peut tirer d'un concept. Il n'y aucune diffĂ©rence selon lui entre cent thalers imaginaires et cent thalers rĂ©els au point de vue des attributs qui dĂ©finissent la notion de cent thalers. De mĂȘme l'idĂ©e de Dieu existant n'est pas plus riche en attributs que l'idĂ©e de Dieu non existant. Seule l'expĂ©rience, qui fait ici dĂ©faut, peut dĂ©terminer si le possible est rĂ©el. "Si je supprime le prĂ©dicat, dans un jugement identique, et que je garde le sujet, il en rĂ©sulte une contradiction, et c'est pourquoi je dis que ce prĂ©dicat convient nĂ©cessairement au sujet. Mais si j'enlĂšve le sujet en mĂȘme temps que le prĂ©dicat, il n'y a plus de contradiction, car il ne reste plus rien que la contradiction puisse affecter. Poser un triangle en en supprimant ses trois angles est contradictoire ; mais faire disparaĂźtre Ă la fois le triangle et les trois angles, il n'y a plus lĂ contradiction. Il en est exactement de mĂȘme du concept d'un ĂȘtre absolument nĂ©cessaire. Si vous lui ĂŽtez l'existence, vous supprimez la chose mĂȘme avec tous ses prĂ©dicats ; d'oĂč peut venir alors la contradiction ?[7]" Si Dieu n'existe pas, on ne peut pas dire qu'il est imparfait, sinon cela voudrait dire qu'il existe il faut exister pour ĂȘtre imparfait. Or Dieu, tel qu'on nous le prĂ©sente, est tout puissant, mais pas au point d'exister et ne pas exister en mĂȘme temps. En fait, l'argument repose sur une ambiguĂŻtĂ© du verbe "ĂȘtre". Le verbe "ĂȘtre" a en effet deux sens un sens grammatical copule et un sens ontologique. Ainsi selon Saint Augustin "Si Dieu est Dieu, Dieu est". Or, pour Kant, il y a ici glissement du sens copulatif au sens ontologique. Il ne faut pas confondre un sens logique et un sens rĂ©el. Ainsi, lorsque je dis "Les lutins sont verts", le verbe ĂȘtre a une fonction copulative ; il ne fait que relier un attribut ou un prĂ©dicat = vert, Ă un sujet lutins. Mais si je dis "Les lutins sont verts", cela ne signifie que les lutins sont. Ou on dit "Dieu est existant", ou on ne fait qu'ajouter un prĂ©dicat au concept de Dieu. Il ne faut pas prendre l'existence comme une dĂ©termination du concept. Autrement dit, il ne faut pas confondre le concept et l'objet rĂ©fĂ©rentiel. L'existence n'est pas d'ordre conceptuel ; elle est la position dans l'ĂȘtre. Pour Hegel cependant, Dieu n'est pas un concept comme un autre. C'est le seul cas pour lequel l'essence implique enveloppe l'existence. Dieu est en effet pour lui un ĂȘtre nĂ©cessaire qui ne peut pas ne pas ĂȘtre. L'argument cosmologique abuse quant Ă lui du principe de causalitĂ©, en posant une cause qui n'admet pas elle-mĂȘme de cause. En effet, le principe de causalitĂ© n'est pas respectĂ© puisqu'il y a une cause, la cause premiĂšre qui ne respecte pas ce principe. Si l'interlocuteur prĂ©cise que cette cause est la cause d'elle-mĂȘme, c'est-Ă -dire qu'elle se crĂ©e elle-mĂȘme, on sort des limites de la raison. L'argument ne peut alors ĂȘtre utilisĂ© comme une preuve rationnelle. Enfin, l'argument tĂ©lĂ©ologique conduit seulement Ă concevoir Dieu comme l'architecte du monde, et non comme son crĂ©ateur ; sinon il rejoint l'argument cosmologique. En conclusion, Kant nous dit que le concept de Dieu est soit un concept ordinaire, soit c'est un concept exceptionnel. S'il est ordinaire, la rĂšgle de la logique nous dit que du possible au rĂ©el la consĂ©quence n'est pas bonne ce n'est pas parce qu'une chose est possible, c'est-Ă -dire qu'elle peut ĂȘtre, qu'elle existe, c'est-Ă -dire qu'elle est. Si au contraire, il s'agit d'une idĂ©e exceptionnelle, alors elle nous dĂ©passe, et nous ne pouvons rien en dire. Impossible donc de prouver l'existence de Dieu. L'existence d'une chose ne saurait en effet se dĂ©montrer, mais seulement se constater, comme l'Ă©crit Sartre dans La NausĂ©e "Par dĂ©finition l'existence n'est pas la nĂ©cessitĂ©. Exister, c'est ĂȘtre lĂ , simplement. Les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les dĂ©duire". Ne rĂ©pĂ©tant en cela que ce qu'Ă©crivait dĂ©jĂ Hume "On peut donc seulement prouver l'existence d'un ĂȘtre par des arguments tirĂ©s de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent entiĂšrement sur l'expĂ©rience"[8]. Cependant, impossible Ă©galement de prouver son inexistence. Autrement dit, celui qui nie l'existence de Dieu doit le faire lui aussi sans preuve. Mais cela est lĂ©gitime, car comme le dit Euclide "Ce qui est affirmĂ© sans preuve, peut ĂȘtre niĂ© sans preuve". L'existence de Dieu est donc affaire de croyance et non de savoir. En d'autres termes, elle est affaire de foi et non de raison. Ne faut-il pas dĂšs lors s'interroger sur les rapports qu'entretiennent ces deux termes ? Et le diable dans tout ça ? Comme le dit Ivan dans les FrĂšres Karamazov "Je pense que si le diable n'existe pas, s'il a Ă©tĂ© créé par l'homme, celui-ci l'a fait Ă son image". III. Foi et raison L'histoire de la relation entre foi et raison est loin d'ĂȘtre un long fleuve tranquille. Pour ne citer qu'un seul exemple, le philosophe dominicain Giordano Bruno connaĂźtra le bĂ»cher en fĂ©vrier 1600 pour avoir voulu proclamer que l'homme peut aller Ă Dieu par sa seule raison, sans la mĂ©diation du Christ par l'esprit et non par la foi. Sa revendication tragique du droit Ă la libertĂ© d'esprit pour le philosophe l'a amenĂ© Ă des thĂšses si incompatibles avec la foi chrĂ©tienne que l'inquisition le brĂ»lera au terme d'un long procĂšs. Toutes les grandes religions ont pourtant essayĂ© de concilier les exigences de la foi et celles de la raison. L'Islam se fonde par exemple sur la Sourate intitulĂ©e "La famille d'Amram" Verset 190, pour affirmer l'accord entre raison et foi "Il y a certes dans la crĂ©ation des cieux et de la terre, dans la succession des nuits et des jours des signes pour ceux qui sont douĂ©s dâintelligence." Et Jean-Paul II Ă©crit dans son Encyclique Fides et ratio Foi et raison le 14 septembre 1998 "La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent Ă l'esprit humain de s'Ă©lever vers la contemplation de la vĂ©ritĂ©." Cependant, la conciliation entre foi et raison est chose difficile, c'est pourquoi trois attitudes se sont dessinĂ©es au cours des siĂšcles - celle selon laquelle la foi est supĂ©rieure Ă la raison - celle selon laquelle la raison est supĂ©rieure Ă la foi - celle selon laquelle foi et raison peuvent cohabiter Ă Ă©galitĂ© car leur domaine d'intervention n'est pas le mĂȘme. Mais qu'entend-on par "foi" ? Kant distingue l'opinion, la foi et la science. Opinion Foi Science C'est une croyance que je possĂšde, mais pour laquelle je ne possĂšde aucune certitude, ni objective, ni subjective. C'est une croyance que je possĂšde, pour laquelle j'ai une certitude subjective, mais pas objective. C'est une croyance que je possĂšde, pour laquelle j'ai Ă la fois une certitude subjective et objective. Comme le dit Alain, la foi consiste Ă "croire sans preuve, et mĂȘme contre les preuves". Ou comme l'Ă©crit Kierkegaard "La foi n'a pas besoin de la preuve, elle doit mĂȘme la regarder comme son ennemie"[9]. C'est bien en effet le sens des paroles du Christ "Parce que tu m'as vu, tu as cru bien heureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru". Ăvangile selon Jean, XX, 29 Il s'agit de la rĂ©ponse de JĂ©sus Ă Thomas, l'apĂŽtre sceptique. Celui-ci a demandĂ© Ă enfoncer ses doigts dans les plaies du Christ avant de croire au Miracle de le RĂ©surrection[10]. Marie a vu le tombeau vide. Avec les autres disciples elle a vu le Christ ressuscitĂ©, il leur a montrĂ© ses plaies⊠Ils ont tous racontĂ© Ă Thomas ce qu'ils venaient de voir. Mais Thomas ne croit pas leur rĂ©cit il veut voir par lui-mĂȘme. La parole peut ĂȘtre creuse, la rĂ©alitĂ© est pleine pas de vĂ©ritĂ© qui ne soit un accord observable entre ce qui est dit et ce qui est. En fait nous sommes ici dans cette catĂ©gorie de vĂ©ritĂ© quâon appelle "vĂ©ritĂ© de tĂ©moignage" tous les jours nous croyons ce que nous lisons dans les journaux alors que nous ne pouvons pas vĂ©rifier l'exactitude de ces informations. Simplement nous ne croyons pas n'importe quelle source ; nous avons choisi un journal pour la fiabilitĂ© et le sĂ©rieux de ses reporters. Donc Thomas ne croit pas les autres apĂŽtres. Seulement il doit croire le Fils de Dieu lorsqu'il dit "Je suis ressuscitĂ©" ; comme on dit, c'est "parole dâEvangile". La source est ici garantie absolue d'absolue vĂ©ritĂ©. Telle est l'origine de la Foi. On le voit, la parole de Dieu est vĂ©ritĂ©. Ceux qui possĂšdent la foi rencontrent Dieu dans la certitude qu'ils Ă©prouvent de l'Ă©vidence que ces vĂ©ritĂ©s Ă©manent de Lui. Pour la Foi, pas de preuves la vĂ©ritĂ© fait partie d'une expĂ©rience mystique. La foi au-dessus de la raison Dans les textes religieux, l'accent est constamment mis sur la valeur de la foi. L'homme rĂ©ellement mĂ©ritant est celui qui possĂšde la foi, une foi par ailleurs invincible. On en voit l'exemple avec le sacrifice d'Abraham. â La Bible, Ancien Testament, GenĂšse, chap. 22. C'est aussi ce que montre bien l'exemple biblique de Job. Job est Ă la fois un homme irrĂ©prochable et comblĂ© par la vie ; sa fidĂ©litĂ© Ă Dieu autrement dit sa foi semble inĂ©branlable. Dieu lui-mĂȘme le dĂ©crit en ces termes "Il n'a pas son pareil sur terre. C'est un homme irrĂ©prochable et droit ; il m'est fidĂšle et se tient Ă l'Ă©cart du mal"[11]. Le diable se demande nĂ©anmoins si cette fidĂ©litĂ© n'est pas intĂ©ressĂ©e Job aimerait Dieu parce que ce dernier l'a favorisĂ©. Pour tester la foi de Job, Dieu autorise donc de diable Ă "disposer de tout ce qu'il possĂšde". Job perd ainsi tous ses biens et ses enfants. Mais il reste fidĂšle Ă Dieu "J'Ă©tais nu quand je suis venu au monde. C'est nu aussi que je le quitterai. Le Seigneur a donnĂ©, le Seigneur a repris. Je n'ai qu'Ă remercier le Seigneur"[12]. Le diable refuse malgrĂ© tout de croire en la foi de Job "tout ce qu'un homme possĂšde, il le donnera pour sauver sa peau". Dieu autorise donc le diable Ă disposer de Job, mais sans porter atteinte Ă sa vie. Celui-ci frappe alors Job "d'une mĂ©chante maladie de peau, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet du crĂąne". Mais Job ne renie toujours pas Dieu "Si nous acceptons de Dieu le bonheur, pourquoi refuserions-nous de lui le malheur ?" Pour rĂ©compenser la fidĂ©litĂ© de Job, Dieu finit par lui rendre le double de ce qu'il avait perdu. On voit donc bien que ce que Dieu rĂ©compense c'est la foi. L'homme rĂ©ellement religieux, c'est donc l'homme qui possĂšde la foi. Mais comme l'explique Kierkegaard, la Foi est une sorte de saut dans l'irrationnel "Credo quia absurdum" "Je crois parce que c'est absurde"[14]. â Cf. texte de Kierkegaard, Post-scriptum aux Miettes philosophiques, pp. 414-415. De mĂȘme, Pascal ne voyait d'entrĂ©e en religion que par une humiliation de la raison "C'est le cĆur qui sent Dieu et non la raison" Ă©crit-il dans ses PensĂ©es. Il est impossible d'Ă©tablir la vĂ©ritĂ© de la religion. D'oĂč la nĂ©cessitĂ© d'un acte de croyance, conçu comme un acte de confiance avoir foi. â Cf. texte de Pascal, PensĂ©es, n° 282 Brunschvicg, Lafuma 110. Karl Jaspers dit Ă peu prĂšs la mĂȘme chose lorsqu'il Ă©crit "Un Dieu prouvĂ© ne serait pas Dieu, il ne serait qu'une chose dans le monde". Ainsi, dans son encyclique Fide et ratio, Jean-Paul II rappelle qu'il ne saurait y avoir de compĂ©tition entre la foi, qui affine le regard intĂ©rieur dans un respect de la transcendance divine, et la raison, qui elle permet de rentrer dans la connaissance. Mais il n'en reste pas moins que la raison s'arrĂȘte devant le mystĂšre de la foi et qu'elle doit vivre une certaine obĂ©issance par rapport Ă ce mystĂšre. On le voit bien, l'essence de religion rĂ©side dans le mystĂšre, mystĂšre que ne peut atteindre la raison. La foi serait donc supĂ©rieure Ă la raison, dans la mesure oĂč seule la foi peut fonder la religion, et non la raison. La foi implique ici l'adhĂ©sion Ă un credo, Ă ce que l'homme nomme les vĂ©ritĂ©s de la foi, adhĂ©sion qui relĂšve d'un acte de croyance nĂ©cessaire au salut de l'homme. Il est admis que l'homme religieux est celui qui a la foi, tandis que le paĂŻen n'a pas la foi. Remarque sur la distinction entre le fidĂšle et l'impie Toutes les religions opĂšrent la distinction entre les croyants et les incroyants, entre les fidĂšles et les infidĂšles. Mais l'ambiguĂŻtĂ© rĂšgne trĂšs souvent. Ainsi dans le Coran, on voit apparaĂźtre la distinction entre les croyants, c'est-Ă -dire les "peuples du livre" juifs, chrĂ©tiens, musulmans, lesquels seront sauvĂ©s et les mĂ©crĂ©ants qui seront chĂątiĂ©s. Mais il est aussi dit que "Quiconque cherche une autre religion que l'Islam ne sera pas acceptĂ©." III, 85. Vocabulaire religieux HĂ©rĂ©tique qui est entachĂ© d'hĂ©rĂ©sie, qui professe ou soutient une hĂ©rĂ©sie, c'est-Ă -dire une doctrine contraire Ă la foi, condamnĂ©e par l'Eglise catholique qui s'oppose donc directement Ă la vĂ©ritĂ© proposĂ©e par l'Ăglise catholique comme rĂ©vĂ©lĂ©e par Dieu. Par extension, toute doctrine aberrante au sein d'une religion quelconque. MĂ©crĂ©ant celui qui ne croit pas = infidĂšle, impie, incroyant, incrĂ©dule InfidĂšle celui qui n'a pas la foi Impie celui qui n'a pas de religion qui n'a pas la piĂ©tĂ© Profane du latin profanus, m. s., de pro, devant, et fanum, temple celui qui n'Ă©tait pas initiĂ© aux mystĂšres, et qui, par consĂ©quent, ne pouvait entrer dans l'enceinte sacrĂ©e ; celui qui est Ă©tranger aux choses de la religion ; par extension, ce qui est contraire Ă la religion Ă©tablie â sacrĂ© PaĂŻen du latin paganus = paysan, parce que le christianisme fut plus long Ă triompher dans les villages, pagi idolĂątre, adorateur des faux dieux. AthĂ©e celui qui croit en l'inexistence de Dieu. Agnostique celui qui doute de l'existence de Dieu, qui ne sait pas, ne se prononce pas sur son existence ou sa non-existence. Quel est donc le discours de l'homme de foi pour justifier l'idĂ©e de "vĂ©ritĂ©s de la foi" ? L'homme religieux est celui qui effectue le saut de la croyance, qui est, comme l'explique Pascal, une sorte de "pari sur Dieu", pari oĂč nous aurions tout Ă gagner, la vie Ă©ternelle, et peu Ă perdre, notre misĂ©rable existence limitĂ©e. Les vĂ©ritĂ©s de la foi ne sont pas les vĂ©ritĂ©s de la raison. Les vĂ©ritĂ©s de la raison sont celles que tout esprit peut reconnaĂźtre par la seule lumiĂšre naturelle de la raison. L'Ă©vidence en mathĂ©matique qui me permet de reconnaĂźtre que 2 + 3 = 5 ne demande rien dâautre, qu'une intelligence claire et distincte. Par dĂ©finition l'Ă©vidence est sa propre marque et n'est suspendue Ă aucune attitude de croyance. Par extension, le savoir est compris comme lâordre des connaissances rationnelles, câest-Ă -dire redevables seulement de la raison. Il est donc prĂ©supposĂ© que les vĂ©ritĂ©s de la foi ne comportent pas d'Ă©vidence, voire sont incomprĂ©hensibles au regard de la raison. La Passion du Christ, la virginitĂ© de Marie, les miracles, constituent un dĂ©fi que la raison ne peut relever et il est dĂšs lors possible de penser que devant la foi, la raison ne peut que s'incliner. Saint Thomas a ainsi pu dire en ce sens que la philosophie doit ĂȘtre la "servante" de la religion. RepĂšres croire / savoir Croire c'est tenir pour vraie une affirmation quelconque. Cet assentiment est susceptible de divers degrĂ©s d'assurance, depuis la croyance vague jusqu'Ă la certitude absolue. Moins l'Ă©vidence rationnelle est claire, plus la volontĂ© doit venir en appui de l'intellect pour donner l'assentiment qui constitue la croyance. Le savoir est donc un type particulier de croyance celle qui se fonde sur une Ă©vidence claire et distincte ou une dĂ©monstration infaillible et ne peut faire l'objet d'aucun doute. L'accent mis sur la foi dans un credo, en particulier dans les religions monothĂ©istes, fait que celles-ci se trouvent placĂ©es devant la difficultĂ© de convaincre rationnellement de leur validitĂ©, au regard du profane. La foi n'est pas affaire de conviction rationnelle, mais d'une persuasion intime qui est l'acte dĂ©cisif de la croyance. RepĂšres persuader / convaincre Persuader du latin persuadere faire croire, c'est amener quelqu'un Ă tenir pour vraie une proposition quelconque, sans se soucier de savoir si elle comprend ce qu'elle croit. La persuasion agit par tous les moyens possibles l'Ă©motion, l'intimidation, l'Ă©blouissement ; elle peut faire usage de sophismes ou de mensonges s'il en est besoin. Convaincre du latin convincere vaincre, dĂ©montrer, c'est argumenter pour amener quelqu'un Ă partager les raisons qui nous font tenir pour vraie une proposition. Le but de celui qui cherche Ă convaincre n'est pas seulement l'adhĂ©sion de la personne, mais l'adhĂ©sion Ă©clairĂ©e. Ex. tandis que les sophistes faisaient profession de persuader n'importe qui d'Ă peu prĂšs n'importe quoi, Socrate cherchait Ă convaincre ses interlocuteurs, autrement dit Ă leur faire comprendre par eux-mĂȘmes les vĂ©ritĂ©s que lui-mĂȘme connaissait. Cela explique d'une certaine maniĂšre la violence du prosĂ©lytisme, cherchant Ă faire plier une volontĂ© devant la foi. L'inquisition imposait la devise "Crois ou meurs !". On exigeait du mĂ©crĂ©ant celui qui ne croit pas qu'il fasse le saut de la croyance, saut que la raison ne peut justifier, et que le dialogue ne pourrait pas assurer. On ne peut que le persuader de le faire pour le Salut de son Ăąme. Si le fidĂšle accomplit sa profession de foi » en rĂ©pĂ©tant les articles de la foi, il fait ce saut qui fait de lui un homme religieux. La diffĂ©rence paĂŻen/chrĂ©tien, infidĂšle/fidĂšle, incroyant/croyant tient essentiellement Ă ce saut pĂ©rilleux de la foi. Cela ne se discute pas on croit ou on ne croit pas. Les vĂ©ritĂ©s de la foi impliquent une confiance absolue placĂ©e en Dieu, et une confiance renouvelĂ©e dans son mĂ©diateur sur terre qu'est le Sauveur et son Eglise. Ce que lâEglise enseigne et conserve, ce sont donc des dogmes quâil sâagit de reconnaĂźtre et non de justifier. Les Evangiles vont dans ce sens quand ils s'adressent aux hommes "Heureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient." Cela sous entend que parmi les hommes, les esprits forts » ne pourront pas connaĂźtre Dieu. Les esprit forts » doivent renoncer Ă lâorgueil de la raison. Humilier la superbe de la raison est un prĂ©alable. La raison doit plier les genoux devant le CrĂ©ateur, car dans cette humiliation elle trouvera lâhumilitĂ© qui est la qualitĂ© premiĂšre du fidĂšle de lâEglise. La conversion religieuse est donc un acte qui ne repose pas sur une dĂ©cision de la raison, c'est une adhĂ©sion Ă©motionnelle, l'acte de foi dans le Sauveur JĂ©sus, Mahomet, et sa Doctrine LâĂ©vangile, le Coran. Le converti rompt avec le paĂŻen qu'il a Ă©tĂ©, avec le dĂ©sordre moral du "vieil homme" et trouve la joie de se sentir membre dâune communautĂ© de fidĂšles, de ceux qui sont auprĂšs de Dieu, il se sent un "homme nouveau", un homme rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© par la foi. La conversion le dĂ©livre des interrogations les plus difficiles, comme par exemple celle sur l'origine de l'existence, car la Doctrine est lĂ pour indiquer les rĂ©ponses de Dieu aux hommes. Il peut mĂȘme, comme on le voit chez Pascal tournant en dĂ©rision le projet de Montaigne, ĂȘtre dĂ©livrĂ© de la nĂ©cessitĂ© de chercher Ă se connaĂźtre ce serait une forme de concupiscence. Il se dĂ©livre de la solitude de la condition humaine en entrant dans la communautĂ© de son Eglise. Il est dĂ©livrĂ© de lâincertitude qui accompagne la raison, car la rĂ©vĂ©lation rĂ©pond Ă ses interrogations. Il est dĂ©livrĂ© des incertitudes morales, car il a moyen de dĂ©terminer ce qui est Bien et ce qui est Malen suivant les interdits et les prĂ©ceptes de la religion. Cela ne veut pourtant pas dire quâil sâinstalle dans une position confortable, puisque aucune assurance absolue ne peut-ĂȘtre donnĂ©e Ă son intelligence elle passe la raison. La force quâil tire des vĂ©ritĂ©s de la foi est celle de sa seule croyance. La foi enveloppe la nĂ©cessitĂ© de rĂ©itĂ©rer le saut dans l'inconnu, car ce saut est la foi. La foi consacre l'incertitude et lui offre le salut. Câest aussi pourquoi le croyant ne peut pas vraiment accepter une autre rĂ©vĂ©lation que la sienne, ce serait remettre sa foi en cause. Câest une position soutenue frĂ©quemment par les religieux eux-mĂȘmes par nature, lâhomme de la croyance est intolĂ©rant, ou plus exactement la tolĂ©rance est une valeur de la raison, non de la religion[16]. Par dĂ©finition, la foi est intolĂ©rante, car il est impossible que j'ai la foi en quelque chose autrement dit que je sois persuadĂ© de la vĂ©ritĂ© de quelque chose et qu'en mĂȘme temps j'accepte qu'une croyance diffĂ©rente de la mienne puisse ĂȘtre vraie car en vertu du principe de non-contradiction, deux croyances contradictoires ne peuvent ĂȘtre vraies en mĂȘme temps. D'ailleurs, l'intolĂ©rance de la foi est soulignĂ©e Ă de multiples reprises dans les textes sacrĂ©s, qui disqualifient systĂ©matiquement les autres croyances "Si quelqu'un vous dit alors "Regardez, le Messie est ici !" ou bien "Il est lĂ ", ne le croyez pas. Car de faux messies et de faux prophĂštes apparaĂźtront ; ils accompliront de grands miracles et des prodiges pour tromper, mĂȘme ceux que Dieu a choisis". ou encore "Eh bien ! si quelqu'un vous annonce une Bonne Nouvelle diffĂ©rente de celle que vous avez reçue, qu'il soit maudit !" Ainsi, quand Jean Paul II avait proposĂ©, de maniĂšre trĂšs raisonnable, une rĂ©union de priĂšre des reprĂ©sentants de plusieurs religions, des voix de croyants se sont Ă©levĂ©es contre ce qui Ă©tait jugĂ© comme une aberration. On entendait Ă cette Ă©poque des discours de ce genre Câest une honte pour lâEglise. Comment le Pape peut-il oser faire une chose pareille, on nous a enseignĂ© quâil nây a ait quâune seule religion catholique et universelle. La vĂ©ritĂ© ne discute pas avec l'erreur ». LâintĂ©grisme est prĂ©sent dans ce type de dĂ©claration, mais d'un autre cĂŽtĂ©, ce discours est le discours de la foi de charbonnier »[19] qui est peut-ĂȘtre la foi par excellence. Ce sur quoi il table, c'est sur la certitude » de sa foi et comme cette foi ne comporte justement pas de certitude au regard de la raison, on peut dire que le croyant affiche dâabord le sens quâil donne Ă son existence, le sens que la religion donne et que lâon y trouve en "vivant en accord avec la religion", ce qui est la dĂ©finition la plus commune de ce que lâon appelle "l'homme religieux". Vue sous cet angle, la vie du croyant est donc Ă©cartelĂ©e. Il y a les exigences de la raison, il y a aussi les exigences des la foi. La raison commande la tolĂ©rance des cultes, la tolĂ©rance vis-Ă -vis de la sexualitĂ© etc. La religion demande la confirmation de la foi dans l'Eglise et refuse que l'on relativise la RĂ©vĂ©lation qui est tenue pour absolue, car venue de Dieu. La religion impose des interdits Ă l'Ă©gard de la sexualitĂ©. La raison s'impose comme reconnaissance dâun savoir universel comme celui de la science et trop souvent, elle sâen prend au dogme de la crĂ©ation ex nihilo, de la virginitĂ© de Marie, infaillibilitĂ© pontificale etc.. L'homme religieux de ce type, câest Ă dire le croyant se trouve confrontĂ© avec la difficile nĂ©cessitĂ© de concilier la foi et la raison. Câest toute la souffrance de la conscience religieuse, celle de lâhomme de foi qui sâefforce vers la vertu que la religion lui propose, mais se trouve en but avec les faiblesses de la nature humaine, tandis que sa raison ne peut lui indiquer le chemin que lui montre sa religion. C'est pourquoi nombre de penseurs ont essayĂ© de remettre en cause cette supĂ©rioritĂ© de la foi sur la raison. 2. Pas de conflit entre foi et raison L'utilisation de la raison dans l'interprĂ©tation des textes L'opposition entre foi et raison ne peut manquer d'advenir, notamment lorsque les progrĂšs scientifiques commencent Ă remettre en cause certains dogmes contenus dans les textes sacrĂ©s cf. l'hĂ©liocentrisme. Se pose alors la question du statut accordĂ© Ă l'Ăcriture et aux idĂ©es qu'elle contient. Au moyen Ăąge, on accordait quatre sens aux textes littĂ©ral, moral, thĂ©ologique et allĂ©gorique. C'est au XVIIĂšme siĂšcle que l'on revient Ă une lecture littĂ©rale de la bible. Mais va alors se poser en particulier la question de son opposition au sens "rationnel". DĂ©jĂ Ă l'Ă©poque de GalilĂ©e, la question se posait de savoir s'il fallait faire appel Ă la rĂ©vĂ©lation biblique dans les discussions de physique Ex. la Terre est-elle immobile ou non ?. Le procĂšs de GalilĂ©e est devenu le symbole du conflit entre la science et la religion[20]. Nous nous trouvons en effet en prĂ©sence d'une contradiction entre ce que dit l'observation scientifique et ce que dit un texte sacrĂ©, en l'occurrence la bible. Dans sa dĂ©fense du gĂ©ocentrisme le fait que la Terre soit immobile au centre de l'univers, et que le Soleil et tous les autres astres tournent autour d'elle, l'Ăglise catholique s'appuie sur le texte biblique. Dans le livre de JosuĂ©, lors de la bataille des IsraĂ©liens contre les Amorites, JosuĂ© demande en effet Ă Dieu de prolonger le jour afin que la nation d'IsraĂ«l ait le temps de remporter la victoire "Soleil, arrĂȘte-toi au dessus de Gabaon ! Lune immobilise-toi sur le val d'Ayalon !" Et le rĂ©cit continue ainsi "Le soleil s'arrĂȘta et la lune s'immobilisa jusqu'Ă ce que la nation d'IsraĂ«l ait pris le dessus sur ses ennemis"[21]. Le texte est clair le soleil s'est arrĂȘtĂ© sous l'ordre de Dieu. Comment cela a-t-il Ă©tĂ© possible si le Soleil ne tourne pas autour de la Terre ? De plus, les paroles du sage sont explicites "Le soleil se lĂšve, le soleil se couche, puis il se hĂąte de retourner Ă son point de dĂ©part"[22]. D'ailleurs, il n'y a pas que l'Ăglise catholique qui dĂ©fende cette thĂšse, car Luther, le pĂšre de la rĂ©forme protestante, ne disait pas autre chose quand il Ă©crivait "Certains prĂȘtent l'oreille Ă un parvenu d'astrologue qui s'est efforcĂ© de montrer que c'est la terre qui tourne, et non les cieux ou le firmament, le soleil et la lune. Quiconque veut paraĂźtre habile doit deviser quelque systĂšme nouveau, qui de tous les systĂšmes est naturellement le meilleur. Cet imbĂ©cile veut renverser toute la science de l'astronomie ; mais l'Ăcriture Sainte nous dit que JosuĂ© ordonna au soleil de s'arrĂȘter, et non la terre"[23]. Calvin le rejoint sur ce point lorsque, aprĂšs avoir citĂ© le texte "Le monde est ferme et ne chancelle point" Psaumes, XCIII, 1, concluait triomphalement "Qui osera placer l'autoritĂ© de Copernic au-dessus de celle du Saint Esprit ?"[24]. Ă l'inverse, Copernic puis GalilĂ©e vont dĂ©fendre l'hĂ©liocentrisme le fait que c'est le Soleil qui se trouve au centre du systĂšme solaire, et la Terre qui tourne autour Ă partir de considĂ©rations purement astronomiques. Comment rĂ©gler ce conflit ? GalilĂ©e admet la vĂ©ritĂ© absolue et inviolable de l'Ă©criture. Cependant, l'erreur peut parvenir de l'interprĂ©tation qui est faite des textes. Ă l'Ă©poque, deux interprĂ©tations prĂ©valent - l'interprĂ©tation littĂ©rale qui part du principe que tout dans la Bible est sacrĂ©. ProblĂšme la Bible est pleine d'incohĂ©rences difficilement tenables ce qui est dit dans un passage est contredit dans un autre passage. âcette interprĂ©tation exotĂ©rique est contradictoire. - L'interprĂ©tation allĂ©gorique ou Ă©sotĂ©rique de la Bible on cherche Ă Ă©purer la Bible et Ă trouver le sens cachĂ© de la Parole divine. Pour GalilĂ©e, si le texte biblique contient des images grossiĂšres c'est pour se mettre Ă la portĂ©e du "vulgaire". Il faut donc des interprĂštes qui dĂ©gagent le sens cachĂ© et rendent compte de l'Ă©cart entre les phĂ©nomĂšnes et l'Ăcriture. Verbe divin Parole CrĂ©ation actes Ăcriture Nature 1er Ă©cart possible les dĂ©formations du texte dues aux copies et aux traductions. 2e Ă©cart possible entre le sens manifeste et le sens latent On sait aujourd'hui que l'Ă©criture de l'Ancien Testament s'est dĂ©roulĂ©e sur dix siĂšcles entre le XIIe et le IIe siĂšcle avant JC ; et il faut attendre les alentours de l'an 100 pour que des rabbins pharisiens fixent le dĂ©tail de la Bible hĂ©braĂŻque la version dĂ©finitive attendra la pĂ©riode de l'an 1000. De mĂȘme, les textes les plus anciens du Nouveau Testament datent d'un demi-siĂšcle aprĂšs l'existence supposĂ©e de JĂ©sus. Dans tous les cas de figure, aucun des quatre Ă©vangĂ©listes n'a connu rĂ©ellement, physiquement, le Christ. Dans le meilleur des cas, leur savoir relĂšve du rĂ©cit rapportĂ© de maniĂšre orale, puis transcrit un jour, entre les annĂ©es 50 de l'Ăšre commune â les Ă©pĂźtres de Paul â et la fin du 1er siĂšcle â l'Apocalypse. Pourtant, aucune copie des Ă©vangiles n'existe avant la fin du IIe ou le dĂ©but du IIIe siĂšcle. Une version dĂ©finitive du Coran Ă©tablie Ă partir de plusieurs textes ne verra le jour qu'au passage du millĂ©naire soit plus de trois siĂšcles aprĂšs la mort de Mahomet et on sait qu'il y a au moins 20 ans qui s'Ă©coulent entre la mort de Mahomet en 632 et la rĂ©daction du 1er Coran celui-ci date du temps du troisiĂšme Calife Othman, qui rĂ©gna de 644 Ă 656. Pour GalilĂ©e, la Nature est "fidĂšle exĂ©cutrice des ordres de Dieu". â il n'y a pas d'Ă©cart dans la Nature La Nature est inexorable, immuable et elle ne transgresse jamais les limites des lois qui lui sont imposĂ©es. Pourquoi devrait-on suivre plus la Parole que les actes de Dieu ? En rĂ©alitĂ©, pour GalilĂ©e la Bible est un traitĂ© de sagesse pratique et non thĂ©orique. Elle est compĂ©tente uniquement pour le Salut du croyant[25]. La religion doit donc se plier aux dĂ©couvertes de la science d'oĂč une balance qui penche singuliĂšrement en faveur de la nature. La Bible en raison de son aspect symbolique n'apporte pas de certitude aussi rigoureuse que la science. En cas de divergence entre les faits expĂ©rimentaux et l'Ăcriture, il ne faut pas mettre en doute la science mais plutĂŽt les interprĂštes de l'Ăcriture, donc se soumettre aux faits scientifiques. Tout ce qui relĂšve de la foi relĂšve d'une lumiĂšre surnaturelle qui dĂ©passe la raison humaine. Alors que la science ne dĂ©coule que de la raison et de l'expĂ©rience. Ex. le trou de l'aiguille "Je vous le dĂ©clare, c'est la vĂ©ritĂ© il est difficile Ă un homme riche d'entrer dans le Royaume des cieux. Et je vous dĂ©clare encore ceci il est difficile Ă un chameau de passer par le trou d'une aiguille, mais il est encore plus difficile Ă un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu". Matthieu, XIX, 16-30 ; voir aussi Marc, X, 17-31 ; Luc, XVIII, 18-30 ; "Ceux qui ont niĂ© nos signes et s'en sont Ă©cartĂ©s avec orgueil, les portes du ciel ne leur seront pas ouvertes, ils n'entreront pas plus au jardin qu'un chameau dans le trou d'une aiguille". Coran, Sourate VII, Les franges, 40. JĂ©sus mit plus tard en garde ses disciples concernant le problĂšme Ă©ventuel qui toucherait ceux qui, ayant des richesses terrestres, dĂ©sirent entrer dans le royaume de Dieu. Lâanalogie quâil utilisa est assez remarquable, car il dit "Il est plus facile Ă un chameau de passer par le trou dâune aiguille quâĂ un riche dâentrer dans le royaume de Dieu" verset 24. Les disciples savaient que cet exploit Ă©tait impossible littĂ©ralement, et ils demandĂšrent donc "Et qui peut ĂȘtre sauvĂ© ?" verset 25. JĂ©sus ne faisait pas rĂ©fĂ©rence Ă un chameau littĂ©ral passant par le trou dâune aiguille. Mais il faisait allusion Ă une porte particuliĂšrement basse et Ă©troite dans les murs de JĂ©rusalem par laquelle un chameau pouvait passer Ă condition quâil soit entiĂšrement dĂ©chargĂ© de son fardeau, et quâil sâincline et rampe par la petite ouverture, le "trou dâune aiguille". La leçon de JĂ©sus Ă ses disciples, fut donc la suivante quelle que soit la quantitĂ© de nos richesses, afin de rentrer dans la phase spirituelle du royaume, nous devons entiĂšrement nous dĂ©tourner de ces fardeaux et occupations terrestres, pour chercher humblement Ă accomplir sa volontĂ© dans toutes les expĂ©riences de la vie. Plus nous possĂ©dons de richesses, dâhonneur et dâinfluence de ce monde, plus il sera difficile â bien que pas impossible verset 27 de sacrifier ces choses-lĂ . â "Mais beaucoup qui sont maintenant les premiers seront les derniers, et beaucoup qui sont maintenant les derniers seront les premiers". Marc, X, 31. Ici, les premiers dĂ©signent les riches, et les derniers les pauvres. Ex. la vierge Marie. Matthieu, II, 25 "Et il Joseph ne l'avait pas connue quand elle enfanta son fils premier-nĂ©". Coran, Sourate XIX, 16-21 "Mentionne aussi Marie dans le livre. Elle se retira de sa famille vers un lieu oriental. Elle tendit un voile entre elle et eux. Nous lui envoyĂąmes notre esprit qui prit devant elle la forme d'un homme parfait. Elle dit Je me rĂ©fugie contre toi dans le MisĂ©ricordieux. Puisses-tu ĂȘtre fidĂšle. Il rĂ©pondit Je ne suis que le messager de ton Seigneur pour te faire don d'un fils. Elle dit Comment aurai-je un fils ? Aucun homme ne m'a touchĂ©e, je ne suis pas une prostituĂ©e. Il rĂ©pondit Ce sera ainsi ! Ton Seigneur a dit Ce m'est facile et nous ferons de lui un signe pour les gens et un grĂące. L'ordre est donnĂ©. Elle fut enceinte de l'enfant et se retira avec lui Ă l'Ă©cart." Selon l'interprĂ©tation non littĂ©rale, lorsque nous parlons de la Vierge Marie des Saintes Ecritures, la VirginitĂ© doit avant tout ĂȘtre comprise comme Ă©tant de nature Spirituelle. Marie, mĂšre de l'enfant JĂ©sus, Ă©tait une Sainte femme, vierge de pĂ©chĂ©s, vierge de dĂ©fauts, vierge d'impuretĂ©s d'ailleurs, cela donnera naissance au XIXe siĂšcle au dogme catholique de l'immaculĂ©e conception. Luc, I, 31, Matthieu, I, 23 "Je suis vierge" littĂ©ralement "Je ne connais pas d'homme". "ConnaĂźtre un homme" est la maniĂšre biblique de dire "avoir des relations sexuelles avec lui". Le v. 31 s'inspirait de la prophĂ©tie d'IsaĂŻe 7,14 "Le Seigneur vous donne lui-mĂȘme un signe la jeune femme va ĂȘtre enceinte et mettre au monde un fils. Elle le nommera Emmanuel, Dieu est avec nous »." La traduction grecque de ce texte de l'Ancien Testament dans la Septante remplaçait la "jeune fille" par la "vierge". En s'inspirant de cette traduction, Luc mettait en valeur la virginitĂ© de Marie. La virginitĂ© Ă©tait annoncĂ©e par le prophĂšte EsaĂŻe Le mot hĂ©breu employĂ© "alma" peut signifier vierge ou jeune fille, mais une jeune fille Ă cette Ă©poque, Ă©tait forcĂ©ment vierge ! Non, pour dire "vierge", il aurait Ă©crit "bathoula". La traduction dite des Septante traduction de l'Ancien Testament en grec commun, attribuĂ©e Ă 70 rabbins d'Alexandrie, terminĂ©e en 150 avant et citĂ©e frĂ©quemment par les apĂŽtres donne "parthenos" ce qui signifie exclusivement vierge. â on voit donc bien un glissement de sens. D'un mot hĂ©breu qui peut signifie avant tout "jeune fille", on passe Ă un mot grec qui signifie exclusivement "vierge". Spinoza va reprendre la vision de GalilĂ©e et la systĂ©matiser. Cf. TraitĂ© thĂ©ologico-politique. Stephen Jay Gould rĂ©sume bien l'attitude classique actuelle de toutes les grandes religions occidentales, et de bon nombre de scientifiques "L'absence de conflit entre la science et la religion provient d'une absence de recouvrement entre leurs domaines respectifs la science s'occupe de la nature concrĂšte de l'univers, tandis que la religion est en quĂȘte de valeurs morales et de sens spirituel." 3. La raison au-dessus de la foi les critiques de la religion Pour Freud "Il n'y a aucune instance au-dessus de la raison"[27]. Non seulement raison et foi n'ont aucun commerce entre elles, mais la raison doit ĂȘtre placĂ©e au-dessus de la foi, car tout ce qui relĂšve de cette derniĂšre peut ĂȘtre ramenĂ© Ă une forme d'illusion. La raison devient mĂȘme une arme pour combattre la religion, comme l'Ă©crit Michel Onfray "L'obscurantisme, cet humus des religions, se combat avec la tradition rationaliste occidentale"[28]. On peut retenir au moins trois critiques de la religion mĂȘme si celles-ci sont beaucoup plus nombreuses celle de Marx, celle de Nietzsche et celle de Freud. â Cf. texte de Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844, trad. M. Simon, Ăd. Aubier, 1971, pp. 51-52. â Cf. texte de Nietzsche, Par-delĂ le bien et le mal, IV, 61, trad. GeneviĂšve Bianquis, coll. 10/18, pp. 107-108. Ici, nous n'allons dĂ©velopper que la critique freudienne, laquelle se rapproche beaucoup de celle de Nietzsche. Pour Freud, la part la plus significative de "l'inventaire psychique" d'une culture consiste en ses reprĂ©sentations religieuses, qu'il qualifie d' "illusions". Mais pourquoi ce terme d'illusion ? PrĂ©cision la diffĂ©rence entre l'illusion et l'erreur. L'analyse que fait Freud de la religion s'intĂšgre dans une analyse plus gĂ©nĂ©rale des rapports existant entre la sociĂ©tĂ© et l'individu, ou plus prĂ©cisĂ©ment du rĂŽle jouĂ© par l'entreprise de civilisation sur l'individu. La premiĂšre idĂ©e dĂ©veloppĂ©e par Freud est que la culture est contraignante pour l'individu, car la vie en commun impose des sacrifices "Il est remarquable que les hommes, si tant est qu'ils puissent exister dans l'isolement, ressentent nĂ©anmoins comme une pression pĂ©nible les sacrifices que la culture attend d'eux pour permettre une vie en commun"[29]. La vie en communautĂ© contraint en effet l'homme Ă maĂźtriser ses pulsions "Il semble bien plutĂŽt que toute culture doive nĂ©cessairement s'Ă©difier sur la contrainte et le renoncement pulsionnel" Pulsions qui ne disparaissent cependant pas et qui continuent Ă s'opposer Ă l'entreprise culturelle "chez tous les hommes sont prĂ©sentes des tendances destructives, donc antisociales et anticulturelles, et qu'elles sont, chez un grand nombre de personnes, suffisamment fortes pour dĂ©terminer leur comportement dans la sociĂ©tĂ© humaine"[31]. La civilisation impose donc des rĂšgles aux hommes qui vont Ă l'encontre de leurs pulsions. Celles-ci ne restent cependant pas extĂ©rieures Ă l'individu. Les contraintes externes et collectives sont intĂ©riorisĂ©es en Ă©tant adoptĂ©es par le Surmoi. Elles deviennent donc des contraintes internes et individuelles. Mais la nature, contre laquelle la culture est censĂ©e protĂ©ger l'homme, lui inflige aussi son lot de contraintes. "Comme pour l'humanitĂ© dans son ensemble, la vie, pour l'individu, est lourde Ă supporter. La culture Ă laquelle il participe lui impose un lot de privations, les autres hommes lui dispensent un degrĂ© de souffrance, soit malgrĂ© les prescriptions de la culture, soit par suite de l'imperfection de cette culture. S'y ajoute ce que la nature, non soumise Ă la contrainte, lui inflige comme dommages et qu'il appelle destin"[32]. D'aprĂšs Freud, cette situation devrait entraĂźner chez l'homme un "Ă©tat d'attente angoissĂ©e". Or, ce n'est pas le cas. Pour se dĂ©fendre contre les dommages créés en lui par la culture, l'homme dĂ©veloppe en effet contre celle-ci un sentiment d'hostilitĂ©. Et contre les "superpuissances de la nature", du destin, c'est la culture elle-mĂȘme qui protĂšge l'homme. Elle "humanise" la nature, la psychologise, ce qui procure un soulagement immĂ©diat. C'est ici qu'intervient le caractĂšre religieux. "Cette situation, en effet, n'est rien qui soit nouveau, elle a un modĂšle infantile, elle n'est Ă vrai dire que la continuation de ce qui a prĂ©cĂ©dĂ©, car on s'Ă©tait dĂ©jĂ trouvĂ©, petit enfant, en pareil dĂ©saide, face Ă un couple parental qu'on avait toute raison de redouter â le pĂšre surtout â, mais de la protection de qui on Ă©tait assurĂ© contre les dangers qu'on connaissait alors. De lĂ Ă assimiler les deux situations, il n'y avait donc qu'un pas"[33]. L'homme va non seulement faire des forces de la nature des ĂȘtres humains, mais il leur donne un caractĂšre de pĂšre, il en fait des dieux. Ici, l'homme personnifie ce qu'il veut comprendre, pour pouvoir le dominer. Selon Freud, les dieux ont une triple tĂąche - exorciser les effrois de la nature - rĂ©concilier avec la cruautĂ© du destin en particulier tel qu'il se montre dans la mort - dĂ©dommager des souffrances et privations imposĂ©es Ă l'homme par la vie en commun dans la culture Remarque sur le caractĂšre "paternel" de Dieu Outre, qu'il est qualifiĂ© en tant que tel notamment dans la religion chrĂ©tienne "Dieu notre PĂšre" in Corinthiens, I, 3 ou Romains, I, 7 par exemple; JĂ©sus est le fils de Dieu, Dieu apparaĂźt comme un pĂšre dans ses façons d'ĂȘtre. Dans l'enfance, la mĂšre devient le premier objet d'amour, et aussi la premiĂšre protection contre tous les dangers indĂ©terminĂ©s qui menacent l'enfant dans le monde extĂ©rieur, elle devient selon Freud le premier "pare-angoisse". Mais par la suite, ce rĂŽle est repris par le pĂšre et lui reste dĂ©volu pendant toute l'enfance. Cependant, le rapport au pĂšre est affectĂ© d'une ambivalence particuliĂšre. Le pĂšre est celui qui protĂšge mais en mĂȘme temps celui qui interdit et punit. D'oĂč le fait qu'il soit Ă la fois aimĂ© et admirĂ©, et craint. On retrouve cette ambivalence dans tous les textes sacrĂ©s des religions monothĂ©istes. Dieu, en effet, pardonne et chĂątie "Au nom de Dieu le MisĂ©ricordieux, plein de MisĂ©ricorde". Premier verset du Coran. "Apprends Ă mes esclaves que moi, certes, je pardonne, j'ai pitiĂ©, mais je chĂątie affreusement". Sourate XV, versets 49-50. Le monothĂ©isme a accompli pleinement cette identification de Dieu au PĂšre. Cf. supra sur l'unicitĂ© de Dieu. Toutes les religions se caractĂ©risent par la prĂ©sence d'un au-delĂ , d'une autre vie aprĂšs celle-ci, qui n'en sera que la rĂ©compense. Ainsi, la mort est exorcisĂ©e. Le mal sera puni, le bien sera rĂ©compensĂ©. Remarque sur les diffĂ©rents monothĂ©ismes Une constante Dieu est unique, et le plus grand pĂ©chĂ© est d'ajouter des Dieux. Cf. les 10 commandements, dont le premier est "Tu n'adoreras pas d'autres dieux que moi." Cf. Marc "Je vous le dĂ©clare, c'est la vĂ©ritĂ© les hommes pourront ĂȘtre pardonnĂ©s de tous leurs pĂ©chĂ©s et de toutes les insultes qu'ils auront prononcĂ©es. Mais l'homme qui insultera le Saint-Esprit ne recevra jamais de pardon car il aura commis un pĂ©chĂ© Ă©ternel". III, 28-29. Cf. Coran "Dieu ne pardonne pas qu'on lui ajoute des dieux. Les autres pĂ©chĂ©s, Dieu les pardonne Ă qui il veut, mais ajouter des dieux est un pĂ©chĂ© sans borne" IV, 48. Sur les dogmes religieux â cf. texte de Freud, L'Avenir d'une illusion 1927, trad. M. Boniface, Paris, Ă©d. PUF, coll. Quadrige, 2e Ă©d. 1996, pp. 43-46. Question Cette distinction entre foi et raison, doit-elle nous amener Ă opposer la science, laquelle repose sur la raison et la religion laquelle repose sur la foi ? 4. La science et la religion s'opposent-elles ? "De tous les antagonismes de croyances, le plus ancien, le plus largement rĂ©pandu, le plus profond et le plus important est celui qui existe entre la Religion et la Science"[34]. Nietzsche "En rĂ©alitĂ©, il n'existe ni parentĂ©, ni amitiĂ©, ni mĂȘme hostilitĂ© entre la religion et la vraie science elles vivent sur des planĂštes diffĂ©rentes"[35]. "Le sens du culte religieux est de dompter la nature, de la diriger au bĂ©nĂ©fice de l'homme, donc de lui imposer un dĂ©terminisme qui n'est pas le sien au dĂ©part ; alors qu'Ă l'Ă©poque actuelle on cherche Ă connaĂźtre le dĂ©terminisme de la nature pour se rĂ©gler sur lui. Bref, le culte religieux repose sur des idĂ©es de magie opĂ©rant d'homme Ă homme ; et le mage est plus ancien que le prĂȘtre"[36]. Russell "Entre la science et la religion a eu lieu un conflit prolongĂ©, dont, jusqu'Ă ces derniĂšres annĂ©es, la science est invariablement sortie victorieuse." â cf. texte de Werner Heisenberg, La partie et le tout, Le monde de la physique atomique, 1969, Paris, Flammarion, 1990, pp. 118-119, 124. Nietzsche "En toute rigueur, aucune science n'est "sans prĂ©supposĂ©", l'idĂ©al mĂȘme en est impensable, contraire Ă la logique il faut toujours qu'une philosophie, une "croyance", prĂ©cĂšde pour confĂ©rer Ă la science, une direction, un sens, une limite, une mĂ©thode, un droit Ă l'existence"[38]. "C'est encore sur une foi mĂ©taphysique que repose notre foi dans la science"[39]. La science croit en l'idĂ©al de vĂ©ritĂ©. Ernest Renan La science est donc ma religion. » L'avenir de la science, 1890. IV. La religiositĂ© de l'homme sans religion â cf. texte de Mircea Ăliade, Le SacrĂ© et le Profane, Gallimard, coll. Folio essais », 1988,p. 173-180. Question donc, avec FrĂ©dĂ©ric Lenoir Faut-il abandonner lâidĂ©e de Dieu, renoncer Ă toute quĂȘte de lâabsolu puisque les religions en donnent souvent un visage si cruellement humain ? Non. Car si la religion est culturelle et collective, la foi et la recherche de sens sont Ă©minemment universelles et individuelles. Un mot permet de bien distinguer la religion communautaire de cette quĂȘte personnelle la spiritualitĂ©. Croyant ou non, religieux ou non, nous sommes tous plus ou moins touchĂ©s par la spiritualitĂ©, dĂšs lors que nous nous demandons si lâexistence Ă un sens, sâil existe dâautres niveaux de rĂ©alitĂ© ou si nous sommes engagĂ©s dans un authentique travail sur nous-mĂȘmes » â l'homme peut se passer de la religion, mais pas de la spiritualitĂ© la spiritualitĂ© n'est pas la religion ; elle ne se rĂ©sume pas Ă la religion ; il existe une spiritualitĂ© non religieuse. V. La religion comme phĂ©nomĂšne social 1. La pratique religieuse 2. Morale et religion la question des valeurs "Que faire si Dieu n'existe pas, si Rakitine a raison de prĂ©tendre que c'est une idĂ©e forgĂ©e par l'humanitĂ© ? Dans ce cas l'homme serait le roi de la terre, de l'univers. TrĂšs bien ! Seulement, comment sera-t-il vertueux sans Dieu ? Je me le demande. [âŠ] En effet, quâest ce que la vertu ? RĂ©ponds-moi AlexĂ©i. Je ne me reprĂ©sente pas la vertu comme un chinois, c'est donc une chose relative ? L'est-elle, oui ou non ? Ou bien elle nâest pas une chose relative? Question insidieuse. [âŠ] Alors tout est permis ?" Paroles de Mitia dans Les frĂšres Karamazov de DostoĂŻevski, 4e partie, Livre XI, chapitre 4. Comme nous l'avons Ă©crit plus haut, la religion est un monde de valeurs, c'est-Ă -dire qu'elle distingue fondamentalement ce qui relĂšve du bien et du mal. La premiĂšre de ces distinctions est sans doute la distinction entre ce qui relĂšve du sacrĂ©, et ce qui relĂšve du profane. Le sacrĂ© se dit des choses qui concernent la religion, le culte de Dieu, et ne prend son sens que dans l'opposition au profane. Mais cette opposition n'est pas neutre, elle confĂšre une valeur Ă un domaine le sacrĂ©, pour dĂ©prĂ©cier l'autre le profane. En un sens donc, si l'on entend par morale la position de valeurs, alors la religion est par essence morale. D'ailleurs, toutes les religions et en particulier les grandes religions monothĂ©istes Ă©noncent ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire. â Cf. Les tables de la loi dans l'Ancien testament les 10 commandements â Cf. les 5 piliers de l'Islam + la Charia Les textes religieux sont en grande partie des suites de prĂ©ceptes. La religion est donc souvent perçue comme le vĂ©ritable garant de la morale. La religion ajoute aux commandements moraux l'autoritĂ© d'un commandement divin. Kant met en doute l'idĂ©e que la morale ait besoin de la caution de la religion. DĂšs la premiĂšre page de La religion dans les limites de la simple raison, il admet en effet que "La morale, qui est fondĂ©e sur le concept de l'homme, en tant qu'ĂȘtre libre s'obligeant pour cela mĂȘme, par sa raison Ă des lois inconditionnĂ©es, n'a besoin ni de l'IdĂ©e d'un Ătre diffĂ©rent, supĂ©rieur Ă lui pour qu'il connaisse son devoir, ni d'un autre mobile que la loi⊠elle n'a aucunement besoin de la religion". Sartre considĂšre en revanche que la disparition de Dieu constitue un vĂ©ritable problĂšme pour la morale "L'existentialiste, au contraire, pense qu'il est trĂšs gĂȘnant que Dieu n'existe pas, car avec lui disparaĂźt toute possibilitĂ© de trouver des valeurs dans un ciel intelligible ; il ne peut y avoir de bien a priori, puisqu'il n'y a pas de conscience infinie et parfaite pour le penser"[40]. Il reprend la formule de DostoĂŻevski selon laquelle "Si Dieu n'existait pas, tout serait permis" et en fait "le point de dĂ©part de l'existentialisme". "En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par consĂ©quent l'homme est dĂ©laissĂ©, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilitĂ© de s'accrocher"[41]. Sartre en conclue que "l'homme est condamnĂ© Ă ĂȘtre libre", c'est lui qui doit dĂ©cider de la valeur qu'il donne Ă son existence, sans pouvoir se rĂ©fĂ©rer Ă une morale religieuse ou autre "Aucune morale gĂ©nĂ©rale ne peut vous indiquer ce qu'il y a Ă faire ; il n'y a pas de signe dans le monde"[42]. C'est donc l'homme qui doit "inventer" les valeurs, Sartre considĂ©rant cependant que l'homme est malgrĂ© tout la fin et la valeur de toute chose c'est en ce sens que l'existentialisme est un humanisme. Sur le statut des femmes Coran "les hommes ont le pas sur elles" II, 228. "les hommes ont autoritĂ© sur les femmes" "frappez-les" IV, 34. Lorsque Dieu créée Eve avec une cĂŽte d'Adam, celle-ci est nommĂ©e "compagne de l'homme". C'est elle qui commet le pĂ©chĂ© originel. Paul "L'homme n'a pas besoin de se couvrir la tĂȘte, parce qu'il reflĂšte l'image de la gloire de Dieu. Mais la femme reflĂšte la gloire de l'homme ; en effet l'homme n'a pas Ă©tĂ© créé Ă partir de la femme, mais c'est la femme qui a Ă©tĂ© créée Ă partir de l'homme. Et l'homme n'a pas Ă©tĂ© créé pour la femme, mais c'est la femme qui a Ă©tĂ© créée pour l'homme". Corinthiens, XI, 7-9. 3. La laĂŻcitĂ© C. Henri Pena-Ruiz Conclusion L'homme peut se passer de religion si on donne Ă ce mot son sens courant, mais il ne peut se passer de "foi", ou de croyances fondamentales, c'est-Ă -dire des choses qu'il tient pour vraies, mais qu'il ne peut pas prouver, parce qu'elles sont elles-mĂȘmes supposĂ©es au fondement de cette dĂ©monstration. L'essentiel Ă connaĂźtre sur l'Islam doctrines et pratiques FondĂ©e par Mahomet, l'islam et une religion monothĂ©iste qui se place, dĂšs le dĂ©but, dans la continuitĂ© du judaĂŻsme et du christianisme. Le dogme musulman veut que "lorsque Mahomet eut accomplit sa quarantiĂšme annĂ©e, Dieu envoya vers lui l'ange Gabriel pour lui porter une vision" al-Tabari, chroniqueur musulman â fin Xe siĂšcle. Et le prophĂšte transmit les "rĂ©vĂ©lations" Ă ses compagnons, les cahabis. Ă sa mort en 632, aucune transcription dĂ©finitive n'existe. Le Coran n'est achevĂ© que vers 650. Il comporte 114 "chapitres", les sourates, elles-mĂȘmes divisĂ©s en versets. Mais le Coran n'apporte pas de rĂ©ponse prĂ©cise Ă tous les problĂšmes. Les compagnons de Mahomet cherchent des prĂ©cĂ©dents dans les paroles hadĂźth et les actes du prophĂšte pour Ă©clairer certains passages obscurs du Coran, donner des conseils relatifs au culte ou des exemples de morale quotidienne. Ils forment la sunna, rĂšgle de l'orthodoxie musulmane. L'ensemble des rĂšgles ainsi rĂ©unies constitue la chari'a. Allah, les prophĂštes et les anges L'islam est dominĂ© par le thĂšme fondamental du monothĂ©isme Islam signifie "se remettre Ă Dieu". Sa doctrine consiste en quelques idĂ©es simples, exprimĂ©es le plus souvent de façon lyrique. Ă l'inverse du christianisme, mais comme dans le judaĂŻsme, les prophĂštes sont tous des hommes, y compris JĂ©sus. Il n'y a pas un Dieu en trois personnes mais un Dieu dont l'unitĂ© est parfaite. Des archanges siĂšgent autour de lui Gabriel, qui inspira Mahomet, Michel, "l'ami des juifs", AzraĂ«l, "l'ange de la mort" ; et les anges supportent le trĂŽne, luttent contre ses ennemis et se font l'intermĂ©diaire entre lui et les hommes. Sur terre, errent les djinns bons ou mauvais et, notamment leur chef, Iblis, qui est une sorte de Satan. AprĂšs la mort, l'Ăąme, sĂ©parĂ©e du corps, va soit en enfer, soit au purgatoire al Berzahk. Martyrs[43] et prophĂštes, eux, vont directement au paradis Janna. Les autres Ăąmes attendent le Jugement dernier. Les calamitĂ©s ou les dĂ©lices qui les attendent sont extrĂȘmes⊠Les cinq piliers de l'islam Tout musulman doit accomplir cinq actes fondamentaux qui sont les piliers de l'islam. - Premier pilier la ChahĂądĂą. Ă chaque moment important de sa vie, il prononce sa profession de foi. - DeuxiĂšme pilier les cinq priĂšres quotidiennes as-SalĂąt en direction de La Mecque, prĂ©cĂ©dĂ©es d'ablution. - TroisiĂšme pilier le ZakĂąt, aumĂŽne ou impĂŽt de solidaritĂ© destinĂ© aux pauvres. - QuatriĂšme pilier le jeĂ»ne Sawm qui impose, pendant le neuviĂšme mois du calendrier musulman Ramadan, l'abstention complĂšte de la nourriture, de boisson et de relations sexuelles entre l'aurore et le crĂ©puscule. Le jeĂ»ne se termine parla fĂȘte de l'A' id aç-çaghĂźr ou AĂŻd el Fitr ou, encore, AĂŻd el Seghir. - CinquiĂšme pilier le pĂšlerinage Ă La Mecque al Hajj qui doit ĂȘtre effectuĂ© au moins une fois dans la vie par tout musulman bien portant et n'ayant pas de problĂšmes matĂ©riels. Les croyants s'y prĂ©sentent simplement vĂȘtus d'un drap blanc nouĂ© autour du corps. A cĂŽtĂ© de ces prescriptions, existent divers rites parfois partagĂ©s par d'autres religions monothĂ©istes la circoncision ; l'interdiction de consommer du porc, des boissons alcoolisĂ©es, des reprĂ©sentations humaines ; la guerre sainte le JihĂąd, Ă la fois lutte contre ses propres "dĂ©mons" et lutte contre les hĂ©rĂ©tiques ; le mariage enfin, et la procrĂ©ation. Ă ce sujet, la monogamie est encouragĂ©e. Bibliographie Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion Durkheim, Les formes Ă©lĂ©mentaires de la vie religieuse Mircea Ăliade, Le profane et le sacrĂ© Feuerbach, L'essence du christianisme Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme ; L'avenir d'une illusion* ; Totem et tabou* Gauchet Marcel, Le dĂ©senchantement du monde Stephen Jay Gould, "Deux magistĂšres qui ne se recouvrent pas", in Antilopes, dodos et coquillages. Hegel, Leçons sur la philosophie de la religion ; PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit Hobbes, LĂ©viathan* Kant, La religion dans les limites de la simple raison* Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel ; La question juive Nietzsche, L'AntĂ©christ ; Par-delĂ le bien et le mal* Michel Onfray, TraitĂ© d'athĂ©ologie* Otto Ranke, Le sacrĂ© Platon, Euthyphron* Schelling, Philosophie de la mythologie Schleiermacher, Discours sur la religion Spinoza, TraitĂ© thĂ©ologico-politique* Vernant Jean-Pierre, Mythe et sociĂ©tĂ© en GrĂšce ancienne Weber, Ăconomie et sociĂ©tĂ© La critique de la raison arabe de Mohamed Abed el Jabri en 4 tomes. Bien entendu, il est important de connaĂźtre aussi un minimum les grands textes sacrĂ©s la Bible et le Coran en particulier. [1] Les Deux Sources de la morale et de la religion, 1933, chap. II "La religion statique", FĂ©lix Alcan, p. 105. [2] Cassirer, Essai sur l'homme, chapitre 7, Mythe et religion, p. 110. [3] Ăvangile selon Saint Jean, I, 18. [4] Chapitre XXXIII, verset 11. RappelĂ© dans le DeutĂ©ronome, XXXIV, 10, Ă la mort de MoĂŻse "le Seigneur s'entretenait face Ă face avec lui". [6] C'est ce que rappelle notamment Marcel Conche dans Le sens de la philosophie "On voit, par exemple, les thĂ©istes donner plusieurs "preuves" de l'existence de Dieu, qui ne sont en rĂ©alitĂ© que des arguments, car, si "preuve" il y avait, une seule suffiraitâŠ" [7] Critique de la raison pure, p. 427. [8] EnquĂȘte sur l'entendement humain, chapitre XII, p. 246. [9] Kierkegaard, Post-scriptum. [10] "Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt Ă la place oĂč Ă©taient les clous et si je ne mets pas ma main dans son cĂŽtĂ©, je ne croirai pas". Paroles de Thomas aux autres disciples, Ăvangile de Jean, XX, 25. [14] Paroles attribuĂ©es Ă tort Ă Saint Augustin et rapportĂ©es en rĂ©alitĂ© par Tertullien dans La chair du Christ, V, 4, Ă propos de la rĂ©surrection, sous la forme "credibile est quia ineptum est" "C'est croyable parce que c'est insensĂ©.". [15] Ăvangile selon Matthieu, V, 3. [16] Cette idĂ©e est elle aussi contestable cf. Freud plus loin. [17]Ăvangile selon Matthieu, XXIV, 23. [18] EpĂźtre aux Galates, I, 8. [19] En 1656, Fleury de Bellingen aimait raconter le conte que voici "Le diable, un jour, demanda Ă un malheureux charbonnier - Que crois-tu ? Le pauvre hĂšre rĂ©pondit - Toujours je crois ce que l'Ăglise croit. Le diable insista - Mais Ă quoi l'Ăglise croit-elle ? L'homme rĂ©pondit - Elle croit ce que je crois. Le diable eut beau insister, il n'en tira guĂšre plus et se retira confus devant l'entĂȘtement du charbonnier." Ce conte a donnĂ© naissance Ă l'expression "avoir la foi du charbonnier", qui signifie possĂ©der une conviction naĂŻve, absolue, sincĂšre, avoir une foi simple qui ne se discute en aucune façon. Georges Brassens l'a ainsi chantĂ©e "J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier, Qu'est heureux comme un pape, et con comme un panierâŠ" [20] GalilĂ©e a Ă©tĂ© condamnĂ© par l'inquisition en 1632. Il doit abjurer ses erreurs et est assignĂ© Ă rĂ©sidence jusqu'Ă sa mort 10 ans plus tard. Il ne sera officiellement rĂ©habilitĂ© par l'Eglise catholique qu'en 1965, lors du concile Vatican II. [21] JosuĂ©, chapitre X, versets 12-13. [23] CitĂ© par Russell dans Science et religion, Folio essais, p. 19. [25] Ici, GalilĂ©e rejoint Saint Augustin, qui Ă©crivait "moi je vous dĂ©clare que jamais l'Evangile ne met sur les lĂšvres du Seigneur des paroles comme celles-ci Je vous envoie le Paraclet pour vous enseigner la course de la lune et du soleil. JĂ©sus-Christ voulait faire des chrĂ©tiens et non des mathĂ©maticiens. Sur ces matiĂšres, les hommes nâont besoin que des enseignements qui leur sont donnĂ©s dans les Ă©coles." ConfĂ©rence avec FĂ©lix le ManichĂ©en, Livre I. [26] "Des magistĂšres qui ne se recoupent pas", in Antilopes, dodos et coquillages, p. 508. [27] L'avenir d'une illusion, p. 29. [28] TraitĂ© d'athĂ©ologie, Introduction, p. 30. [29] L'avenir d'une illusion, [34] Herbert Spencer, Premiers principes 1862, Chapitre I, Religion et science, pp. 8-9. [35] Humain, trop humain, § 110, p. 106. [36] Ibid., § 111,pp. 110-111. [37] Science et religion, p. 7. [38] GĂ©nĂ©alogie de la morale, TroisiĂšme traitĂ©, § 24, GF p. 170. [40] L'existentialisme est un humanisme, p. 38. [41] L'existentialisme est un humanisme, p. 39. [43] Un martyr = un homme, le martyre = supplice. Date de crĂ©ation 16/01/2011 1620 DerniĂšre modification 16/01/2011 1630 CatĂ©gorie Page lue 25513 fois Imprimer l'article
1L e problĂšme de la psychologie de lâhomme moderne est une de ces questions qui, prĂ©cisĂ©ment parce quâelles sont modernes, sont difficiles Ă dĂ©limiter. Lâhomme moderne est celui qui vient dâĂȘtre façonnĂ© et un problĂšme moderne est celui qui vient de se poser et dont la solution est encore Ă venir. Aussi la question de la
Pour rĂ©pondre Ă la question, il fallait dâabord commencer par dĂ©finir ce quâest ue religion, en essayant de dĂ©terminer les points communs Ă toutes les diffĂ©rentes formes de religions qui existent dans le monde, et qui peuvent ĂȘtre trĂšs diverses monothĂ©isme, polythĂ©isme, animisme;..avec ou sans LivreâŠ. Deux Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre pris en compte toute religion comporte des croyances et des rites qui nous mettent en relation avec du sacrĂ©. Nous avons cherchĂ© Ă dĂ©terminer ce qui caractĂ©rise une croyance religieuse elle a ceci de particulier quâelle constitue pour celui qui la porte une certitude absolue, alors mĂȘme quâelle ne peut faire lâobjet dâune dĂ©monstration, et que lâon ne peut prouver Ă celui qui en doute quâil faut croire. on parlera alors dâune certitude subjective. Le rite, quant Ă lui, dĂ©signe un acte, une paroleâŠetc qui se rĂ©pĂšte. Le sacrĂ© dĂ©signe alors ce domaine sĂ©parĂ© du profane, protĂ©gĂ© et mystĂ©rieux. Lâexistence du sacrĂ© suppose donc que le monde ne sâarrĂȘte pas Ă ce quâon en voit, quâil y a autre chose derriĂšre ou au-delĂ . Ainsi, une des premiĂšres rĂ©ponses qui a Ă©tĂ© donnĂ©e Ă la question de dĂ©part est que la religion est nĂ©cessaire pour rĂ©pondre Ă la peur de la mort et donner un sens Ă la vie. Cependant on a pu remarquer que la rĂ©ponse religieuse, qui consiste Ă prolonger la vie aprĂšs la mort, nâest pas la seule possible. Nous avons ainsi parlĂ© de la thĂ©orie dâEpicure, qui est matĂ©rialiste et pense donc que lâĂąme ne subsiste pas aprĂšs la mort, que nous nâavons pas Ă craindre ce quâil pourrait y avoir aprĂšs, puisquâil nây a rien !. Cependant la question se pose aussi de la peur dâabandonner la vie tout simplement. Il rĂ©pond aussi Ă cela en montrant que bien vivre et bien mourir câest la mĂȘme chose, et que si la vie a Ă©tĂ© pleinement vĂ©cue, on ne regrettera pas de la quitter. Dâautre part, nous avons pu remarquer que se passer de religion suppose de se passer du besoin qui en est Ă lâorigine besoin dâĂȘtre rassurĂ©, besoin de bonheur ou mĂȘme dâĂ©galitĂ©, comme le suggĂšre Marx. On peut alors se demander si ces besoins doivent ĂȘtre supprimĂ©s, ou si, Ă©tant lĂ©gitimes, ils peuvent ĂȘtre satisfaits par autre chose que la religion, notamment la science. Comme nous nâavons pas eu le temps dâapprofondir cette question, elle est lâobjet du prochain cafĂ© philo. Il faut noter en dernier lieu que certains ont insistĂ© sur le cĂŽtĂ© nĂ©faste de la religion, source de violence et de conflits entre les hommes, ce qui suggĂšre que non seulement on peut sâen passer, mais quâil le faut !! Concernant cette violence, quâon ne peut nier, on peut remarquer quâelle est lâenvers du lien que la religion peut crĂ©er entre les hommes une religion lie trĂšs fortement ceux qui y adhĂšrent, et les oppose par lĂ -mĂȘme Ă ceux qui nâen sont pas. On peut regretter que les valeurs universelles, qui sont portĂ©es par les religions, ne sâexpriment pas dans la vie rĂ©elle des hommes.
LesAnimaux (Animalia) (du latin animalis « animĂ©, vivant, animal ») sont en biologie, selon la classification classique, des ĂȘtres vivants hĂ©tĂ©rotrophes (câest-Ă -dire qui se nourrissent de substances organiques) et possĂ©dant du collagĂšne dans leurs matrices extracellulaires.On rĂ©serve aujourd'hui le terme « animal » Ă des ĂȘtres complexes et multicellulaires, bien quâon ait
Flickr Stephen Hawking avait annoncĂ© la fin de lâhumanitĂ© pour bientĂŽt Le plus cĂ©lĂšbre astrophysicien du monde, Stephen Hawking, avait averti sur BBC 4 que ce qui menace la fin de lâhumanitĂ© est⊠elle-mĂȘme. Les avancĂ©es technologiques, comme les robots avec dâintelligence artificielle et, pĂȘle-mĂȘle, la possibilitĂ© dâune guerre nuclĂ©aire, le rĂ©chauffement climatique, les virus issus de nos manipulations gĂ©nĂ©tiques, peuvent nous faire basculer dans le nĂ©ant beaucoup plus tĂŽt que prĂ©vu, dĂšs les siĂšcles prochains. Selon Stephen Hawking, lâespĂšce humaine est en danger car la catastrophe est sur le point de se produire. Elle arrivera peut ĂȘtre dans quelques centaines dâannĂ©es, un battement de cil Ă lâĂ©chelle de lâhumanitĂ© et du monde ! Alors que la sociĂ©tĂ© du futur pourrait ĂȘtre aseptisĂ©e, apaisĂ©e et domestiquĂ©e grĂące aux technologies toujours plus Ă©voluĂ©es, ces derniĂšres pourraient surtout finir par nous dĂ©truire. Hawking affirme que nous serons responsables de la fin de lâhumanitĂ©. Une fois que les humains dĂ©velopperont une intelligence artificielle, elle prendra son envol et se remodĂšlera elle-mĂȘme de plus en plus rapidement. Les humains, qui sont limitĂ©s par des fonctions biologiques lentes, ne pourront rivaliser et seront dĂ©passĂ©s ». Source The Independent Lâastrophysicien suggĂšre dâaller coloniser dâautres planĂštes, et rapidement! IdĂ©alement, il faudrait rester dans le systĂšme solaire et la premiĂšre candidate est bien sĂ»r Mars. Un processus de colonisation extra-terrestre qui prendrait environ un siĂšcle. Dâici lâachĂšvement de cette colonisation, il y aurait donc des annĂ©es trĂšs, trĂšs dĂ©licates selon Stephen Hawking mĂȘme si tout nâest pas perdu, loin de lĂ . Il a malgrĂ© tout foi en lâhumanitĂ© et en son instinct de survie. La plupart des menaces qui nous guettent dĂ©coule de nos progrĂšs scientifiques et technologiques. Nous nâallons pas cesser de progresser, ou faire marche arriĂšre, câest pourquoi nous devons regarder en face les dangers qui arrivent et apprendre Ă les contrĂŽler. Je suis optimiste, je pense que nous pouvons y arriver. » Il est important de sâassurer que ces changement iront dans la bonne direction. Dans une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, cela veut dire que tout le monde devra maĂźtriser les fondamentaux de la science pour faire des dĂ©cisions informĂ©es qui auront un impact sur lâavenirâ. Source The Telegraph Photo dâillustration / Pixabay Nous serions donc les premiers extra-terrestres, en attendant que ceux qui existent probablement ailleurs dans lâUnivers nous donnent signe de vie comme le suggĂšre le paradoxe de Fermi lire cet article du CNRS, le paradoxe de fermi et les extraterrestres invisibles ». Cette thĂ©orie, Ă©noncĂ©e en 1950 par un physicien italien laurĂ©at du Prix Nobel, pourrait se rĂ©sumer ainsi Sâil y avait des civilisations extraterrestres, leurs reprĂ©sentants devraient ĂȘtre dĂ©jĂ chez nous. OĂč sont-ils donc ? » Lâune des explications du paradoxe de Fermi, selon certains chercheurs, serait que toute civilisation extraterrestre trĂšs avancĂ©e technologiquement et donc dotĂ©e dâarmes de destruction absolue, nuclĂ©aires ou autres en viendrait inĂ©luctablement Ă sâautodĂ©truire avant dâatteindre dâautres mondes dans lâunivers⊠Pour tout comprendre, regardez cette vidĂ©o Ă©ducative ludique et trĂšs complĂšte sur la question 5 mn en anglais sous titrĂ©e en français
FSV3. j0muzapu25.pages.dev/416j0muzapu25.pages.dev/45j0muzapu25.pages.dev/211j0muzapu25.pages.dev/194j0muzapu25.pages.dev/854j0muzapu25.pages.dev/768j0muzapu25.pages.dev/410j0muzapu25.pages.dev/157j0muzapu25.pages.dev/590j0muzapu25.pages.dev/279j0muzapu25.pages.dev/413j0muzapu25.pages.dev/947j0muzapu25.pages.dev/591j0muzapu25.pages.dev/820j0muzapu25.pages.dev/935
l homme peut il se passer de la religion